Il n’y a parfois pas de bons mots pour le dire. Pourtant, ces autrices ont su trouver les mots appropriés pour parler d’une multitude de sujets délicats. Ainsi, elles ont réussi à soulever les sujets de l’avortement, de la violence conjugale et de la maladie de manière respectueuse et bienveillante. Leurs mots doux aident certainement ceux et celles qui ont besoin de retrouver une expérience similaire à la leur dans la lecture. Ces autrices ont fait aller leur plume pour partager une tornade d’émotions et de réflexions sur ces sujets sensibles.  

Deux et demie de Carolanne Foucher

Photo : Mégane Therrien

Deux et demie est un recueil de poèmes qui sort de l’ordinaire. En effet, rares sont ceux qui ont un récit qui se suit, mais c’est bien ce que nous offre Carolanne Foucher : une histoire à la fois douce et amère. L’œuvre tourne autour d’une relation amoureuse on and off, comme plusieurs l’ont vécu. Les partenaires retombant sans cesse dans les bras de l’autre, jusqu’à qu’un petit être se pointe le bout du nez. L’autrice aborde le sujet de l’avortement en nous faisant plonger dans les réflexions d’une jeune femme qui doit faire un choix bien difficile. L’œuvre est à la fois légère, faisant rire par moment, et émouvante devant la multitude d’émotions que crée cette décision déchirante. 

Match de Lili Boisvert

Photo : Mégane Therrien

Match est le tout nouveau roman de l’autrice féministe Lili Boisvert, connue pour son œuvre Le principe du cumshot. Match raconte l’histoire d’Émilie, une femme forte selon les dires de tous, qui se retrouve prisonnière d’une relation amoureuse malsaine. Lili Boisvert démontre les dessous des relations toxiques ainsi que les commentaires sournois et destructeurs de la violence psychologique. Son roman fait énormément réfléchir puisqu’il démontre que tous peuvent se faire entourlouper par des manipulateurs, même en étant conscient de l’existence de la violence physique et psychologique. L’œuvre est à la fois touchante, frustrante et effarante, un mélange qui la rend excellente.

Ressource à consulter si vous êtes en situation dangereuse d’abus domestiques : https://sosviolenceconjugale.ca/fr 

Jardin Radio de Charlotte Biron

Photo : Mégane Therrien

Malgré le fait qu’elle n’aime pas l’appeler ainsi, Jardin radio est une autofiction de Charlotte Biron. Celle-ci met en scène une doctorante, qui, en plein parcours universitaire, apprend qu’elle devra subir plusieurs interventions pour retirer une tumeur à la mâchoire. Nous vivons avec l’autrice les deuils qu’imposent la maladie et les défis éprouvants que la narratrice doit relever, autant sur le plan physique que psychologique. Charlotte Biron réussit à nous parler de la maladie sans tomber dans les clichés ou tout en gardant la lecture légère. L’autrice nous parle du cancer de manière bouleversante, en combinant la solitude et les craintes, et douce à la fois puisqu’elle y inclut de nombreuses métaphores. Son écriture lyrique malgré ses cordes vocales défectueuses en fait un roman percutant. 

Tout comme les tortues de Marie-Christine Chartier

Photo : Mégane Therrien

Tout comme les tortues raconte l’histoire d’amour de Samuel et Ariane, meilleurs amis d’enfance. Lorsqu’Ariane tombe enceinte de manière imprévue, ils sont confrontés à la décision la plus difficile de leur vie : Ariane doit-elle avorter ? C’est à Ariane que revient la décision finale, à l’opposé de celle qu’aurait prise Samuel. Cette rude épreuve met fin à leur relation amoureuse, ne sachant plus comment s’aimer avec cette douleur qui les habite. Ariane décide de fuir sa vie en voyageant en Amérique du Sud, alors que Samuel décide plutôt de refaire sa vie avec une autre. Lorsqu’Ariane revient de son périple, la réalité rattrape les deux personnages. Marie-Christine Chartier nous plonge dans une histoire douloureuse et belle à la fois, entremêlant deuil et guérison. 

Mister Big ou la glorification des amours toxiques d’India Desjardins

Photo : Mégane Therrien

Nombreuses sont celles qui trippent sur les bad boys, mais pourquoi cette attirance pour ceux qui ont un don spécial pour nous briser le cœur ? C’est un peu la question que se pose India Desjardins dans son essai Mister Big. Selon son analyse, la culture glorifie les amours toxiques, ceux qui briment la femme. Ces relations toxiques dans lesquelles la femme porte tous les blâmes, se sent constamment coupable et valorise le peu de reconnaissance reçue de la part de son partenaire. Pour démontrer la toxicité des personnages masculins, India Desjardins passe en revue plusieurs films réalisés depuis le milieu du 20e siècle. Ceux-ci sont plus souvent qu’autrement riches et ils détiennent le pouvoir autant monétairement que sur leur partenaire amoureuse ou sexuelle. Malheureusement, les œuvres nous reflètent aussi bien souvent que la femme changera pour lui. Bien que l’essai porte sur un sujet sérieux et problématique en société, India Desjardins réussit à nous faire sourire avec des commentaires sarcastiques bien placés tout au long de l’œuvre.

L’autrice fait bien réfléchir en posant la question suivante : « est-ce qu’il serait possible que la fiction ait un impact sur notre façon de vivre les relations amoureuses ? » (Desjardins, p. 44).

Image de couverture par Freestocks
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