Chère Grand-maman,
Lorsque j’ai su qu’il te restait que trois mois de vie, je n’y croyais pas. Mon premier désir était d’aller te serrer dans mes bras, alors que ma première pensée était que je ne pouvais pas sortir de chez moi. Je ne pouvais pas concevoir qu’à cause du confinement, je ne savais pas à quel moment j’aurais la chance de te revoir.
Heureusement, tu avais un mari très débrouillard. Peu habile avec la technologie, il a appris à faire des Facetime sur ton téléphone cellulaire. Quand je t’ai vue en appel vidéo à l'hôpital, je te sentais déjà un peu partie. Assommée par les médicaments, notre communication n’était pas aussi naturelle. La technologie n’offrait en rien le même contact que si j’avais été auprès de toi lors de tes derniers moments lucides.
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Toute la famille n’y comprenait rien. Tu étais si en santé. Comment les médecins ont pu manquer un diagnostic de cancer après avoir passé autant de tests? Était-ce une erreur? Quelque chose dans cette histoire ne fonctionnait pas.
Les jours ont dégringolé trop vite, autant pour ton état que la situation de crise de la COVID-19. L'hôpital a restreint encore plus ses visites, empêchant officiellement toute la famille d’aller te voir. Les médecins ont premièrement estimé ton espérance de vie à trois mois. Et puis à quelques semaines et, finalement, de quelques semaines à quelques heures en à peine cinq jours.
Cinq pauvres jours après avoir appris le diagnostic. Il fallait croire que le stage 4 du cancer s’en prenait à tes poumons plus que jamais.
Je vais me souvenir longtemps de ce samedi, lorsque ma soeur m’a appelée. De sa voix cassée, elle m’a dit : « On va voir grand-maman, il ne lui reste que quelques heures. » C’était ma dernière chance, ma dernière chance de pouvoir te voir.
Ce n’est que le lendemain de ton départ que nous avons eu tous les bouts de l’histoire. Maman a trouvé dans ton téléphone des photos de tes diagnostics médicaux. Il est difficile pour moi de croire que, depuis si longtemps, tu savais que tes jours étaient comptés. Ce diagnostic de cancer, il n’était pas soudain : tu as préféré l’affronter toute seule. J’imagine que c’était pour nous éviter la peur et la tristesse. Ou bien pour ne pas vivre cette folie d’émotion autour de toi lors de tes derniers moments. Une partie de moi aurait préféré savoir, mais je respecte ta décision. Je suis tout de même désolée de ne pas avoir été là pour te soutenir dans la pire épreuve de ta vie.
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Je me suis demandée ce qui allait me manquer le plus de ta présence. J’ai réalisé au bout d’un long moment que c’était de se communiquer notre amour. Papa disait que tu nous aimais encore plus fort qu’on pensait. J’ai décidé de croire que nous allons toujours nous aimer aussi fort malgré le fait que tu ne sois plus parmi nous.