Traumavertissement : violence psychologique, violence physique, violence conjugale

Après mon bad trip à l'hôpital en compagnie de ma meilleure amie, j'ai eu comme un déclic. Mon chum était toxique sur tous les points de vue, pas seulement sur sa consommation de cannabis. Il nous avait donné une dose de THC assez élevée pour assommer un ours, mais cela n'avait pas l'air de le préoccuper plus que ça. Pour un potteux égocentrique comme lui, ce qui m'était arrivé n'était pas si grave que ça, alors que moi, ça m'a solidement ébranlée.

Je m'étais décidée à rompre avec Tony. J'aurais dû le faire après notre première année de relation, mais j'ai ignoré tous les drapeaux rouges parce que j'étais encore amoureuse de lui et j'étais accro à notre relation, ou plutôt à l'idée que je m'en faisais. Je ne voulais plus être avec un gars au tempérament explosif qui accordait plus d'importance à sa consommation de cannabis qu'à moi. Sa consommation faisait ressortir le pire chez lui. Il m'a fallu encore quelques semaines après ma mésaventure à l'hôpital et le soutien indéfectible de ma meilleure amie Tess pour trouver la force de verbaliser mon désir de mettre fin à ma relation avec Tony.

Le soir venu, Tony me reconduit chez moi. Notre relation est dans un creux depuis un certain temps et nous le savons tous les deux. Je tâte le terrain en abordant la question de notre relation et comment celle-ci ne me rend plus heureuse. En fait, je n'ai jamais été aussi malheureuse. Il semble voir venir ce qui s'en vient, l'air perplexe. On est arrivés devant chez moi. Je réussis enfin à articuler les mots reflétant ma volonté «Je ne veux plus qu'on soit ensemble. Je veux qu'on se sépare.» Il explose. Je l'avais déjà vu péter les plombs à plusieurs reprises, mais jamais avec une telle fureur. Il voit rouge et commence à frapper ardemment le volant de sa voiture. De plus en plus bouillant de colère, il se met à se frapper le visage en criant.

C'est à ce moment-là que je me mets à avoir peur de lui. Je décide d'en finir et je sors de la voiture pour rentrer chez moi. Ensuite, il se précipite hors du véhicule pour aller vers moi et tenter de me convaincre de renoncer à ma décision. «APRÈS TOUT CE QUE J'AI FAIT POUR TOI ! APRÈS TOUT CE QU'ON A VÉCU !» me crie-t-il en plein milieu de la rue devant chez moi. Il ramène nos bons moments sur le tapis, il ne comprend pas ma décision, mais je refuse de céder à son chantage émotif. Je lui réponds un bref, mais ferme «Je rentre Tony». Avant que je puisse me distancier de lui, il me crie une dernière lance «VA CHIER !», puis me crache dessus.

Wow. Bravo champion. Ce geste de violence suffit à me faire craquer et je commence à pleurer toutes les larmes de mon corps en refermant derrière moi la porte d'entrée de ma maison. Ma mère est dans le salon, elle me voit en pleurs et me demande ce qui se passe. «J'ai cassé avec Tony», lui dis-je le visage boursoufflé et le souffle court. On s'assoit ensemble sur le sofa et elle me prend dans ses bras en me rassurant. Je n'ai pas le temps de ressentir un certain apaisement quand Tony fait le piquet devant la fenêtre de ma maison. Il appelle sans cesse sur mon téléphone à domicile et mon cellulaire. 5 fois. 10 fois. 15 fois. Il n'arrête pas. La sonnerie du téléphone fixe est assourdissante. Il veut me mettre la pression pour que je retourne dehors lui parler.

Ma mère, abasourdie par son comportement ignoble, continue de me rassurer et m'encourage de continuer à l'ignorer. T'aurais dû appeler la police ! Je sais. Avec le recul, je repense à la scène et je me dis que j'aurais dû en effet appeler la police. Je ne sais pas pourquoi je ne l'avais pas fait. Je pense que j'étais trop sous le choc de la brutalité de ma rupture pour réfléchir de façon rationnelle. J'aurais dû appeler la police, j'aurais dû le bloquer sur mon cellulaire et mes réseaux sociaux, j'aurais dû, j'aurais dû…Tony finit par partir. Mais les jours suivant, il me bombarde de messages textes.

