Parce qu’il n’y a pas que l’anorexie et la boulimie qui existe mais aussi toute une zone de gris entre la santé et la maladie : aujourd’hui je vous parle de troubles alimentaires. Un trouble alimentaire n’est pas nécessairement diagnostiqué, il n’entre pas nécessairement dans un moule précis. Un trouble alimentaire est, selon ma propre définition, une mauvaise relation avec la nourriture, un parasite qui te pourrit la vie un peu plus chaque jour. Et ça se passe généralement en silence, sans que personne ne le remarque…
J’ai l’air de parler en connaissance de cause? Eh bien oui, j’ai eu dans le passé, une période où moi et la nourriture étions deux ennemis jurés. Je n’étais pas anorexique, ni boulimique : mais j’avais clairement un problème. Je savais à l’époque que je voulais entrer au baccalauréat en nutrition à tout prix, mais mes notes devaient être supérieures. J’ai donc débuté l’université dans un autre programme, pour faire augmenter ma cote R. Je me disais que, si j’étais acceptée en Nutrition l’année suivante, il allait absolument falloir que je sois mince. Dans ma tête, une future nutritionniste ça n’avait pas de muffin top! Une idée complètement loufoque avec du recul, mais qui me semblait bien réelle à ce moment là.
J’ai commencé tranquillement en réduisant mes portions. Je pensais à ce que j’allais manger en me levant le matin : je comptais les calories dans ma tête jusqu’au soir. Lorsque mes parents étaient absents : je mangeais uniquement une assiette de crudités pour souper. Quand ma mère revenait et me demandais ce que j’avais mangé : je lui mentais. J’allais à l’université pour un cours débutant à 11h00 AM et lorsque tout le monde mangeait en classe je disais que j’avais déjà diné dans l’autobus. Un autre mensonge. Cacher ce qu’on a réellement mangé : c’est un signe d’une relation malsaine avec la nourriture.
Source: http://www.forme-sante-ideale.com/
J’avais aussi des phases de compulsions. Ce n’était pas de la boulimie selon le DSM-5, mais ce n’était pas pour autant un comportement sain. Une compulsion c’est comme un déclic, une switch bien cachée dans ton cerveau qui se met à ON et qui fait que tu dévores tout sur ton passage. Le garde-manger devenait pour moi une ressource inépuisable : des cuillères à soupe de beurre d'arachides, des poignées de noix de coco râpées, des guimauves, des brisures de chocolat, du fromage, des tranches de pain. Je mangeais tous les aliments que je m’interdisais à tort, un après l’autre, sans fond. Et puis soudainement, sans que j’aille eu conscience du temps, la switch se remettait à OFF…
Pour celles qui auront vécu les compulsions, vous comprendrez qu’ensuite les remords et la culpabilité s’installent. Repentante, tu te dis que tu viens de gacher tout le dur labeur que tu as fais dans les derniers jours. Tu dois tout recommencer à zéro. Donc la restriction reprend le dessus : crudités pour souper, omission du diner, mensonges et ainsi de suite….
Je sais maintenant, d’un point de vue scientifique, qu'en fait c’est une boucle logique. Si tu prives ton corps de nourriture pendant un certain temps, il est normal que tu aies des compulsions : c’est instinctif! Ton corps te lance un appel à l’aide pour avoir de l’énergie! Le problème c’est que cette boucle est infernale et malsaine. Pour moi, ça s’est arrêté assez rapidement. Je ne trouvais plus que c’était une bonne idée, je me trouvais trop maigre. Sans l’aide de personne, ma vie a repris son cours normal. Cependant, pour beaucoup, les trouble alimentaires persistent et s’installent sournoisement.
Si vous vous reconnaissez dans cet article : ce n’est pas normal que la nourriture soit votre ennemi, ce n’est pas normal que vous pensiez toujours aux calories et ce n’est pas normal d’avoir des compulsions. Sachez reconnaitre votre trouble alimentaire aussi "léger" qu’il soit et allez chercher de l’aide si vous n’êtes pas capable d’en venir à bout toute seule. La nourriture doit être une source de plaisir et non un ennemi. On mange trois fois par jour après tout : il faut ben que ça soit l’fun!