J'étais très impatiente de voir cette troisième version. J'avais vraiment hâte. Je me demandais si elle serait un parfait complément des autres ou serait réellement aux antipodes. Je peux vous dire que je suis passée par diverses émotions, du rire aux larmes en fait, en assistant à la dernière représentation d'Antigone au théâtre Espace Libre.
Lyndz Dantiste: une performance étonnante
Pour commencer, il y avait quelques longueurs. J'imagine que l'artiste voulait nous plonger dans une ambiance africaine. Mais, j'avoue que lorsque l'on présente les traditions africaines essentiellement par le biais de rites tribaux, ça me dérange. Dans la mesure où c'est très réducteur selon moi. En revanche, le choix de la musique était agréable et Lyndz Dantiste a même chanté. Il a bien fait, il a une très belle voix. Donc, d'emblée c'était la surprise, car la mise en scène comme la manière de rendre le récit était complètement différente. Malgré ma déception première, je devais m'avouer que le comédien qui monologuait dévoilait peu à peu tout son talent.
Un comédien de grand talent
D'ailleurs, comment a-t-il réussi à nous faire rire avec une telle histoire? Si vous ne savez pas de quoi je parle, n'hésitez pas à lire mes articles sur les deux premières versions ici et là. D'emblée, on s'attend à être ému, bouleversé, choqué peut-être, mais je ne pensais pas que je rirais. Cet humour m'a plu, car cela a permis de briser une tension qui était franchement palpable, comme si tout le monde retenait son souffle. Je sais, c'est un peu contradictoire, c'est pourtant ce que j'ai ressenti. Il nous amenait allègrement entre le sourire, la stupéfaction et, finalement, oui les larmes. Je dis vraiment bravo à ce charmant artiste devant une telle prouesse. Ce qui était encore plus amusant était de le voir.
Source de la vidéo: Espace Libre
Jouer avec le public
Dès le début de la pièce, il était clair que Dantiste voulait surprendre le public. Je ne vous dirai pas pourquoi, il faut le voir pour le croire. Il vous reste deux jours pour en profiter. J'ai aimé le fait qu'il soit capable de sortir un peu de son rôle pour se tourner vers nous et nous faire réagir. Cette interaction était vraiment très plaisante. Par moment, certaines interventions tenaient presque de la parodie. C'est probablement ce qui m'a fait rire. Par contre, j'ai été bien plus émue par sa manière de se laisser aller complètement dans son interprétation.
Un abandon très touchant
Dans un premier temps, il incarnait complètement son personnage puis il se tournait vers nous, comme s'il voulait vérifier nos réactions. C'est très courageux je trouve, car cela peut être choquant de percuter les regards d'un spectateur. Il a bien tenu le choc. Et finalement, c'est cela qui m'a réellement touchée. Comme cet article clôture le sujet, je veux aussi saluer l'excellent travail des techniciens. Ils ont réussi à créer une ambiance incroyable grâce aux effets sonores et visuels. Tout un spectacle!
En conclusion
Quelle version ai- je préféré? La deuxième, pour des préférences au niveau de l'interprétation. Phillipe Racine m'a complètement bouleversée, son jeu était tout simplement poignant: lisez l'article, vous comprendrez mieux. Quant à Tatiana Zinga Botao, elle m'a impressionnée par sa capacité à modifier sa voix pour représenter les autres personnages. Mais en même temps, j'ai envie de considérer les différentes approches de Qui veut la peau d'Antigone? comme une seule et même grande œuvre. Alors, pourquoi les comparer après tout? Trois artistes décident de nous raconter une histoire mythique de leur point de vue. Je suis persuadée que leur personnalité transparaît également dans leur adaptation. Bravo à La Sentinelle d'avoir osé présenter ce projet audacieux. Ils montrent à tous leur talent. J'irai probablement voir leur prochaine pièce. Mais ça, c'est une autre histoire.