D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une personne sensible. Regarder les nouvelles à la télévision, entendre une jeune Afghane à la radio nous parler du traitement des femmes par les talibans, écouter le témoignage d’une personne sur sa santé mentale… Toutes des situations où je ne peux m’empêcher de verser des larmes!
Ça a toujours été comme ça.
La première fois où on m’a parlé de l’hypersensibilité, je n’avais aucune idée de ce que c’était. Mais je m’y suis reconnue tout de suite! Je ressens rapidement l’énergie ambiante et les émotions des autres me passent à travers le corps. Ça peut être très épuisant, d’ailleurs. J’ai parfois de la difficulté avec les grands évènements : les festivals, les funérailles, les mariages. Il y a tellement de stimuli; les sons, les mouvements, les odeurs, le toucher de la part d’étrangers, les émotions à gérer (les miennes autant que celles des autres).
Je me rappelle aussi un évènement qui m’avait fait sentir particulièrement inadéquate il y a quelques années.
J’étais avec mes parents et nous roulions sur une route de campagne en direction de chez ma tante. Comme ce n’était pas une route en asphalte, mais en gravelle, nous roulions relativement lentement. Soudainement, un gros Danois est apparu en courant et s’est jeté devant la voiture. Mon père a freiné, mais nous avons quand même percuté le flanc du chien. On est tous sortis rapidement du véhicule. Malheureusement, on a assisté malgré nous aux derniers souffles de l’animal. La famille à qui appartenait le chien est arrivée en courant et je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater en sanglots. J’étais la seule à pleurer. Les gens me fixaient et je me sentais encore pire, comme une extraterrestre.
Avec du recul, je sais que je n’ai rien fait de mal. J’ai simplement été moi-même et j’ai vécu pleinement mes émotions. Il s’agissait d’un bête accident, une vie perdue pour rien. Je suis comme ça, empathique jusqu’aux os.
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Au fil du temps, j’ai appris à accepter ma sensibilité.
Oui, il y a des côtés négatifs à être une personne hypersensible, mais il y a aussi de beaux côtés, une panoplie même. Ça fait de nous des personnes créatives, intuitives (je ressens toujours l’énergie des personnes autour de moi, dès que je mets le pied dans une pièce, je peux évaluer la situation), minutieuses (on a le souci du détail). Nous sommes aussi excellentes pour écouter les autres, sans jugement et sans les interrompre. On a une excellente capacité à s’émerveiller des petits bonheurs de la vie : le vent chaud d’été qui nous caresse les joues, savourer un café tôt le matin avant le boulot, trouver un nuage en forme de cœur ou de dinosaure.
Mais pour contrer les effets négatifs et apprendre à gérer mes émotions, il n’y a rien de mieux que l’activité physique et la méditation. Ça permet d’évacuer le stress, d’avoir une bonne dose d’endorphine et de me concentrer sur le moment présent, sans me soucier de tout ce qui se passe autour de moi. Il faut apprendre à trouver le doux équilibre entre trop s’en préoccuper et s’en foutre complètement.
Au final, j’apprends à vivre avec mon hypersensibilité et à la chérir! Elle m’apporte beaucoup de connexions humaines, me permet d’ouvrir mon cœur aux autres et d’ouvrir celui des autres en retour. Je sens que je fais une différence positive dans la vie des gens et de savoir ça, c’est un cadeau pour moi.