C'est fou pareil ce que nous les femmes tolérons par amour. Le pire dans tout ça ? Moins d'une semaine après notre rupture, je m'ennuyais encore de lui. Après tout ce qu'il m'avait fait, je ressentais tout de même le vide qu'il laissait dans mon cœur. Je n'étais pas capable de tolérer la solitude. Alors j'ai accepté de le revoir en pensant bêtement que nos problèmes disparaîtraient. On s'est remis ensemble parce que tous les deux aimions mieux souffrir ensemble que seuls. Ouain, méga gigantesque ark.

Toutefois, cette réunion fut de courte durée. Environ deux semaines à la suite de notre réconciliation, je lui ai texté que je voulais définitivement mettre un terme à notre relation. J'ai fait cette seconde rupture à distance, car je ne voulais pas risquer une autre altercation violente. À mon grand étonnement, il était d'accord lui aussi. Il réalisait enfin à son tour que notre relation ne fonctionnait plus. Je ne sais toujours pas à ce jour s'il réalise à quel point il était un chum toxique ou si son comportement était plus que problématique. Rendu là, je m'en fous. Il n'est plus mon problème. J'espère juste qu'il n'est plus comme ça avec les filles qui ont passé après moi.

Tranquillement, j'ai apprivoisé une nouvelle solitude. En fait, cette solitude était devenue ma libération. Plus de drame ! Plus de cannabis ! Plus de chum toxique ! J'étais libre à nouveau et je sentais un énorme poids en moins sur mes épaules. Je suis tombée en amour avec ma liberté et mon indépendance.

Par moments, je m'ennuie de certains aspects de ma relation avec Tony, comme l'espoir d'un futur ensemble. Braver l'incertitude de l'avenir fait moins peur à deux, c'est sûr. Par contre, je ne m'ennuierai jamais des crises de colère, de l'égocentrisme, du cannabis, des crises de jalousie, des humiliations de ce genre, de l'isolation sociale, des comportements problématiques déguisés en compromis. J'ai parfois des flashbacks des choses qu'il m'a dites ou faites, et ça me fait grincer des dents. Ark ! Voir que j'ai toléré ça ! 

Aujourd'hui, je savoure ma liberté et je tiens à mon indépendance comme à la prunelle de mes yeux. Tony m'a appris que je devais imposer mes limites et affirmer sans détour ce que je ressentais ou ce que je déteste. Je n'accepterai plus jamais de me perdre comme ça dans une relation. Hors de question. Même si cela veut peut-être dire faire cavalier seul pour le restant de mes jours. J'aime beaucoup trop mon nouveau poste de capitaine de ma vie.

Aucune femme ne devrait tolérer un Tony dans sa vie. Jamais. Sous aucun prétexte. Les gars comme Tony sont souvent des maîtres de la manipulation. On ne se rend pas compte tout de suite que leur comportement est inacceptable. Graduellement, ils repoussent nos limites pour toujours pousser la ligne de plus en plus loin, jusqu'à ce que nous-mêmes trouvions cela normal de se faire traiter de la sorte. Il ne faut pas avoir peur d'être seule ou sans amour. L'amour de soi est tellement plus précieux que l'amour d'un chum toxique.

En dernier lieu, j'ai un message pour les filles et les jeunes femmes qui pourraient être dans une relation avec un chum toxique : si vous n'êtes pas sûres si ce que votre chum fait ou dit est toxique ou même dangereux pour vous, consultez le Violentomètre. C'est un outil merveilleux pour comprendre si les agissements ou les paroles de votre partenaire sont acceptables ou pas. Parce que vos limites sont non négociables.

Ce que j'ai appris au cours de cette histoire rocambolesque ?  Le cannabis n'est pas aussi inoffensif qu'on le dit. Je ne consommerai probablement plus jamais de cannabis. Mon prochain chum devra être un champion en matière de respect. J'aimerai toujours plus mon indépendance que n'importe quel gars. Ma meilleure amie Tess est un peu folle et je l'adorerai jusqu'à la fin des temps.

Excusez-moi. Je dois maintenant aller profiter du reste de ma vie. Ciao !

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Source image de couverture : Unsplash
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