C’est un blogue ici, je veux dire, par définition. Pas qu’on aime traiter Le Cahier comme un journal intime nécessairement, mais on adore que notre v a s t e équipe de collabos nous racontent leurs expériences personnelles parce que tellement de lecteurs-lectrices s’y retrouvent et réalisent que leur expérience est partagée. C’est juste le fun ! Ça nous rend moins tout seul on dirait. Que ça aille pas super bien, très mal, ou qu’on pète le feu, c’est toujours un baume de lire les mots rassurants d’une personne qui traverse ce que tu traverses aussi. L’écriture, c’est un bel exutoire et un exercice qui permet de coucher tes idées et de les organiser pour t’éclairer un peu.

En mai, j’étais vraiment au bout de mon petit rouleau. Sans faire une boutade de papier toilette et de COVID, je suis arrivé au dernier carré de ma patience légendaire et j’étais dû pour un clean break. Ne vous méprenez pas, je suis encore à boutte, mais j’ai la grisante sensation d’être redevenu le personnage principal depuis ce moment-là. Et ce, même si Co-Star me rappelle chaque jour de slacker un peu.

Je prends les journées une par une, je suis beaucoup plus spontané dans tout ça et je suis beaucoup plus souriant. Je sais que ce clean break n’est pas si clean et que c’est un long processus de découverte personnelle. La fin vingtaine me rattrape et je commence tranquillement à penser aux prochaines années de ma vie de trentenaire. Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je n’ai pas fait ? Qu’est-ce que je garde, qu’est-ce que je laisse ? C’est quoi ma place ? Est-ce que c’est mon histoire ou je ne suis que le soutien dans les histoires des autres ?

Je choisis pour moi-même, ce n’est pas nouveau du tout, mais depuis pas trop longtemps, j’ai plus de mordant et je me pousse plus. Je suis plus à l’écoute de l’émotion que de la raison. Pas de peur des représailles et des conséquences, on garde la tête baissée et on fonce.

J’avais oublié comment c’était avant

J’imagine que mes problèmes de mémoire entrent vraiment en ligne de compte ici, mais c’est comme si j’avais à 200 % oublié comment tout pouvait devenir une aventure, que de dire oui spontanément mène à dire oui à d’autres choses et de fil en aiguille, BAM ! Tu te réveilles le lendemain avec une histoire à raconter.

Mais maintenant qu’il se passe des affaires, que des opportunités sont offertes sur des plateaux d’argent et qu’un nouveau vent de liberté souffle sur mes petites journées, il me semble que le plus chaud été qu’on aura connu va aussi être le plus vivant. Chaud bouillant. 

Explorer de nouveaux endroits, faire des rencontres incroyables, se gâter sans ménagement. Juste faire des affaires qui feraient une bonne story Instagram.

Comme un livre

On dirait, du moins de mon point de vue, que tout le monde est en train de dégeler et de relancer sa propre machine. Je ne suis pas spécial, j’ai fait comme tout le monde : je me suis séparé, je suis parti en voyage et j’ai placé une commande à la SAQ pour du vin nature. Je suis heureux pour tous ceux qui m’entourent et qui retrouvent peu à peu leur mojo et leur magie d’antan. Juste une gang de personnages principaux dont les livres sont bien cordés sur les tablettes de la même bibliothèque.

J’ai fait la rencontre d’un vrai personnage principal autour de Pâques. Ça a beaucoup donné le ton aux plus récentes pages et aux prochaines aussi. Tsé, le genre de personne qui a des histoires abracadabrantes à conter que lorsque tu en parles aux gens, ça te donne l’air d’avoir un ami imaginaire. Une personne trippante, pleine de surprises, mais aussi intangible qu’un chat sauvage de Marjo. Ma version personnelle de la manic pixie dream girl.

Un élément déclencheur peut-être ? Plus de questions que de réponses ici. Je me sens tout de même comme Carrie Bradshaw, en étalant mes niaiseries sur internet, parce qu’elle était la star de son show au final.

Ça fesse vraiment différemment, comme changement de perspective. Ma narration intérieure est revenue avec le soleil. Carence en vitamine D ? Peut-être, ou peut-être que c’est un innuendo… Mais ce point de vue en temps réel, c’est comme si plutôt que d’écrire le livre comme je crois qu’il devrait être rédigé (je suis un peu control freak), je me contente de le lire et je me laisse surprendre à chaque page qui se tourne.

Est-ce que ça s’arrête à l’automne ?

Même si je suis sur mon nuage à moi, j’ai quand même des jours de grisaille, faut pas faire semblant que tout est couleur arc-en-ciel juste parce que c’est Pride Month. Un high n’est pas supposé être éternel. Mais j’ai compris rapido presto comment saisir ce sentiment léger et de ne pas m’en faire pour le lendemain. Pas d’enfants, pas d’hypothèque et pas de souci. Rien à perdre, tout à gagner.

Une fois que l’eau aura coulé en dessous de mon pont trois fois, que je serai en pyjama à la maison en novembre prochain et que je serai un peu emo, je sais que je vais avoir une couple de chapitres sur lesquels poser une réflexion avant de me lancer dans les prochaines aventures. Un hiver à Rome ? Un bébé chien ? Un tatouage dans la face ? On décidera rendu là, une chose à la fois.

Image de couverture par Patrick Tomasso
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