Le texte suivant a été rédigé dans le cadre du projet « Hommage aux fxmmes #metoo ». L’idée derrière ce projet est d'offrir une nouvelle voix au mouvement #metoo, particulièrement dirigé vers des dénonciations par les fxmmes d’agressions ou d’inconduites sexuelles, bien que les fxmmes ne soient pas les seules à être victimes de la violence sexuelle. Les auteurs.trices qui prendront part au projet partageront avec vous leurs réflexions, leurs opinions, leurs observations ainsi que leur soutien, leur amour et leurs souhaits pour l’avenir quant à la cause de la violence sexuelle. 

- Laurianne André, bachelière en sexologie

Je suis heureux de participer à un tel projet, car effectivement le mouvement #metoo a eu l’effet d’une vraie bombe dans l’actualité cette année et, comme plusieurs autres hommes, j’ai pris le temps d’y réfléchir et d’en discuter beaucoup avec mon entourage.

D’abord, ce que je n’avais jamais réalisé était la présence énorme qu’occupe la culture du viol dans notre entourage. À la suite de plusieurs discussions sur le sujet avec diverses personnes (hommes et femmes), j’ai été surpris et dégoûté d’apprendre que dans presque toutes les discussions, une femme présente avait subi une agression sexuelle d’ampleur variée au cours de sa vie. On lit des statistiques qui évoquent la présence de tels actes, mais c’est quand tu le vois de tes yeux que tu le réalises réellement.

Évidemment, je connaissais généralement déjà les actes les plus violents physiquement, mais ce fut les actions plus subtiles qui ont attiré mon attention. J’ai été déçu de réaliser que mon entourage et moi-même avions participé de près ou de loin à cette culture. Des paroles qui semblent anodines, des regards déplacés, des conversations pour impressionner ses chums de la chambre d’hockey, tous des contextes dans lesquels je ne voyais pas de problème à l’époque. Je réalise qu’on participait à la dégradation et l’objectivation des femmes. Le plus dur pour moi n’était pas de regarder mes actions antérieures, car je ne crois pas avoir d’histoires de la sorte. Non. Le plus dur était de réaliser que j’ai fermé les yeux, voire encouragé par mes paroles ou des rires les actions (subtiles, mais néfastes) d’autres garçons.

réaliser le dommageSource image : Unsplash

Le deuxième plus grand sujet de nos discussions était la légitimité de la dénonciation d’agressions sexuelles sur les réseaux sociaux sans preuves tangibles aux dépens d’une accusation juridique officielle. Pour ma part, connaissant des femmes qui ont été victimes d’agressions et/ou d’inconduites sexuelles avec lesquelles nous avons discuté beaucoup sur ce mouvement, j’ai tenté d’être le plus empathique possible envers leur contexte, sachant que je ne pourrais jamais ressentir les vrais dommages physiques et psychologiques qu’elles ont vécus dans ces moments. J’ai compris que tout d’abord, parler d’un tel sujet peut être extrêmement difficile, gênant, traumatisant, etc. Ce qui fait que prendre la peine de le faire relève déjà d’un énorme effort pour ces dernières.

Cependant, dans plusieurs cas, cet effort fut en vain. Trop de femmes sont ressorties de leurs accusations dans un pire état qu’avant qu’elles parlent. Elles faisaient face à des jugements de gens qui ne les croyaient pas, ou qui disaient qu’elles exagéraient les évènements ou bien qu’elles étaient consentantes au moment de l’acte, etc. Trop de femmes ont vu la justice leur fermer la porte sous le nez les laissant seules avec des séquelles marquantes et potentiellement à vie. Ces témoignages m’ont ouvert grandement les yeux. Si pour le moment la justice ne veut pas aider les victimes, ces dernières ont alors eu la force de le faire par elle-même en dénonçant publiquement leurs agresseurs sur les réseaux sociaux. Les principaux intéressés ont dû vivre un pincement au cœur et une certaine peur de subir des conséquences sociales ou juridiques. Une peur qui ne viendra probablement jamais s’approcher de celle vécue par les victimes.

Certains dénoncés jouent la victime dans cette histoire plaidant ne pas avoir exécuté ces actions ou, du moins, que ce n’était pas «aussi pire que cela». D’autres ont probablement réalisé leurs actions et s’en suivront de remords, mais surtout plusieurs hommes ont été conscientisés et ne feront pas connaître, du moins je veux l’espérer, de telles horreurs aux femmes dans le futur.

Source image de couverture : Unsplash
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