« Marathon ». Pour certains, ce mot rappelle l’épreuve vedette des Jeux olympiques. Pour d’autres, c’est un concept totalement abstrait. Le marathon étant réservé exclusivement aux maniaques de l’activité physique.

Mais, il y a, « les autres ». Ce sont ces gens qui ont tâté, par hasard, une première fois, à la course à pied. Racontons leur histoire.

Par une belle journée d’été ou d’hiver (dans mon cas), une sédentaire un peu paresseuse décide d’aller courir. Pourquoi ?

Elle connaît quelqu’un, un gars ordinaire, qui lui, court. Intriguée par le discours enlevé de cet énergumène, celle qui rêve de fauteuils moelleux, de « beaux programmes » à la télévision et qui voit les six marches pour monter à son appart comme le nouvel Everest, se transforme en une fan finie des histoires de courses du dude.

Pour quiconque n’a pas connu un ou une extraterrestre vélocipède, sachez que ces gens gratifient leur entourage ad nauseam d’histoires de course, de marathons, d'entraînement, de minutes au kilomètre, etc.

Telle une série de gouttes d’eau creusant la montagne, une collection de faits vécus répétés, transformés, améliorés, se fraye, en douceur, un chemin dans l’imaginaire de l’auditoire hébété.

Un jour, curieusement, la conversation devient à double sens. Elle pose des questions. Elle converse. Elle parle de course sans rien y connaître; « Tu as fait combien aujourd’hui ? »; « Tu devais avoir le vent de face en allant vers l’est. »; « Quelles sont tes nouvelles chaussures ? ».

Dorénavant, elle veut ce qu’il a

Le gars ordinaire prend bien soin de l’avertir : « Si tu commences à courir, tu vas te rendre à la boîte aux lettres au coin de la rue chez vous et tu ne seras plus capable d’avancer. »

Ben voyons !

Vérifié ! Approuvé ! C’est vraiment ça : « PU CAPABE ». Je ne peux pas faire plus que ça !

Alors, pourquoi y retourner encore et encore ? À ce jour, les experts et les expertes en psychologie avancée de la nature énigmatique et inaccessible de la personne sédentaire cherchent encore à élucider le mystère.

Une piste pour comprendre ? Chaque pas donne un sentiment d’accomplissement.

Qu’arrive-t-il, après, à la fille ordinaire ? Après qu’elle a dépassé la boîte aux lettres, qu’elle l’ait dépassée vingt fois, trente fois, cinquante fois. Après qu’elle a visité toutes les boîtes aux lettres du quartier ? C’est simple. Elle s’inscrit à une course de 5 km.

Les 10 étapes à suivre pour une première course (du plus difficile au plus facile) :

1- Avoir le désir de s'inscrire à une course
2- Trouver la course idéale, près de chez soi
3- Cliquer (avec hésitation ou appréhension) pour finaliser l’inscription
4- S'entraîner pour être “pas si pire”
5- Bien manger et bien dormir
6- Bien dormir la veille de la course (pas pour tout le monde)
7- Préparer ses vêtements pour la course
8- Se rendre au départ le jour de la course
9- Courir
10- Cueillir sa médaille

« Courir » vient en neuvième place, pourquoi ?

Parce que si tu as fait tout le reste, courir n’est plus qu’une formalité. 😉

Et voilà qu’un jour, sans crier gare, la fille ordinaire se retrouve dans l’aire de départ d’un demi-marathon !

Au fil d'arrivée de ce vingt et un kilomètres de misère, ses proches sont là. Ils la félicitent. Ils l’embrassent. Elle pleure. Elle exhibe sa médaille.

Une phrase, une seule et unique phrase sort de sa bouche : « Un marathon, c’est im-pos-si-ble. ».

La fille ordinaire va bientôt courir son cinquième marathon et elle ne sait toujours pas pourquoi.
Image de couverture de Brian Patrick Tagalog
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