Hier soir, j’ai été invité au théâtre en tant que critique (j’ai la grosse tête maintenant). Je vais vous le dire : je n’étais certainement pas dans le mood après une très très longue journée de boulot, j’ai bravé la pluie pour me rendre au Théâtre aux Écuries. Heureusement, la gang du Théâtre du Futur, elle, était dans le mood pour leur première !

J’adore le théâtre, vraiment, c’est une des choses qui m’a le plus manqué de la pandémie. Dès que j’ai pu, en 2021, je me suis empressé de m’acheter des billets avec ma sœur pour faire revivre nos soirées traditionnelles. Je suis un mauvais acteur, mauvais improvisateur, mais un excellent public. Ceci dit, en ce charmant mercredi, je pris ma place dans la salle, et je l’ai regardée se remplir d’une foule éclectique, plutôt cégépienne. Red flag ? Quand tu es de mauvaise humeur, un peu. Oh la la. La prémisse de l’invitation disait : 

« La Grosse Noirceur est là pour faire du bien. Après deux années atroces à vivre en petites bulles, l’un des défis collectifs sera de retrouver sa place dans cette grosse soupe aux opinions qu’est la société. »

Ils n’ont pas menti. J’ai adoré la pièce. J’étais très incertain au début, je ne matchais pas du tout l’énergie de la salle, les souliers mouillés et la tête pleine. La salle, elle, était survoltée, prête à participer. Ah oui, c’est participatif comme pièce, et l’énergie de la foule est heureusement contagieuse. Malgré mes soucis du jour, je suis ressorti de la représentation bien souriant, la pluie me dérangeait soudainement moins !

Image de couverture par Josée Lecompte

La prémisse

Un bon jour (bientôt), le prix des bananes monte en flèche et tout s’écroule comme un château de cartes. Les gens expriment avec violence toutes leurs petites rages refoulées et c’est franchement pas beau à voir. Plus d’électricité, plus d’argent, plus rien. C’est la Grosse Noirceur, la fin de la civilisation. À quoi bon essayer d’avancer collectivement si tous ceux qui nous entourent sont caves ? Les gens se regroupent en petites communautés rurales, loin des autres et de leurs points de vue, avec seulement des gens qui pensent comme eux. Mais vous n’êtes bien nulle part. Vous fuyez. De village en village. Que fuyez-vous vraiment ? La violence ? Les gens ? L’amour ? Vous-mêmes ? Vos pérégrinations vous catapultent à l’Étape, la célèbre halte routière perdue sur la route 175 entre Québec et Saguenay, un inquiétant hameau désert où un gardien grincheux vous héberge. Est-ce possible de réapprendre à vivre en société, à deux ? Surtout quand l’autre est un inquiétant maniaque.

Cue la marionnette

C’est le point charnière de la pièce qui a absolument vaincu ma mauvaise humeur. Kermit, en feutre et en rembourrage, sous mes yeux, à cultiver la terre fertile de Graine B dans le glorieux rôle de Stéphane, un humain transplanté dans une marionnette par protection. Pour donner vie à ce personnage, et à tous les autres, quatre acteurs se relayent dans différents, ou dans les mêmes rôles, changeant de costumes, de perruques et de voix, ce qui garde l’action de la pièce dynamique. L’inclusion du public dans l’histoire rend le tout plus vivant, à l’opposé d’une pièce plus classique et sérieuse.

LA GROSSE NOIRCEUR est une création du Théâtre du Futur présentée en codiffusion avec le Théâtre Aux Écuries, du 12 au 30 avril 2022.

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Image de couverture par Josée Lecompte
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