Je t’ai croisée l’autre jour entre deux commissions qui alourdissent ta charge mentale et je me souviens que tu étais pressée. Tu portais à ton poignet une montre désuète qui doit afficher «Je suis en retard» chaque fois que tu la regardes. Je voulais te parler doucement, mais toute ma douceur était comme aspirée par le trou noir que ton quotidien creuse autour de toi. J’ai préféré te laisser partir.  Te laisser courir vers le prochain trop de ta journée trop chargée et ne pas devenir un trop moi aussi.

Tu te démènes avec l’énergie du désespoir pour que les jours défilent rapidement sur ton calendrier. Tu survis grâce au pilote automatique et tu ne sais pas à quand remonte la dernière fois que tu as vécu un moment de pleine conscience en concordance avec tes besoins. Même les activités que tu fais pour te faire du bien ne te font plus rien et tu te forces à les faire juste par principe. Ce n’est pas toi qui vas courir le matin, c’est l’enveloppe corporelle qui sert à te porter et à laquelle tu imposes des performances qui respectent zéro ton toi contextuel.

résilience

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Tu es fatiguée. Tu es épuisée. Tu fais ta liste d’épicerie dans tes rêves. Ta conscience a pris le contrôle de tout le reste et la déprime accompagne tous tes couchers. La fin de cette spirale infernale te semble inexistante et tu perds ton identité dans le chaos qui fait rage hypocritement autour de toi. En apparence, tu gères, c’est vrai. Ton appartement sent le M. Net, tu es toujours partante pour des heures supplémentaires et tu t’entraînes cinq fois par semaine. 

Mais tu as le cœur qui se compresse et la tête qui implose. Tu a atteint tes limites.

Prends donc une pause.

C’est facile à dire, je sais. Pendant cette pause, il y a 100% de chance que tout cesse de fonctionner et que les conséquences soient dramatiques. Comment le monde peut-il continuer à tourner sans toi qui pédales pour que ça bouge? La vérité, c’est que le monde va continuer à tourner sans toi, je te le jure.

Tu as les poches pleines de roches de résilience que tu laisses traîner là. T’es forte comme le soleil, tu te débrouilles toujours dans tout. Tu as ramassé ces roches-là sur le chemin qui t’a menée jusqu’ici et elles sont précieuses comme des diamants. Ces roches et cette résilience sont la preuve que tu as des habiletés uniques qui vont te guider encore longtemps. 

résilience liée au surmenage

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Assieds-toi trente secondes, un jour ou même deux semaines. Prends le temps de prendre le temps, avant qu'il décide de virer de bord et s'en aller. Tu ne finiras pas ton programme dans le délai invisible que tu t’imposes? Ce n’est pas grave. Ça ne sert à rien de courir à sa perte, il faut parfois marcher vers sa réussite. Le ménage ne sera pas fait cette semaine? Tout le monde s’en fout, tu n’es pas la vedette d’une émission art de vivre à Canal vie. 

Tout ça pour dire que tu as le temps de faire les choses à ta manière, à ton rythme. C’est important. Ta santé mentale est importante. Plus que n’importe quel job ou n’importe quelle tâche ménagère. Écoute ton corps qui te crie de ralentir. Délaisses-toi de quelques roches. Fais un peu d'espace dans tes poches de résilience et prends le temps de vivre. 

Quand tu iras mieux, lève-toi tout doucement. Ramasse une ou deux nouvelles roches au passage et continue ton chemin plus lentement. 

Je te jure que ton âme va te remercier, et la prochaine fois que je te croiserai, on prendra le temps d’en jaser. 

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