Aujourd'hui, c'est mon Jour 30 de confinement. Je me suis levée à 11:23, comme tous les matins depuis que j'ai perdu ma job, et je me suis dit que c'était un jour parfait pour faire un premier bilan de cette période de ma vie. Pourquoi aujourd'hui en particulier? Parce qu'il ne fait encore pas beau, que je n'irai donc pas jouer dehors avec les enfants et que je n'ai pas inclus « l'école à la maison » dans ma liste des priorités. C'est d'même! Je suis une paresseuse et je me fous pas mal de l'éducation de ma progéniture !!
Bon, ok, ce n'est pas tout à fait vrai.
Je ne suis pas vraiment une paresseuse. J'ai trois enfants et un emploi à temps plein (ben jusqu'à il y a 30 jours...), aussi bien dire que je n'ai pas dormi depuis 13 ans! Alors j'en profite. Je ne mets pas de réveille-matin et je dors jusqu'à ce que mon corps se réveille naturellement... ou que le plus jeune vienne me voir parce qu'il s'emmerde, mais ça c'est une autre histoire. Il faut dire aussi que je m'endors autour de 2:00 du matin depuis le début de mon confinement. C'est comme si mon cycle de sommeil était retombé en adolescence. Ça va être beau quand je vais devoir retourner au travail…
De toute façon, je peux bien m’endormir au milieu de la nuit, je n’ai pas besoin de me lever tôt. Je ne travaille pas, les enfants se font leur déjeuner tout seul et ils ont droit de faire de l’écran le matin.
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Normalement, chez nous, il n'y a pas d'écran de la semaine. C'est une décision qu'on a prise dès la naissance de notre première et on n'y a pas dérogé depuis. Mais là, on s'entend qu'on ne vit pas une période normale. Et, sérieusement, je veux vraiment dormir le matin. (Ok, je suis peut-être une paresseuse finalement...) Donc, depuis le début du confinement, les enfants font de l'écran tous les matins, de 9:00 à 11:00. On s'entend qu'ils capotent, que ce confinement est la plus belle chose qui pouvait leur arriver et qu'ils me laissent donc dormir en paix. Mon chum, qui a toujours son emploi, est tellement jaloux !!
Tout ça pour dire que je me réveille généralement entre 11:00 et 11:30. Et là, tous les jours, les enfants viennent me rejoindre dans mon lit et on fait des câlins jusqu'à... l'heure du dîner, qui, elle aussi, est très approximative...
Chez nous, on est des calineux. On profite donc de cette absence d'obligation de respecter un horaire pour rester couchés le plus longtemps possible à ne rien faire d'autre que de se caresser les cheveux, se frotter le dos, se cacher en dessous des couvertures et se serrer dans nos bras.
Une heure, des fois plus, de câlins avec mes enfants, tous les jours, depuis 30 jours. Le bonheur !! Sérieusement, je n'ai jamais passé autant de temps dans mon lit que depuis le début du confinement. Si ça continue, je vais avoir des plaies de lit et Dr Arruda lui-même devra venir me soigner.
Ok, je suis assurément une paresseuse finalement !!
Il faut dire aussi que ma sortie du lit signifie la préparation du dîner. Et ça, c'est pas mal la partie que je trouve la plus pénible de ce confinement. J'adore manger, mais être obligée de préparer un dîner pour quatre personnes, tous les jours, alors que ça fait à peine une heure que j'ai ouvert les yeux (ok, je sais, ça c'est vraiment de ma faute), c'est poche en maudit. Je ne peux quand même pas leur servir des toasts au beurre d'arachides pour le lunch. Déjà que j'ai laissé tomber le volet éducatif durant ce confinement, je ne peux pas en plus les nourrir n'importe comment...
Bon, ok, ça fait déjà deux fois que je dis que j'ai laissé tomber l'éducation de ma progéniture durant cette drôle de période. Je le sens, vous me jugez. Ou en fait vous êtes jaloux. Vous aussi vous aimeriez bien ne pas faire l'école à la maison, n’est-ce pas?
