Je n'avais jamais été amoureuse avant de rencontrer mon présent copain. Quelques kicks ici et là, mais rien de bien sérieux. De toute manière, la majorité de mes coups de coeur ne me renvoyaient pas l'affection que j'avais pour eux. J'ai donc dit mon premier Je t'aime à 27 ans.

Du moment où j'ai fait sa rencontre dans un café à Verdun, je n'ai rien compris de tout ce qui s'est passé par la suite.

ET ON NE M'AVAIT PAS DIT ÇA.

On ne m'avait pas informée que j'allais être confuse sans arrêt, que je n'allais rien comprendre de mes émotions et que j'allais être dans un état constant d'intensité. Je tombais amoureuse et je n'avais pas de plaisir! Je ne savais assurément pas gérer un sentiment aussi puissant et personne ne m'avait avertie. On ne devait pas me brusquer. J'étais comme un animal qui traverse la route la nuit sur qui on braque ses phares. Chaque fois que mon copain me disait quelque chose qui réveillait en ce moi une réaction amoureuse, je le regardais les yeux grands ouverts, sans bouger. Un petit animal.

C'est donc avec précaution qu'il m'a dit qu'il m'aimait. En fait, il a dit qu'il pensait qu'il m'aimait. Il avait compris que je pouvais fuir facilement. Il a choisi d'avancer tranquillement, pas à pas. D'apprivoiser le petit animal. Il m'a pris la tête, m'a regardée dans les yeux et m'a dit les grands mots importants. Et j'ai répondu avec la plus petite voix avec les yeux fuyants : Je pense que moi aussi. Pas tout à fait assumée, montrant toutes mes peurs, mais montrant aussi que je voulais qu'on affronte des dragons ensemble.

couple

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Ce moment-là est tellement étrange. L'aveu de l'amour réciproque. Il y a quelque chose qui se passe, de totalement intangible. D'une seconde à une autre, on n'est plus la même personne. On est amoureux. Quel drôle de principe. À cet instant-là, je me disais que toutes les phrases toutes faites avaient peut-être un sens.

Puis, vient un moment particulier. Le moment où le wagon est rendu tout en haut de la côte de la montagne russe. Il n'y a pas plus haut, il n'y a rien à l'horizon. Et si je l'aimais trop? Et s'il avait peur et partait? Je me rappelle d'un moment précis où j'ai pensé : S'il s'en va maintenant, je vais avoir vraiment mal. Je me sentais descendre la côte dans mon wagon chambranlant, le coeur coincé dans la gorge.

Puis une amie m'a dit : Il est ta maison. Il est l'endroit où tu es bien.

J'ai toujours pensé que Montréal était l'endroit où je me sentais le plus chez moi. Mais même Montréal perd un peu de son pouvoir quand il est avec moi. Ma maison, avec ses racines. Il veut rester. Il ne s'est même pas posé la question. Pour lui, c'était comme une évidence. Il n'y avait pas d'autre option. Ça m'a rentré dedans comme une tonne de briques. Je suis en couple. Je suis la blonde de quelqu'un.

Aujourd'hui, je ne gère toujours rien de mes émotions, mais je sais un peu plus à quoi m'attendre. Nous avons un quotidien. Ce méchant mot dont les gens ont peur parce que quotidien ou routine est synonyme de plate et malheur. Pourtant, les moments de tous les jours peuvent être extraordinaire.

Selon moi, l'amour qui dure se trouve dans les petites choses. C'est dans la chose insignifiante qui fait plaisir. Qu'il m'apporte toujours un verre d'eau glacé. Qu'il prenne le temps de me donner un bisou sur la joue avant de partir travailler, même si je dors. Qu'il s'assure toujours que je sois bien. Qu'il sait comment j'aime mon café ou ma nourriture. Qu'il me dise que je suis belle, même lorsque je viens de me réveiller, avec mes crottes d'oeil, mes cheveux en bataille et ma mauvaise haleine. C'est ça, l'amour qui dure. Et ça, je peux le comprendre un tout petit peu.

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