Je suis une perfectionniste: celle qui peut passer des heures à déplacer une virgule pour rendre son texte meilleur, qui réalise tout ce qu’elle entreprend avec une minutie extrême. À l'école, je suis celle qui repasse derrière la partie de ses collègues pour changer une tournure de phrase qui améliorerait le travail d'équipe. Celle qui corrige plusieurs fois un simple courriel envoyé à son oncle pour le remercier de son cadeau de Noël. Celle qui ne comprenait pas comment, au Cégep, on pouvait remettre, la conscience tranquille, un travail pondu en 20 minutes la veille. Bref, je suis celle pour qui une simple tâche peut prendre des heures, à force de remises en question, de relectures, de corrections, de modifications.
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C’est la réponse clichée à la question d’entrevue: « quel est ton plus grand défaut? », mais dans mon cas, ça ne pourrait pas être plus vrai. Le perfectionnisme est un défaut pour moi qui ne change pas, que je sois en entrevue ou non.
Néanmoins, ce perfectionnisme me donne aussi une force incroyable. Ce trait de caractère me donne le pouvoir d’accomplir tout ce que j’exécute avec un énorme souci du travail bien fait. Avec moi, on est sûr que je n'ai pas bâclé, que je ne me suis pas dépêchée pour en finir au plus vite avec la tâche, que je n’ai pas écrit une ligne sans une pensée consciente derrière, que je n’ai pas effectué tout ce que j'avais à faire avec soin et attention. Même si je voulais consciemment bâcler une tâche donnée, je ne le pourrais pas: mon cerveau est à ce point conditionné. L’anxiété monte en moi juste en m'imaginant remettre ou réaliser quelque chose sans l’avoir maintes fois corrigée, relue et révisée.
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Malgré tout, cette recherche de la perfection, c’est un peu malsain. En fait, c’est carrément impossible. Bien que j'aime être méticuleuse, il y aura toujours une erreur qui s'est glissée; une partie que j'aurais pu améliorer ou bonifier. Parce qu'aussi fort que j'essaie, je ne peux pas être parfaite.
Somme toute, il faut que j’apprenne à répartir mon énergie. Il faut que j’apprenne à utiliser ce super-pouvoir perfectionniste aux endroits où il compte. Il faut que j'apprenne que ça ne vaut pas la peine de se rendre malade pour un travail. Que, parfois, une tâche exécutée de manière « correcte » est amplement suffisante.
Mes parents me l’ont souvent répété et je le dis moi aussi à mon tour : je dois apprendre à bâcler. Un peu. Je suis rendue si loin du côté perfectionniste, que je dois tirer la corde un peu de l’autre côté pour équilibrer les choses. Je dois apprendre à laisser tomber le travail, à savoir quand il faut le terminer. À un moment donné, tout a été fait. Le travail ne peut plus être amélioré. Ça suffit de tasser la virgule, changer la tournure de phrase, relire, modifier. Il faut ranger le travail sur une étagère et passer au suivant.