Traumavertissement : violence conjugale, dépression
Il y a des matins comme ça… Pas tant, mais quand même. Des matins où tu te sens si seule que tu te dis que tu aurais dû continuer à accepter d’en manger à « frette par en arrière » pis à te faire frapper au point de devoir mentir en disant que tu es tombée dans les marches. Encore… Des matins où tu pleures à t’en fendre le cœur tellement tu te sens seule au monde. Où tu réalises que tu es seule au monde. Des matins où tu as juste envie de te coller à ton petit, mais où tu ne peux pas parce que tu as décidé de mettre fin à une violence si grande qu’elle t’a brisée en dedans, mais que ce faisant, tu n’es plus tout le temps avec ton mini.
Des matins où tu réalises que tu n’es pas guérie comme tu le pensais et où tu comprends que tu ne guériras jamais complètement. Des matins où tu te demandes si ça vaut la peine de continuer la vie ou si ça ne serait pas juste plus simple de l’arrêter. Parce que t’es juste trop fatiguée. Parce que tu ne vois pas le jour où tu seras heureuse pour vrai. Tu ne vois pas le bout. Un marathon c’est long, mais tu sais quand il finit. Mais toi, tu cours dans le désert et tu ne sais pas s’il y a un fil d’arrivée. Ça fait si longtemps que tu es partie que t’en es rendue à trotter tellement t’es épuisée.
Parce que c’est pas si facile de sourire. D’être hop la vie. D’être un rayon de soleil dans la vie de tout le monde. Le genre de fille qui répand la bonne humeur, celle avec qui tout le monde a envie de passer une soirée, d'organiser un souper, de prendre un café… Celle avec qui on a envie de tripper, de baiser… Mais tu n'es plus ce genre de fille parce que tu traînes un bagage trop lourd, trop laid.
Mais ces matins là où ton lit est trop grand pour toi, où t’aimerais avoir une main à prendre, mais que tu es seule, tu les trouves de plus en plus difficiles. Alors tu cherches, en pleurs, quelqu’un à qui parler. Mais parfois tu trouves personne, parce qu’il est trop tôt et que tout le monde dort ou trop tard et que tout le monde bosse. Donc, tu t’assois par terre dans la douche avec l’eau aussi chaude que ton corps peut le supporter. Parce que t’espères que la chaleur apaisera tes larmes. Parce que c’est la seule chose que t’es capable de faire.
T’as peur, mais t’as pas le droit de la ressentir cette peur. Tu ne te donnes plus le droit. Parce qu’à partir du moment où tu as décidé de changer de vie, tu t’es interdit d’avoir peur encore. La peur faisait partie de ton ancienne vie, maintenant c’est derrière toi. Alors quand une boule te prend au ventre, tu hurles par en dedans pour la faire fuir.
Au fond, dis-toi que ces matins-là finiront par passer. Parce que tout passe, tout part. Ferme les yeux pis compte. Ne compte pas les moutons, mais les bonheurs. Ceux que tu réussis à grappiller à la vie. Pense à ceux que tu aimes pis aime-les encore plus fort. Et dis-toi que t’es pas toute seule dans ton désert. Les autres, tu les vois juste pas…
Si toi aussi tu te sens comme ça, trouve de l'aide ici et ici.