Et ce, pour toutes les circonstances.

Samedi matin. Journée froide.

Une journée de pyjama, de café et de lavage. L'air sent le propre, tes mains sont au chaud. Tu es collé contre quelqu'un, mais aussi pas. Des croissants au four. Ils sont frais, mais juste un peu, pour que ça croustille bien. Pour que le beurre roule sur ta langue. Tu manges devant la fenêtre en te disant que c'est ça, au fond, être bien.

Lundi, début d'après-midi. Temps de la pause.

Pas sorti du bureau depuis que t'es arrivé le matin. Pas eu le temps. Trop de choses à faire. Trop de choses en tête. Trop de comptes à rendre et de suivis à faire et de listes qui ne font que s'allonger dans tes courriels et au bout de tes bras. Sortir un peu, rien qu'un peu. Marcher dehors, dans la gadoue. Regretter un peu. Les pas qui s'en vont systématiquement au café, parce que c'est chaud et sec et que ça sent toujours bon. Un croissant d'après-midi, pourquoi pas? Ce n'est pas dans tes habitudes, mais aujourd'hui, tes habitudes te font un peu chier. Tu prends un chocolat chaud. Tu dis oui à la crème fouettée. Tu dis oui à tout. La commissure de tes lèvres se soulève de manière presque imperceptible. Ça ne va pas si mal, après tout.

Quelque part dans les années 90, une petite fille.

Elle écoute des films et peut les refaire, presque réplique par réplique, après la première écoute seulement. T'es impressionnée par sa mémoire. Tu n'en as jamais eu beaucoup. Ta fille, elle, se souvient de tout. Ça va surement lui nuire plus tard. Elle écoute Petit-Pied le Dinosaure. Le premier, le plus triste, celui où la mère meurt et où il n'y a pas encore de chansons pour alléger le tout. Mais ça, elle ne le sait pas encore. Elle en est seulement au début du film. Et tu es là, prêt d'elle. Donc tout va bien. Tu l'entends rire de la manière dont Petit-Pied mange son étoile d'arbre, cette grande feuille brillante verdoyante. La bouche ouverte, avec trop de langue, ramenant l'étoile d'arbre dans sa bouche à grand mouvement. Le lendemain, elle mange son croissant de la même manière. Tu ris à ton tour. Tu te dis que tu seras toujours là, sans savoir qu'elle mangera trop rapidement ses croissants sans toi.

Un diner aux chandelles, des croissants chauds pour la demoiselle!

Même si tu n'aimais pas le bout avec les loups, La Belle et la Bête reste un de tes films d'enfance favoris. Aucun enfant qui se respecte n'aime le bout avec les loups, de toute façon. Tu es allée te chercher des croissants à la boulangerie proche de ton appart. Ils sont délicieux. C'est ton père qui t'a introduit au bonheur du croissant. Tu te rappelles qu'il les amenait sur la mélodie de C'est la fête! Avec un peu de saumon fumé. Tu étais une enfant avec un palais déjà fin. Tu n'as pas beaucoup changé. Tu aurais dû prendre du saumon fumé. La prochaine fois, sans faute.

Brunch entre deux bonnes amies, un moment de confidence.

Entre deux bouchées de croissant, pour ne pas qu'ils refroidissent trop, tu écoutes. Vous vous écoutez toutes les deux. Lorsque vous êtes ensemble, vous ne vous ennuyez pas. La conversation est toujours fluide et tu te sens en confiance, en sécurité. Tu sais que tu n'es jamais jugée. Elle sait qu'elle peut, qu'elle doit, tout te dire. Vous vous apporterez toujours des croissants. Parce que c'est votre passion. Et parce que vous savez que ça vous fera plaisir.

Source de l'image de couverture : Unsplash
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