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Mais il y a la pression de la réussite. Et il y a les trousses pédagogiques du gouvernement. Et il y a les programmes spéciaux de Télé-Québec. Et il y a les profs qui envoient des courriels tous les deux jours. Et il y a la classe de Madame Marie-Ève. Et il y a l’École ouverte. Et il y a tous les amis qui affichent sur Facebook les récents succès de leurs petits génies. Et il y a la voisine qui est tellement dédiée qu'on l'entend faire des dictées à travers le mur mitoyen. Et il y a les grands-parents qui appellent pour savoir si on a lu les dernières recommandations qui ne sont pas obligatoires, mais qui sont fortement recommandées…
Et finalement il y a moi, qui ne suis pas une enseignante.
Bref, j'ai décidé très rapidement, mais non sans y avoir beaucoup réfléchi, que l'école à la maison ce n'est pas dans mes capacités. Est-ce que j'ai déjà dit que je suis une paresseuse?
Ben non, en réalité ça n'a rien à voir avec de la paresse. Et ça n'a rien à voir avec l'importance que j'accorde à l'éducation. C'est une décision que j'ai prise de manière réfléchie, après en avoir discuté avec l'enseignante d'un de mes enfants, après avoir évalué mes (lire ici absence de) talents de pédagogue.
J'ai décidé que cette période très particulière de confinement serait un moment agréable pour mes enfants et moi. Une période dont ils allaient se souvenir pour le reste de leur vie pas seulement à cause de la pandémie, mais surtout grâce au temps de qualité passé ensemble et au bonheur que cela nous aura procuré. Le bonheur de vivre à notre rythme, sans horaire, sans obligation. Le bonheur de jouer toute la journée parce qu'on n'a rien d'autre à faire. Le bonheur de cuisiner des plats spéciaux le soir, car on a enfin le temps. Le bonheur de faire des cabanes dans le salon et de les laisser là pendant des jours parce qu'on n'a pas besoin de ranger la maison. Le bonheur de prendre de grandes marches, sans destination précise. Le bonheur d'écouter de la musique à tue-tête au milieu de la journée parce qu'on ne dérange personne. Le bonheur de relever les petits défis qu’on leur donne. Pour le plus jeune c’est de réussir à lire un petit livre par semaine. Pour le second c’est d’écrire une lettre à ses grands-parents toutes les semaines. Pour la plus grande, c’est d’apprendre et de pouvoir jouer à la guitare une chanson qu’elle ne connaissait pas il y a quelques semaines (Informer, de Snow, ça te dit quelque chose…). Et, à l’occasion, on ajoute un petit exercice de mathématiques, une petite dictée, un peu d’anglais ou d’espagnol, ou autre. Et grâce à ces petits bonheurs et ces petits défis, mes enfants acquièrent toutes sortes de connaissances, naturellement, à leur rythme. Sans pression, pour eux comme pour moi.
Alors finalement, après 30 jours de confinement, mon premier bilan est le suivant :
- J’ai peut-être perdu ma job, mais j’ai la chance de pouvoir être totalement disponible pour mes enfants.
- Je dors énormément et, pour la première fois de ma vie depuis je ne sais plus combien d’années, je n’ai pas le besoin de mettre du cache-cernes.
- Mes enfants ne pourront jamais de leur vie dire que je ne leur ai pas suffisamment donné d’affection.
- L’éducation, ça s’évalue avec des chiffres et des lettres, mais ça implique aussi l’autonomie, la créativité, le savoir-vivre, la sensibilité, la débrouillardise, l’ouverture d’esprit et j’en passe.
- Je n’aurais jamais pu être enseignante et je lève mon chapeau à tous ceux qui font ce métier indispensable et difficile.
- Ah oui, et j’ai fait un pain maison!!
Et vous, quel bilan faites-vous de votre confinement jusqu’à présent?