Vieillir en beauté. Ou vieillir en santé… Et si ça pouvait être les deux? Parce qu’on le veuille ou non, vieillir est un privilège réservé à certains. Alors de vieillir en santé et en beauté ferait-il de nous des gens riches? Qui connaît son heure dans le vert au loin?
La dualité de la vie est présente.
Nous connaissons tous quelqu’un de plus ou moins hypocondriaque. Nous avions l’habitude de surnommer ma mère « Warning » tant elle avait peur de tout, même peur d’avoir peur. Pour elle, un simple mal de tête se transformait en cancer du cerveau et un ongle incarné en amputation du pied. À l’opposé il y a ces gens pour qui rien n’est grave. Un mal de ventre invalidant pour lequel mon frère ne voulait pas aller consulter se sera révélé être un cancer de l’intestin. Il se sera fait reprocher sa consultation tardive, c’est que ce laxisme aurait pu lui coûter la vie.
Plusieurs femmes tiennent plus à vieillir en beauté qu’en santé.
Certaines femmes auront préféré toute leur vie être belles qu’être en santé alors ce n’est pas étonnant. Quoi que la beauté est dans l’œil de la personne qui regarde, semble- t-il…
Si nous vivons aujourd’hui de plus en plus vieux, c’est grâce aux avancées de la science. Qu’on parle d’antibiotiques, de chirurgies, de traitements et j’en passe, nous arrivons à guérir plusieurs maux complexes qui jadis nous faisaient trépasser et malgré les sillons qui se creusent sur nos visages, nous pouvons à l’aide de crèmes et d’interventions faire un pied de nez aux affres du temps.
C’est utopique de croire qu’on peut choisir de quelle façon nous vieillirons. Mais pour la plupart d’entre nous, vieillir est un cadeau de la vie. Qu’en est-il de ceux pour qui pouvoir choisir de mourir est un présent inestimable?
J’ai rencontré Sandra il y a une dizaine d’années. Pétillante, allumée, assumée et assurée. Une belle dame rousse avec un sourire à apaiser n’importe qui. Sandra aura été ma sage-femme. Elle consacrait sa vie à mettre des enfants au monde dans la douceur et la simplicité. Pour elle, il n’y avait pas de problèmes, il n’y avait que des solutions. Nous aurons eu des discussions sur la vie, sur les enfants, sur nos rêves.
Sandra s’est battue pour le droit à mourir dans la dignité, pour SON droit à mourir dignement.
C’est qu’elle aura appris en 2019 alors qu’elle était âgée de 39 ans qu’elle souffrait d’Alzheimer précoce. Une maladie neurodégénérative chronique qui détruit les cellules cérébrales et provoque une détérioration de la mémoire et des capacités de réflexion. Sandra veut pouvoir choisir quand elle partira, quand s’en aller… Pour elle, mais aussi pour les siens…
La loi sur l’aide à mourir par demande anticipée a été votée il n’y a pas si longtemps et Sandra qui est également porte-parole de la fédération des Sociétés québécoises d’Alzheimer s’en réjouit. Pour les autres surtout puisqu’elle ne sait pas si le délai de deux ans sera assez long pour qu’elle puisse en bénéficier. Pendant ce temps, Sandra continuera de s’impliquer avec l’AQDMD pour aider ceux aux prises avec la maladie. Sandra aura marqué la vie de plusieurs mères en tant que sage-femme, mais également de plusieurs personnes en tant que grande dame qui aura lutté pour ce droit à mourir dignement.