Je me rappelle quand j’étais étudiante et que je recevais mon bulletin, après la période d’examens. J’espérais tant que les chiffres que j’y verrais refléteraient les efforts que j’avais mis. Mes notes oscillaient entre 85 % et 95% : j’étais bien fière. J’aurais aimé avoir un 100%, juste une fois. Jamais arrivé.

Rendue adulte, je me rends compte que le pourcentage, aussi haut puisse-t-il être, n’est pas toujours gage de performance. Quand je vois que plusieurs urgences au Québec atteignent un taux d’occupation de 120%, on est loin de la réussite ici. Et il me semble que ça fait une éternité que notre système de santé fait ses leçons, sans toutefois en tirer.

C’est le jour de la marmotte ou quoi?

Soyons honnêtes : actuellement, c’est tout sauf le temps de tomber malade. Urgences débordées, médecins de famille inexistants ou horaire complet pour les 10 prochains mois. De quoi alimenter une anxiété sociale déjà grandissante. Salutations à l’hypocondriaque que je suis! (D’autres comme moi dans le club?!)

Le pire dans tout ça, c’est que les mesures mises en place depuis les dernières années ne semblent pas porter leurs fruits. Les employé(e)s de la santé quittent un système chaotique, essoufflé(e)s de faire le travail qu’iels ont choisi. Alors que pendant ce temps, les virus, maladies et accidents en tout genre ne prennent pas de pause.

Si j’étais ministre de la Santé, j’avoue que j’aurais un léger mal de tête - oups, pénurie de Tylenols, pas de chance! - mais surtout, j’essaierais d’être créative.

Associations à la rescousse!

L’urgence représente trop souvent la première et/ou seule solution pour bien des gens. Sachant qu’une personne sur deux ne devrait pas s’y trouver et pourrait être prise en charge autrement, que faire?

Des professionnels de la santé, dont les champs d’expertise sont parfois méconnus, sont des ressources importantes qui peuvent éviter une consultation et l’attente qui vient avec. Chiropraticiens, massothérapeutes, ostéopathes, physiothérapeutes, acupuncteurs : ce sont là quelques exemples de professionnels qui peuvent régler de nombreux problèmes de santé (et surtout, en prévenir).

J’entendais une dame parler à son amie récemment : « Le médecin m’a donné des pilules pour mon genou, ça rien faite. Faque j’ai r’pris rendez-vous. »

D’abord, la chance d’avoir un rendez-vous avec son médecin!

Ensuite, non, les pilules - les tites granules ne sont pas les solutions à tout chère dame. Un rendez-vous chez un physiothérapeute pourrait sûrement aider, et laissez vos deux rendez-vous chez le médecin pour la mère de famille qui gère sa 8e otite en ligne.

Parce que oui, les interventions de ces experts sont efficaces.

Et arrêtons les « Ça ne marche jamais ces affaires-là! » C’est précisément là qu’il faut intervenir.

Si j’étais ministre de la Santé, j’accorderais des subventions à des associations professionnelles ciblées afin qu’elles puissent déployer des campagnes publicitaires pour faire connaître leur champ d’expertise. Sortons-les de l’ombre pour voir un peu de lumière!

Parce que méconnues, ces professions ne sont pas considérées. Mais saviez-vous que chacun de ces experts possède une formation professionnelle, technique ou universitaire, dont certains, comme les chiropraticiens, ont un doctorat? Que ces métiers sont régis par des ordres professionnels et associations qui encadrent leur pratique ! Et qu’ils peuvent vous émettre des reçus pour les traitements qu’il est possible de réclamer dans la majorité des assurances collectives.

Il est grand temps qu’on les fasse connaître. Ils peuvent être, à mon avis, une partie de la solution.

Ça coûte combien ça?

Non, ces traitements ne sont habituellement pas couverts par la RAMQ (mais déductibles d’impôts). Ça implique nécessairement de défrayer. Et les coûts des traitements ne sont pas accessibles à tous.

Si j’étais ministre de la Santé, j’accorderais donc un montant fixe, par personne, permettant de couvrir les frais des traitements de ces professionnels de la santé. Donnons un coup de pouce aux gens pour qu’ils en découvrent toute l’efficacité. Non seulement ces professionnels prodigueront des soins qui pourraient libérer les urgences et les médecins de famille, mais ils agiront également en prévention, ce qui devient maintenant un enjeu majeur.

Qu’on se le dise, un devoir important que nous avons en tant que citoyens est de prendre soin de sa santé, pour s’assurer que le système tourne rond au moment où on en aura besoin.

Je lève mon chapeau bien haut et je salue bien bas tous les employés du domaine de la santé.

Vous faites un travail extraordinaire dans un contexte hors de l’ordinaire.

Et moi, je vais prendre mon rendez-vous chez le chiro pour ma douleur à l’épaule...!

Image de couverture de Kelvin Balingit
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