Partir… Abandonner, aborder, écarter, échapper, éclater, éclipser, aller, s'éloigner. Ce sont tous des synonymes de partir, mais j’ajouterais « vivre ».
Depuis que j’ai appris à me connaître, j’ai fait de belles découvertes sur moi-même. Sur qui je suis, sur ce que j’aime, sur là où j’ai envie d’aller. J’ai pris conscience que, dans mon cas, il n’y a pas d'antidépresseurs ou de thérapies qui réussi à me rendre aussi heureuse que lorsque je voyage.
Je dois l’avouer, j’étais en manque de partir. Alors que je suis aujourd’hui assise s1ur le toit du Black+Blue à Vancouver, je ressens physiquement et mentalement une euphorie indescriptible. Il s’est passé un si grand nombre de choses dans les derniers mois que je n’ai jamais été capable de reprendre mon souffle avant aujourd’hui. Parce que l’ordre dans lequel se sont déroulés les événements est vain et que les nommer l’est tout autant, je me contente de savourer le fait de ne pas avoir mis de genou à terre.
Par les années passées, j’ai pris l’habitude de faire mes valises pour aller respirer à poumons déployés dans l’ailleurs. Pour aller retrouver cette partie de moi qui se cache sous des couches de tulles et qui n’arrive à poindre son nez que lorsque je suis éloignée.
Je n’en suis pas encore au point de faire mon sac et de partir à l’aventure, mais mes voyages de « découvertes » me permettent de renouer avec une femme que j’adore. En voyage, voire même en vacances, je deviens une autre personne, ou plutôt devrais-je dire, je redeviens moi. Le doute m’est inconnu et j’habite mon insouciance, mon intelligence. Ancrée dans le moment présent, je me trouve belle et une grande douceur s’empare de moi. Celle que je ne peux être chez moi dû aux aléas de la vie.
Tout d’abord j’ai un sourire béat dans le visage et j’ai une réelle ouverture à rencontrer les gens, découvrir les endroits, sortir de ma zone de confort. Je voyage seule la plupart du temps et j’adore. Je fais ce que je veux, vais où je veux, n’ai pas d’horaire, de compte à rendre. Bref, comme l’est tatoué sur ma main droite « free » ; je suis totalement libre.
Source de l'image : photo courtoisie de l'auteure
Je ne suis plus la mère, plus la fille, plus l’amie, l’amante, l’ex, la réviseure, la rameuse. Quand je suis ailleurs, je me laisse posséder par l’endroit, les gens. Et puis, à force de voyager, j’ai la confiance d’oser ce qui me donne envie. Marcher la ville, goûter les plats, me faire des amis, prendre le bus, le métro, le train ; bref, plus rien ne me fait peur.
Quel beau cadeau que de s’offrir une rencontre avec soi-même. Quel privilège énorme que de pouvoir passer plusieurs jours avec moi à me prendre par la main, à danser sur le lit, à me faire payer un verre au bar de l’hôtel, à prendre le train de ville, à courir dans un parc, à monter un cheval nommé Hope, à rouler cheveux au vent sans direction précise, à rencontrer plein de nouveaux humains du coin, à me moquer de mon mauvais anglais, à chanter Mylène Farmer au Karaoké du night market, à manger des tonnes de cheescake, à jouer au beach-volley avec de nouveaux amis, à rire, à VIVRE!
Et c’est aujourd’hui que je réalise avec certitude que je dois parfois partir, puisque sinon je m’enterre vivante dans mon propre esprit, dans mon propre corps. Je me perds en moi-même quand je n’ai pas voyagé depuis un moment. Mon corps devient mon étau et j’y étouffe.
Il est si bon de s’asseoir dans l’avion et de faire connaissance avec sa voisine. Cette fois, j’ai rencontré Lina, une magnifique jeune femme arabe qui vit ici, à Vancouver. Nous avons essayé de discuter de notre mieux, l’anglais n’étant pas notre langue mère. Bref, j’en suis ressorti grandi. Ensuite j’ai rencontré Olivia dans le car qui nous ramenait à l’hôtel ; j’avais d’abord compris qu’elle était co-pilote pour Air Canada, pour finalement comprendre qu’elle est co-chef de service. Nous en aurons bien ri! Je ne parle pas de Bill qui fait de délicieuses Sangrias, Amar à l'entrée qui m’a déposé après son boulot au Granville Island puisque c’était sur son chemin. Bref, les gens sont si gentils, mais dans le tumulte de nos vies quotidiennes, rares sont les fois où nous prenons le temps de nous ouvrir aux autres.
Source de l'image ; photo courtoisie de l'auteure
Au moment où j’ai réservé mes billets d’avion, j’ai senti un courant de bonheur m’envelopper toute entière. Comme si dans les derniers mois, mon essence s’était diluée dans mon quotidien. Je suis aujourd’hui assise, à regorger de filtre d’allégresse ma vie.
Après ce voyage, je sais que je reviendrai à la maison, légère, heureuse, bien dans mon corps et dans ma tête, des souvenirs plein la tête et que je serai à nouveau la meilleure version de moi-même. Je sais aussi que je recommencerai à profiter du bonheur de côtoyer les gens de mon entourage devant un Bubble Tea, ou un rosé. Parce qu’on aura beau dire, tout est question d’équilibre, et le mien est à nouveau atteint aujourd’hui. Il suffisait de partir.