J’ai perdu mes repères… Je me retrouve aujourd’hui laissée à moi-même sans rien à quoi me raccrocher, dans le vide. Tel un cerf-volant à la corde rompue…  À la différence que je suis pour ma part paralysée au sol, n’arrivant plus à bouger.

Ce n’est en rien un passage vers l’ailleurs. Le deuil d’une relation ou de quelqu’un. Mon marasme est bien plus grand encore. Je n’arrive à me raccrocher à rien d’autre qu’à la veste d’un ami qui ne faisait même pas partie de ma vie il y a six mois. Rien de solide dans le temps donc…  Je garde sa veste à portée de main, prête à y plonger mon nez ou mon corps.

Quelques fois par jour je me surprends à ne pas m’être encore échouée. Je me demande ce qui arrivera à m’achopper… À arrêter ma course pour un temps, ou pour tout le temps… Malgré le fait que j’ai l’âge que j’ai, je me sens comme un nouveau-né ne sachant ce qui s’en vient. Mais où sont donc les visages que j’affectionne? Où sont les mains qui ont tenu les miennes par le passé? Je ne reconnais plus personne…  Est-ce ainsi la vie? On se réveille un matin et on se retrouve seul? Ou alors on se sent seul?

J’ai assurément tenté de combler le trou béant originel de mon cœur en fabriquant plusieurs petits humains. Mais le fossé est toujours présent. Je dirais même qu’il prend de plus en plus d’espace. Tant et si tant qu’il m’absorbe aujourd’hui. Est-ce dû au fait que mes petits sont devenus grands? Qu’ils n’ont plus besoin de moi? Ou simplement que je ne sens plus que je suis nécessaire à leur bonheur.

Quand je regarde autour de moi, tous ceux qui semblent heureux, comblés, sont par deux. Est-ce le secret? La façon de combler le vide? Pourtant j’ai la conviction d’être capable de m’épanouir, vivre, voler seule… Pourquoi alors tous ceux qui m’entourent vivent en fonction de leur moitié? Pourquoi encore aujourd’hui nous galvaudons-nous de la sorte? De nommer l’autre sa douce moitié ne signifie-t-il pas que nous sommes incomplets ou inachevés? Pourquoi est-ce que le couple est la pierre angulaire de l’humain? Comme si nous n’arrivions pas à nous épanouir seuls. C’est triste… Si triste…

fille profile seule champs videSource image : Unsplash

La famille dans laquelle nous naissons représente longtemps notre fondation. Notre rempart contre l’univers entier... Je n’ai qu’à fermer les yeux pour sentir la chaleur de la maison de mon enfance m’envelopper. Le soleil qui pénètre dans ma chambre de petite fille me réchauffe le visage et le corps, le tapis si doux chatouille mes orteils et je sais que je n’ai qu’à me lover sur mon lit pour me sentir en sécurité, à MA place.

Mais pourquoi alors quand je me retrouve dans cette même chambre je n’arrive plus à retrouver ce sentiment de quiétude? Pourquoi est-ce que je suis incapable de combler ce gouffre d’incertitude?

Jamais je ne me suis sentie aussi seule... Malgré le fait que j’aie ma ribambelle d’enfants, ma famille et mes amis. Je crois même avoir rencontré un potentiel amoureux... Mais pourquoi alors est-ce que LE moment où je me suis sentie en paix dans les derniers jours, voire les dernières semaines, est lorsque Jennifer (ma peintre) m’a prise dans ses bras? Je ne la connais que depuis trois jours et pourtant elle m’aura offert un bien être, inattendu en m’offrant ce réconfort. Alors que je suis bien entouré, que d’autres m’aient serré contre eux, pourquoi est-ce seulement ses bras qui m’auront apaisée?

Poser la question c’est y répondre. Et c’est bien la seule réponse assurée que j’aie en ce moment. Jennifer est enracinée dans le moment présent. Avec elle, ni hier, ni demain… Que le moment présent… Et si la réponse à toutes les questions du monde était dans l’instant présent? Ne vivre que le maintenant me plait bien comme réponse universelle. Elle me rappelle sagement ce que Buddha aura tenté de partager sa vie durant… Vivre l’instant même, passionnément, intensément, indéfiniment…

Source image de couverture : Unsplash
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