Il y a un moment, dans un litige familial, où la simple fatigue devient un épuisement total. Ce n’est plus le corps qui lâche. C’est l’intérieur. C’est la lumière.
Ce jour-là, tout est devenu flou. Pas parce que je ne regardais pas autour, mais parce que je ne pouvais plus voir. J’avançais dans un brouillard si dense que même ma respiration me semblait étrangère. Je marchais, je fonctionnais, je palliais, mais en dedans, je sombrais. J’essayais de tenir pour mes enfants, mais mon corps, lui, avait déjà lâché.
Alors j’ai demandé de l’aide. Je me suis inscrite au CLSC. J’ai attendu. J’ai espéré. Le jour de ma fête, la travailleuse sociale m’a contactée pour l’évaluation.
Une simple question a ouvert toutes les fissures :
« Comment allez-vous réellement ? » Et j’ai brisé d’un seul coup.
Je n’ai pas pleuré doucement. J’ai flanché. J’ai vidé des mois de détresse, d’épuisement, de nuits blanches, de responsabilités écrasantes.
Je lui ai avoué ce que je taisais depuis longtemps : que porter seule la charge de quatre enfants, l’instabilité écrasante, la charge mentale, la charge financière, la charge émotionnelle… sans aucun soutien, sans aucune collaboration du père, me tuait à petit feu. Que j’avais perdu mon emploi dans le cabinet de leur père. Que je n’avais plus de filet. Que je ne voyais plus d’issue autre que tenir… encore une journée.
Je lui ai dit la vérité : les refus du père, les silences, les mensonges, les désengagements, et cette fatigue-là… pas celle qui passe, mais celle qui écrase l’âme. Elle a écouté. Puis, par excès de prudence, elle a fait un signalement à la DPJ. Ce n’était pas contre moi. C’était parce que j’étais au bout et que oui, j’avais besoin de soutien réel.
Et c’est ce jour-là que l’escalade a commencé.
Ma chute est devenue son arme favorite
Le soir même, alors que je préparais mon souper d’anniversaire, il est arrivé. Torse bombé, regard fier, comme s’il venait de gagner quelque chose. La DPJ demandait que les enfants quittent la maison.
Je me suis effondrée de l’intérieur.
J’ai pleuré, suffoqué, tremblé… mais j’ai laissé partir mes enfants, parce que je croyais encore que respecter le système allait me protéger.
Durant les 48 heures suivantes, tout a été épluché : ma parentalité, ma santé mentale, mon quotidien. Les enfants aussi ont été évalués. Et très vite, tout est tombé : aucune inquiétude, aucune lacune, aucune faute. Mes enfants m’ont été remis. Mais les marques, elles, sont restées. Le doute qu’on sème dans une mère est resté. La honte silencieuse. La force qu’on exige d’elle-même lorsqu’elle est déjà à genoux.
Et lui, il s’est emparé de ce moment…
Il répétait, avec fierté :
« C’est grâce à moi qu’ils t’ont redonné les enfants. »
« Si je n’étais pas venu, la police serait arrivée. »
« Même la DPJ t’a trouvée dangereuse. »
Comme si ma détresse lui appartenait. Comme si ma souffrance était une preuve de son pouvoir.
Comme si ma vulnérabilité était une victoire
Ensuite, j’ai eu un suivi en santé mentale.
Diagnostic : aucun.
Trouble : aucun.
On m’a plutôt parlé d’autre chose : la violence invisible. L’emprise. Le dénigrement subtil. La violence coercitive, psychologique et financière. Ce poison lent qui détruit l’intérieur sans jamais laisser de bleu sur la peau.
On m’a aidée à retirer mes lunettes déformantes. À comprendre pourquoi je me sentais toujours fautive, toujours insuffisante, toujours redevable.
J’ai essayé de me relever. De me libérer. Mais le système, lui, ne m’a pas libérée. Il m’a enchaînée autrement.
Quand la justice devient une seconde chute
Pendant que je protégeais mes enfants du désengagement de leur père, une autre bataille se déroulait en parallèle : la bataille judiciaire.
Déposer une demande? Payer.
Communiquer entre avocats? Payer.
Négocier une entente temporaire? Payer.
Prévoir une réponse à son silence? Encore payer.
Vouloir faire appliquer une entente déjà homologuée qu’il ne respectait pas? Toujours payer.
Tout devient payant. Sauf sa responsabilité.
Et moi, je devais rester maman. Rassurer. Stabiliser. Apaiser. Pallier les absences et les refus de l’autre parent… tout en absorbant les coûts d’un combat que je n’avais jamais voulu mener.
Jusqu’au jour où ma limite est arrivée.
Quand se relever devient l’acte de résistance ultime
Le jour où j’ai demandé la garde exclusive, ce n’était pas un caprice. C’était un acte de survie. Ma patience s’est transformée en courage. Ma peur en détermination. Et chaque petite victoire faisait exploser davantage sa colère… et resserrait son emprise.
Mais moi aussi, je changeais. Je reprenais ma voix. Mon pouvoir. Ma force. Et j’avançais pour mes enfants, mais aussi pour moi.
(Article 2 de 5 ici, article 4 de 5 à venir…)
Parce que la justice a un prix énorme et que je mène ce combat pour quatre enfants qui méritent la sérénité, votre soutien peut réellement changer leur trajectoire.
GoFundMe : https://gofund.me/e11415ac9
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