Jamais au grand jamais je ne retournerai à temps plein dans un bureau. De mon plein gré, du moins. Même s’il y a un party pizza. Même si on me paye ma passe de métro. Même s’il y a des bébés chiens une fois par mois. Même si on porte des jeans le vendredi.

En ce moment, Le Cahier est opéré de plusieurs bureaux, mais principalement le mien, à la maison. Le Cahier a toujours été un peu décentralisé, c’est ce qui fait notre force en fait. Des centaines de cerveaux, partout dans le monde (surtout au Québec), qui travaillent à distance depuis bientôt 10 ans pour vous apporter des textes diversifiés tous les jours.

Mais maintenant, c’est un peu différent

Bien qu’on ait toujours eu un bureau, et une équipe sur place, Le Cahier se porte à merveille, géré en direct de mes pantoufles. Depuis mars 2020, je dois être à ma 6e paire de pantoufles. Je les uses comme jamais personne dans l’histoire de l’humanité n’a usé des pantoufles. C’est simplement pour dire que ça a révélé ma vraie nature.

Si l’humain est une bête sociale, je suis une maman ourse qui veut passer l’hiver de sa vie en pyjama dans sa grotte. Je suis un gars facilement déconcentré, stressé, avec beaucoup d’anxiété de performance qui s’est résolue du « jour au lendemain » avec le travail à la maison. Pas exactement rapidement, mais vous comprenez que la réalisation de ce qui était permis et acceptable en télétravail a grandement joué sur ma gestion du stress. La distance et la flexibilité de l’horaire soutenues par mon autonomie naturelle m’ont vraiment rendu plus performant, sans pour autant travailler plus. Voire moins.

Prendre des appels entre deux brassées de lavage, démarrer le souper avant d’envoyer mes derniers courriels, rédiger un article passé 20 h en n’ayant pas l’impression de mettre des choses de côté, sortir de midi à une pour une épicerie rapide et un arrêt pour un lunch en chemin. C’est vraiment les petites choses, hein ? Personne qui épie ce que tu fais entre deux projets sur ton ordinateur ou qui va aller parler dans ton dos à sa pause. J'ai l'ai un peu parano, tout d'un coup, mais bon...

Je suis trop bien chez moi pour me faire surveiller dans un bureau. 

La vie sociale

C’est la seule chose qui me manque, il faut avouer*. Certes, ça a manqué à tout le monde dans les derniers temps, avec la fermeture des endroits où on avait l’habitude de se retrouver. Mais l’éloignement de la machine à café du bureau où on pouvait bavasser en attendant que la madame des finances finisse de préparer son latte se fait sentir. Regarder des Tik Tok dans ma cuisine pendant que la bouilloire chauffe n’a vraiment pas le même effet. 

Plus j’y pense, plus je m’ennuie des 5 à 7 improvisés, des lunchs en gang et même des activités de teambuilding. Mais je m’ennuie beaucoup des potins de bureau, aussi. Difficile de savoir qui a embrassé qui au dernier party de bureau quand il n’y a ni party ni collègues. On est restés bien divertis malgré tout.

La vie asociale

Est-ce que je crois qu’être ermite serait un pas trop pire choix de carrière ? Oui, tant que j’ai du wi-fi ! Non, parce que la vie sociale ne se limite pas non plus qu’à la vie de bureau. Imagine, my my. Bien que je ne m’imagine pas aller danser dans un club avant longtemps, à mon mûr âge, ça ne veut pas dire que je refuse de réintégrer la société. Même que ça rend les sorties de ma grotte encore plus excitantes et meaningful. 

Je ne pourrais pas vivre entre les quatre murs de mon bureau uniquement — avant, la télé était aussi dans la même pièce « multimédia » et le salon était un séjour de discussion pour recevoir. Je passais 16 h par jour dans la plus petite pièce de la maison, puis j’allais me coucher. Palpitante vie. Beaucoup de progrès depuis.

*Je m’ennuie aussi de l’air climatisé au bureau, mais pas d’avoir chaud dans les transports en commun.

Image de couverture par Annie Spratt
Accueil