** Traumavertissement: Dépression, santé mentale. Des ressources d’aide sont listées à la fin de cet article.

Blanc ou noir.

Je n’ai pas de juste milieu. J’ai l’habitude d’être une personne heureuse, enthousiaste, voire limite fatigante lorsque je partage ma joie de vivre. Ça, c’est la majorité du temps. En minorité, je suis cette femme borderline dépressive qui s’endort à bout de larmes aux petites heures du matin, car elle n’en peut plus.

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été une personne très optimiste. J’adore voir le beau et le bon côté de chaque chose. Je partage ma joie de vivre avec mes proches. Il m’arrive d’être un peu intense, semblerait que ça fait en partie mon charme. Cependant, je vis dans les extrêmes.

Je suis cette personne qui se lève à 5h00 du matin pour aller voir le lever du soleil une journée et s’endort épuisée et à bout de larmes le lendemain à la même heure. Je peux écouter ma musique au max dans mon auto, les vitres baisser et chanter à tue-tête, comme il m’arrive d’avoir ces pensées intrusives qui me disent de donner un coup de volant vers le fossé. Je peux m’entraîner, car j’ai besoin de dépenser mon énergie et me sentir en harmonie avec moi-même, comme je peux le faire pour pousser mon corps à ses limites et ensuite souffrir de mon entraînement. Il m’arrive de boire pour danser sur les tables, comme il m’arrive de le faire pour taire mon anxiété. Certaines journées, je sors de chez moi, car j’ai envie de passer du bon temps avec mes proches alors que d’autres, je le fais, car je ne supporte plus d’être seule avec mes pensées.

Je suis blanc ou noir.

Heureuse ou malheureuse. Calme ou angoissée. Extravertie ou introvertie. Sur un high ou sur un down. Flip the coin.

haut, bas, blanc, noir, dépressionSource image: Unsplash

Certaines personnes sont présentes seulement dans les bons moments, rares sont ceux qui ont été témoins de ce deuxième aspect de ma personnalité. Il m’arrive de parler à mes bons amis chaque jour, les voir, démontrer de la joie et l’air de rien et disparaître du tableau pour quelques semaines, voire quelques mois. En réalité, je les bombarde d’excuses : « je manque de temps, j’ai trop de boulot, je suis à fond dans les études… ». Tout ça, afin d’éviter que mes proches soient témoins de ma vulnérabilité. Je n’accepte pas d’être faible, de me laisser atteindre par les aspects négatifs de ma vie. Plutôt que de laisser mes émotions prendre le dessus, je laisse place à ce trou béant, une absence totale d’émotions.

Je suis tout ou rien.

Lorsque je vais bien, je me trouve incroyable. Je suis heureuse. Je n’ai pas de besoin de personne outre moi-même et j’arrive à voir mon plein potentiel. Je suis alors fier de la femme que je suis, de celle que je deviens. Malgré les rudes épreuves auxquelles j’ai pu faire face, je ne pourrais être plus heureuse d’être arrivée là où j’en suis aujourd’hui. Ça, c’est la plupart du temps. En l’espace de secondes, lorsqu’un facteur vient perturber ma personne, rien ne va plus. Je retourne dans le corps de la jeune fille de quatorze ans qui n’avait pas confiance en elle.

Je suis obsessive ; je focalise sur certains détails à n’en perdre l’esprit. Plusieurs mauvais souvenirs refont surface, les pires d’entre tous. Je redeviens la jeune femme faible. Celle qui s’est fait intimider, qui a perdu la grande majorité de ses amis au fil des années, celle qui n’intéressait pas les garçons, qui ne savait dire non. La jeune femme dont personne n’était fière ; pas même elle-même. Je suis insuffisante.

S’enchaînent les phases maniaques et les phases dépressives. D’avoir à plusieurs reprises touchée le fond m’a fait comprendre l’importance de la vie et de chaque micro moment de bonheur. Mes montagnes russes d’émotions, comme j’aime bien les appeler, me permettent de mieux profiter du moment présent. Elles m’ont fait réaliser que le bon, comme le mauvais, a une fin éventuelle. J’essaie toujours de prendre chaque émotion comme elle se présente ; la comprendre, l’apprivoiser et éventuellement l’apprécier.

Le bon, comme le mauvais. Je suis blanc ou noir.

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