Juin 2018: étudiante au Cégep, j’ai la chance de m’envoler vers l’Inde, un pays de plus prisé par les jeunes touristes. Nous sommes une vingtaine à partir, tous issus de programmes différents. À ce jour, ce court deux semaines passées en Asie à manger différemment, à se plaindre de la chaleur accablante, mais surtout, à rire beaucoup, à se sentir réellement vivant et à créer des amitiés qui durent encore est le plus beau voyage que j’ai fait.

Nous atterrissons à Delhi, ville animée qui abrite aussi la capitale de l’Inde. Aucune des maintes rencontres préparatoires pré-départ n'auraient pu nous préparer à cette métropole qui exige d'être vue, entendue, sentie, vécue. La chaleur torride, l’odeur nauséabonde des rues, les klaxons tonitruants, le trafic turbulent, la nourriture épicée: tous nos sens sont en éveil et tentent de saisir le spectacle de nouveautés déstabilisantes qui s'offre à nous.

Pour notre séjour près de la ville bouillonnante, une habitante locale et sa famille nous héberge. Cette maison sur trois étages qui nous permettra de tous dormir sous le même toit est en banlieue de Delhi, dans une petite ville qui se nomme Faridabad. Tout de suite, on ressent cette ambiance de petit quartier, où les locaux vont et viennent, mangent, prient, font des courses. Je suis contente de ne pas me retrouver dans un hôtel et d'expérimenter la ville comme tous ces autres gens qui y vivent en permanence. La maison, que je trouve déjà bien assez luxueuse pour ce que nous y ferons: dormir, est parfaite pour nous.

notre maison à FaridabadVue de notre balcon à Faridabad

Nos hôtes nous offrent un accueil chaleureux, bien que nous arrivions au milieu de la nuit. C’est là-bas, sur la terrasse située sur le toit de la demeure, que nous mangerons la plupart de nos repas. Cuisinés par un jeune homme indien, nous goûtons la nourriture locale en observant le va-et-vient des passants plus bas.

Quand nous sortons en groupe pour visiter, on monte dans un petit autobus. Pour les temps libres où le groupe se sépare parfois en petites cliques, nous empruntons ces bolides colorés et pas très prudents, mais qui nous amènent toujours à bon port  pour un coût moindre.

touk touk indien

À Delhi, notre petit groupe visitera le Taj Mahal, merveille du monde et témoignage sacré de l’amour que portait l’empereur moghol à son épouse. La pureté du marbre blanc et le détail des gravures qui y sont apposées; les grandes lignes droites et les coupoles arrondies qui le surmontent en font, évidemment, un incontournable. Nous aurons aussi la chance de visiter le Red Fort, l’India Gate, la tombe de Ghandi et de l’empereur Humayun, le Lotus Temple, un temple Sikh, ainsi que la plus vieille mosquée d’Inde, dont les ruines sont d'une splendeur ineffable.

taj mahalLe Taj Mahal
tombe d'humayunLa tombe de l'empereur Humayun
plus vieille mosquée d'indeQûtb Minâr, la plus ancienne mosquée d'Inde

À travers visites ensoleillées et balades pieds-nus dans différents temples, diverses péripéties se sont présentées à nous. Lors d’une visite au marché local, nous avons perdu la moitié du groupe. Un peu inquiets de les avoir égarés dans ce lieu inconnu, on continue de tout observer avec une soif insatiable d’apprendre, de découvrir, d’expérimenter. Nous les retrouverons peu après.

Au cours des activités, on essaie de se faire comprendre aux locaux, de se débrouiller avec les quelques mots d’hindi qu’on connaît, tandis qu’ils nous répondent dans un anglais cassé. Quand le jour décline et que vient le temps de rentrer à la maison, notre chauffeur se perd et demande son chemin à plusieurs passants. On s’inquiète un peu, mais on est enivrés par toutes ces nouvelles sensations, on chante à tue-tête de vieilles chansons pendant qu’on finit par revenir exactement où on le voulait.

C’est à travers des cours d’hindi, d’anglais et de yoga; de sorties jusqu’aux petites heures du matin et de randonnées sur les routes chaotiques de Delhi que se déroule notre séjour. Là-bas, alors que nous serons complètement dépaysés, plusieurs indiens nous demanderont de poser avec eux en photo et voudront discuter avec nous, comme complètement fascinés par notre peau pâle, preuve que les habitants de ce grand pays ne sont pas dans l'habitude de recevoir beaucoup d'occidentaux sur leur terre.

Lors de la deuxième semaine de voyage, nous avons fait le chemin jusqu’au Nord de l’Inde, dans une petite région nommée Dharamsala. Là-bas, au cœur de l’Himalaya, l’air se rafraîchit pour notre plus grand bonheur, les déchets qui jonchaient les rues de Delhi se font plus rares, l’air devient plus pur et l’ambiance plus calme, beaucoup moins effervescente qu’en ville.

En effet, ce petit village est reconnu pour y pratiquer la méditation. Dharamsala, c’est la rivière et les montagnes; les grands arbres et le thé qu’on boit chaque matin; le petit chemin dans la forêt dans lequel on se perdra durant une averse torrentielle et la petite école où les enfants essaieront de nous enseigner un jeu populaire qu’on ne comprendra pas.

dharamsala himalaya

himalaya

dharamsala himalaya

Un jeune garçon de la communauté nous montrera le chemin jusqu’à une petite rivière au creux des montagnes, où les plus braves d’entre nous oseront s'y baigner malgré la fraîcheur glaciale du courant. Tout au long de la descente, oscillant entre vouloir profiter du paysage sublime qui s’offre à nous et se préoccuper du nombre effarant de sangsues qui s’accrochent à nos chevilles, nous ressentons une immense gratitude de se retrouver là, en cet instant, en compagnie de ces gens précisément.

rivière himalaya

Bref, je porte un grand amour à l’Inde même si je ne suis pas sûre de vouloir y retourner un jour. C’est cette partie du monde où j’ai été dépaysée comme jamais auparavant, mais surtout, où j’ai apprécié tellement de gens précieux que je n’aurais jamais rencontrés autrement. Je pense à celui qui dansait constamment, qui jouait au responsable lors des sorties en s’assurant que chacun de nous était en sécurité. Je pense à celle toujours motivée et heureuse, la version humaine d’un soleil, le sourire immanquablement accroché au visage. Je pense à celui qui savait tous nous faire rire, auprès de qui on se sentait léger et frivole, qui avait le sens du rythme. Je pense à la timide, la délicate, la petite peau blanche comme du papier qui préférait son lit aux sorties nocturnes. Je pense à la grande voyageuse, celle qui en avait vu d’autres avant l’Inde et qui repartirait bientôt construire une école en Afrique. Je pense à celle pour qui cette expérience était très loin hors de sa zone de confort, mais qui l'a affrontée avec courage et résilience.

J'ai un souvenir très vif de toutes ces personnes, ces moments et ces paysages qui me manquent aujourd'hui. J'espère qu'il ne ternira jamais.

Je vous souhaite tous de partir à la découverte du monde et d'y trouver, sur votre chemin, des gens qui vous font sourire et qui sait, peut-être aussi une petite partie de vous-mêmes.

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