Traumavertissement: tentative de suicide. Des ressources sont disponibles à la fin de l'article.

J’ai cru que ma vie allait s’arrêter en août.
Après un début d’année difficile, un monde qui vire fou, je me retrouve au plus bas. J’ai le cœur brisé. Je crève de mal. Oui, j’utilise le mot crève, car c’est exactement ce que j’ai ressenti.
J’ai eu envie de mourir.
Je n’ai pas compris ce qui s’est passé, ça m’a semblé tellement brutal et inexplicable.
C’était trop pour lui, il n’avait pas les épaules pour vivre avec mes angoisses, il n’avait pas les épaules pour me rassurer. Il a craqué, il est parti.
Est ce que je le trouve lâche? Oui, je pense. Mais certains diront que je n’ai peut-être pas le recul nécessaire.
Mais je pense véritablement que quand on aime une personne, on combat ensemble les moments difficiles et on ne baisse pas les bras lorsque ça devient trop demandant. Encore une fois, je suis peut-être trop utopiste de penser comme ça.

C’était un vendredi. Je le sentais dès le matin que quelque chose allait se passer. Et ça n’a pas loupé, il m’a quitté, et le soir, je finissais à l’hôpital.
J’avais trop encaissé, depuis bien trop longtemps, sans prendre le temps de prendre soin de moi, sans prendre le temps de panser mes blessures passées, sans travailler en profondeur sur mon mal-être.
Mon corps a dit « stop », mon corps m’a dit que c’était trop pour lui, et que cette goute d’eau ne passerait pas dans mon vase déjà plein. Il a donc débordé.
J’ai décidé de prendre des médicaments, je pensais pouvoir arrêter de penser, arrêter de pleurer, mais ça ne passait pas, donc j’en ai pris plusieurs, j’ai pris de l’alcool avec tout ça. J’ai commencé à divaguer. Je suis sortie de ma chambre et la ma colocataire a vu que quelque chose n’allait pas, et à quelques détails près, elle a composé le 911.
J’étais effrayée et je ne comprenais pas tout ce qu’il se passait autour de moi. Et par-dessus tout, j’avais encore si mal putain... Mon cœur était en miettes, en 1000 morceaux. C’était indescriptible.

biscuit coeur briséSource image: Pexels

Le soir même, quand j’ai repris un peu conscience, je voulais sortir des urgences, mais je ne pouvais pas. Je devais attendre de voir le psychiatre le lendemain matin. Ça me rendait folle, j’étais comme enfermée... mais, c’était pour mon bien. Cet « enfermement » fait que je suis encore là aujourd’hui, je pense.
Le lendemain, je vois donc ce psychiatre, et là c’est le coup de massue. À quelques mots près, ça ressemblait à « continuez comme ça madame et vous ne vous louperez pas. Il est plus que temps de prendre soin de vous. Recentrez-vous. Faites-vous aider. » C’est drôle ça, faites-vous aider... oui, d’accord, mais comment? J’ai mal vous comprenez? Ça peut se réparer, un cœur, monsieur? Ça peut s’apaiser une agression? Est ce que mes maux d’enfants peuvent s’atténuer?
Bonne chance...
Tout d’abord, il me met en arrêt de travail. Je ne peux de toute façon plus mettre un pas devant l’autre!
Il me parle d’un centre de répit, un centre de « crise » qui permettra de déconnecter et me recentrer sur moi.
Je réfléchis quelques jours. Je vais me reposer chez une amie. Je ne suis même pas capable de me faire à manger, elle m’apporte ça au lit. Elle est parfaite, et je l’en remercie tellement d’ailleurs. Discussions, pleurs, discussions, encore pleurs.
Ok, je vais au centre.
J’ai peur! C’est l’inconnu le plus total.
Je suis intervenante de profession, et je vais me faire aider par d’autres intervenant.es. Je me juge d’être là, je me juge de toute façon bien souvent. Mais honnêtement, petit à petit, je baisse ma garde. Je passe moins de temps à réfléchir au sujet des autres, je passe plus de temps à penser à moi et à ce que j’aime.
J’avais oublié ce que j’aimais, j’avais en fait oublié qui j’étais.
J’ai recommencé à lire et à mettre mon cell de côté.
La route est encore très très longue, mon cœur a encore mal, mais je parviens à doucement apercevoir des lueurs d’espoirs.
J’ai une famille, physiquement très loin de moi, mais présente et aimante. J’ai des amies, des sœurs de cœur, des bouffées d’oxygène. Merci à vous, car je sais que ça n’a pas été simple à gérer pour vous non plus.

La fin de ce témoignage est peut être un peu rapide, mais ça ravive beaucoup de choses que je ne suis peut-être pas encore prête à aborder, mais il me semble que la, on est sur un « bon » début.

Si vous vous trouvez dans une situation semblable, ou avez un proche qui semble avoir besoin d’aide, n’hésitez surtout pas à aller chercher du soutien. Voici une liste de ressources qui sauront vous épauler.

Source image de couverture: Unsplash
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