Je ne sais pas si j’en ai fait un moyen de défense, mais j’ai tendance parfois à ne pas être vite vite. Alors que je sais être une femme intelligente, ayant de la répartie, réagissant au quart de tour, il m’arrive de réaliser « à retardement » certains trucs. Peut-être est-ce une stratégie que mon cerveau a mis en place « dans mon dos » pour m’éviter encore plus de souffrances ou de débordements.

J’ai connu quelqu’un dans les derniers mois qui n’a jamais eu de statut dans ma vie (il en a un vrai de vrai officiel de par les fonctions qu’il occupe au boulot), mais entre lui et moi, nous n’avons jamais pu mettre d’étiquette à notre pseudo-relation. Je suis une femme de mots, j’adore les mots J’ai une soif de mots plus grande encore que ne l’est mon besoin en eau. J’en utilise certains avec finesse alors que d’autres n’ont pour but que de décoiffer. J’aspire même à rivaliser avec Le Petit Robert un jour. Pourtant, aucun mot n’arrive à définir ce que nous n’avons pas été ensemble.

Comme il n’y a pas de nom pour définir ce qui nous a réunis, je le ferai à l’envers; je défilerai ce que nous n’avons pas été pour l’un pour l’autre, l’un avec l’autre. Je tanguerai parmi les non-dits, les non ressentis…

Nous ne sommes pas amants, puisque des amants partagent plaisirs charnels et fantasmes sexuels, mais rares sont les fois où nous nous écartons ensemble. Le peu de fois où ça nous est arrivé, j’ai pris mon pied et lui aussi, mais encore là, c’était assez bizarre. Très « weird » même en y repensant. Nous avons touché, goûté, donné des orgasmes à nos corps, mais rares sont les fois où nous avons pratiqué le coït. Je crois même que ça ne nous est arrivé qu’une fois en plusieurs mois (interrompu en plus, le coït dois-je mentionner). Il disait que le condom l’empêchait d’atteindre l’orgasme et que comme sa vie sexuelle des dernières semaines/jours n’était pas sécuritaire, il avait peut-être chopé un truc et préférait qu’on évite de jouer à « papa dans maman ». Il ne ramenait pas de condom, ou n’en avait pas, dans le but de nous éviter la tentation, disait-il. Beiiiiiiiiinnnnnnnn oui… En y repensant (pas vite-vite je l’ai dit plus haut), ça ne tient pas la route. Franchement, nous pouvons attraper une ITS en faisant l’amour oral aussi…

Nous n’aurons jamais été amoureux puisque dès le départ, il m’a fait savoir que je n’étais pas son genre de fille. Qu’il ne pourrait jamais tomber amoureux d’une femme comme moi! Donc il n’aura jamais été amoureux de moi… Pour ma part, je sais que si je m’étais laissée aller, j’aurais facilement pu tomber amoureuse de lui. J’avais des chenilles qui me parcouraient le ventre en ne demandant qu’à se transformer en papillons. J’aurais pu l’aimer sainement, de façon à nous faire grandir l’un et l’autre. Je le sais puisque je sais maintenant qui je suis, le genre de relation que je souhaite avoir et le genre d’homme avec qui j’ai envie de vibrer. Mais bon, l’amour, ça ne se commande pas et j’en sais quelque chose…

femme couchée seul litSource image : Unsplash

J’ai aussi constaté qu’il n’était pas mon ami. L'amitié est saine et réciproque. L’amitié c’est partager de bons moments, mais aussi être là pour l’autre quand ça va moins bien. En amitié, on refait le monde parfois et la fois suivante, on cherche juste une épaule sur laquelle pleurer. J’aurai eu besoin de lui une fois; de son écoute, de la sécurité que m’aurait procuré une nuit à dormir à ses côtés, sans sexe, ni rien. Seulement dormir en sachant que je pouvais fermer les yeux et que rien ne m’arriverait… Mais il n’a pas voulu... J’étais assurément au plus mal de toute ma vie et il a refusé de cautériser mon hémorragie en changeant ses plans pour m’accompagner dans ma peur.

J’avais beaucoup de peine, j’avais besoin de réconfort, de sécurité, d’être écoutée et rassurée... Il a refusé… Il m’a laissée en larmes, découragée et apeurée le soir où je lui ai demandé de l’aide, mais aussi, il n’a même jamais daigné prendre de mes nouvelles le lendemain ou à aucun autre moment. Je l’ai vécu comme si je me préparais à aller au front défendre mon pays, et qu’au moment où j’avais eu besoin d’encouragements, il avait manqué à l’appel et ne s’était ensuite jamais informé à savoir si j’avais péri sous les balles ou si j’étais encore en vie… Alors que plusieurs fois avant je l’ai écouté, rassuré, encouragé, que je l’ai vu pleurer et l’ai soutenu; la seule fois où je lui ai demandé d’être présent pour moi, il a dit non...

Il n’a donc jamais été mon amant, mon amoureux, ni même mon ami… Il n’aura fait que profiter de mon corps, de mon cœur et de mon esprit. Il n’a jamais désiré MON corps. Il voulait un corps avec qui s’envoyer en l’air. Il aura sorti de son jeu les cartes qu’il savait gagnantes auprès des femmes pour charmer un cœur; il aura feint de s’intéresser à moi, aura fait semblant de s’intéresser à ce que j’écrivais, m’aura fait croire qu’il me trouvait jolie. Il n’en était rien… Il ne me disait que ce qu’il savait que j’aurais plaisir à entendre. Il n’avait besoin en fait que d’une femme avec qui baiser, qui l’aura apprécié voire même qu’il aura ébloui de faux-semblant. Parce qu’il est toujours en constante recherche d’admiration. Il a besoin qu’on l’adule, le trouve beau, l’écoute, il vit pour être le centre d’attention. Quitte à briser les gens autour en profitant de leur naïveté.

J’ai eu besoin de lui une fois pour qu’il me console, me prenne dans ses bras et me réconforte; il n’a pas été là. Il a eu besoin de moi plusieurs fois pour du cul, pour que je l’encourage et l’écoute, pour que je lui donne confiance en lui et l’aide à s’aimer; chaque fois, j’y étais.

Je n’aurai pas eu de signification ou de titre dans sa vie (maîtresse, amoureuse, amie, collègue). Mais il aura joué un rôle éloquent dans la mienne; il m’aura appris qu’il y a certaines personnes qui ne font que prendre le meilleur de nous, mais qui sont incapables de donner en retour. J’ose aussi espérer pour ses filles qu’aucun homme ne se servira d’elles comme il utilise les femmes gravitant dans sa vie. Parce que ça reste poche de faire profiter de nous…

Source image de couverture : Unsplash
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