Bonjour, je m'appelle Emmanuelle et j'ai perdu ma virginité à 25 ans.

D'ailleurs, homme de mon passé, si tu lis ce texte et que tu te reconnais, salut. Sache que je ne regrette pas du tout de ne pas te l'avoir dit. Et, rien contre toi, mais je suis contente que rien de plus sérieux ne se soit passé entre nous.

Maintenant que c'est réglé, j'aimerais démystifier quelques petites choses.

En premier lieu, la virginité est un concept misogyne et dépassé. Dans le contexte social d'aujourd'hui, il n'a pas de raison d'être. Dans la grande majorité des foyers au Canada, la pureté de la femme n'a pas à être garantie par son père et remise à son mari. La virginité est donc simplement le fait de n'avoir jamais eu de pénis dans le vagin ou de ne s'être jamais trempé le pinceau. Une définition très hétéronormative, il va s'en dire. Comme la pénétration n'est pas nécessaire pour avoir une relation sexuelle ou amoureuse, le concept de la virginité est sans aucun doute à revoir ou à écarter complètement.

En second lieu, perdre sa virginité ''sur le tard'' n'est pas problématique et ne vient pas avec une justification. Ce n'est pas nécessairement parce que tu as des croyances religieuses, que tu veux attendre pour le bon, que tu as peur que ça fasse mal, que tu n'es pas à l'aise avec ton corps, que tu n'es pas certain de ton orientation ou de ton genre, que tu es trop prude, que tu es toujours la personne friendzone, que tu as besoin d'être amoureux, que la sexualité te dégoute ou que tu as fait un pari avec tes amis qu'il fallait absolument que tu perdes ta virginité le soir de la graduation et que ça n'est pas arrivé finalement.

Et si une ou plusieurs de ces raisons en est la cause, c'est 100% correct et valide! L'important, c'est qu'il ne faut pas juger ou assumer quoi que ce soit. Des fois, il n'y a juste pas de raison.

C'est mon cas.

Ma virginité tardive est simplement une histoire d'occasion manquée.

Après être sorti au Café Campus, l'ami du grand frère à mon ami (je vous laisse une seconde) voulait me ramener chez lui. Mon sac pour la nuit était chez mon ami à l'autre bout de la ville. J'ai refusé. Ce n'était pas pratique. Une occasion manquée.

Après une soirée arrosée où nous avons rencontré quelques touristes en vacances, un bel Irlandais s'est retrouvé dans mon lit. Nous avions tous beaucoup bu et il a eu un souci de performance. Il m'a ensuite avoué penser encore beaucoup à son ex et il est parti. J'ai pleuré un mini peu. Deux occasions manquées.

Une blind-date avec le coloc d'un ami. Il ne m'attire pas du tout, mais il est gentil. Il me doigte dans la ruelle derrière chez moi. Il me demande s'il peut monter. Je choke. Je ne veux pas que ça se passe comme ça, avec lui. Dans ces cas-là, il faut tellement s'écouter. Ce que j'ai fait. Trois occasions manquées.

Un party à mon appartement avec des amis d'Université. Il est là. On est saoul. On s'embrasse. Il va m'attendre dans mon lit. Ses amis décident de partir et lui crient de la rue de s'en venir, réveillant tout le quartier. Il part sans trop comprendre ce qui se passe. Quatre occasions manquées.

Finalement, jour de l'an. Le même idiot du party précédent. Il débarque un peu après minuit. Il semble complètement aveugle à toutes mes avances faites sans subtilité aucune. Au conseil d'un de mes amis, il va se coucher dans mon lit, une nouvelle fois. Finalement, ça se donne. J'ai du sexe pour la première fois. J'étais dans un endroit où je me sentais confortable. Je désirais la personne avec qui j'étais et vice-versa. C'était mon moment et c'était bien.

C'était chose faite ; j'avais eu du sexe.

Pas d'orgasme au rendez-vous, mais le plaisir était là. Pas cent positions différentes, mais ce n'est pas toujours nécessaire de show-off que tu as lu le Kamasutra en cachette dans ta jeunesse. C'était simple et intime, mais il n'y avait pas de set-up romantique comme dans les films. C'est juste...arrivé.

IMPORTANT : Il n'y a pas de honte à en parler.

Je me rappelle que ma plus grande peur, c'était que mon secret sorte. Que quelqu'un se rende compte que j'étais une impostrice lorsque je riais à des blagues grivoises. Que quelqu'un voit à travers mon jeu et l'annonce à toute la populace. Ma honte au grand jour, à la une de tous les journaux.

En bout de ligne, on s'en fout. Si quelqu'un a un problème avec le fait que tu n'aies pas eu de sexe, cette personne a besoin de revoir ses priorités. Si les gens te jugent sur si tu as eu un pénis dans ton vagin ou non, laisse-moi te dire qu'ils ne volent pas très haut. Tu as les mêmes qualités, vierge ou pas. Tu aimes les mêmes choses, vierge ou pas. Tu es incroyable, vierge ou pas.

Alors, chère Société avec un grand S, non, voici ma réponse à ta réaction. Non, ce n'est pas surprenant. Oui même à tel ou tel âge. Ce n'est pas grave. Ce n'est pas étrange. Et surtout, surtout, ça ne définit absolument pas quelqu'un. Il ne devrait pas avoir d'âge ''normal" pour le faire. Il ne devrait pas y avoir de slut-shame pour ceux et celles qui l'ont fait de bonne heure. Ce que tu dis ou penses, Société, est terriblement obsolète. C'est moi qui décide.

En effet, tu as le contrôle.

C'est toi qui décides l'importance que tu veux donner à ce moment-là. Seulement toi. Alors ne te mets pas trop de pression. Tu seras probablement l'exacte même personne avant et après. Encore une fois, ça aussi, c'est toi qui décides.

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