Je serai toujours là pour toi…
Il m’arrive de le dire à mes filles. Comme si je voulais qu’elles comprennent que j’aimerais être toujours présente pour les épauler alors qu’en fait, je sais très bien qu’un jour je devrai les quitter. Le toujours que l’on souhaite est celui qui me fait le plus peur. C’est la promesse que l’on risque de perdre, c’est le bonheur qui nous glisse entre les doigts et c’est l’absence de quelque chose que l’on espérait pouvoir garder.
Je n’y arriverai jamais…
Je ne l’ai pas encore dit à voix haute, mais il m’est arrivé d’y penser. D’y penser, heureusement, juste assez pour me convaincre que ce jamais ne devrait pas exister. Parce que le seul obstacle à la réussite c’est le jamais qu’on s’impose. C’est celui que je repousse le plus. C’est l’ancre qui empêche de bouger, c’est la barrière qui refuse de s’ouvrir et c’est l’ombre qui nous empêche de nous aimer.
C’est toujours à moi que ça arrive…
Je suis bien heureuse que cela ne me vienne pas en tête. Je n’ai pas envie d’avoir le monopole de la malchance et je préfère croire que la malchance est partagée équitablement. C’est le toujours qui nous empêche de voir ce qui se passe autour de nous. C’est le symbole qui représente l’égocentrisme, c’est le défaut qui éloigne l’empathie et c’est le visage d’une victime de la vie.
Je ne te pardonnerai jamais…
La frustration m’encourage à y croire, essayant de me convaincre de rester en colère assez longtemps pour tenir quelqu’un loin de moi. La vérité c’est que je n’arrive pas à tenir ce jamais… et j’en suis bien contente. Il est le jamais qui nous gruge et qui nous éloigne de la légèreté. C’est l’écharde qui reste trop longtemps coincée, c’est la punition que l’on s’impose à soi et c’est le sentiment qui rend aigri.
Les toujours et les jamais ne cessent de se contredire.
Ils n’existent pas réellement. Ils nous font mentir et nous font généraliser des idées qui ne peuvent être appliquées à chaque situation. Ils nous ferment l’ouverture et nous empêchent d’aller voir plus loin. Le toujours nous fait croire que le changement n’existe pas et le jamais nous éloigne de l’amélioration. Il s’agit de mots que l’on utilise trop souvent. Grâce à eux, nous n’avons pas à nuancer notre pensée. Mais les nuances sont essentielles. C’est grâce à elles que l’on peut découvrir ce qu’il y a de plus beau. C’est facile de s’appuyer sur des toujours et des jamais qui nous empêchent d’avoir à nuancer la vérité.
Je déteste lorsqu’on me fait miroiter le toujours et je déteste lorsqu’on m’étrangle du jamais. Je préfère savoir que rien n’est fixé et que j’ai l’opportunité de tout modifier.
Image de couverture de Andrew Small