« Maman, quand est-ce que je vais être grand comme toi ? »

Tu es déjà très grand, mon bonhomme ! À ton âge, j’étais encore la plus petite de ma classe, moi. 

« Non, je veux dire, grand comme les adultes le sont ! »

Ah oui, les adultes. Alors c’est plus chouette d’être un adulte qu’un enfant, tu crois ? 

« Mais bien sûr, maman ! Les adultes savent tout eux et ils n’ont peur de rien. Toi, tu sais déjà tout faire et tu n’as besoin d’aide de personne pour le faire ! »

C’est vrai que cela semble chouette d’être cette personne ! Mais si c’est bien ça d’être un adulte, j’ai bien peur qu’il n’y ait que des enfants toute la vie. 

« Mais non, voyons, il y a les enfants et il y a les adultes. Et toi tu es une adulte parce que tu sais tout ! »

Je suis loin de tout savoir, tu sais. Comme toi, j’apprends encore un tas de choses tous les jours et je sais que demain, même si je suis devenue une adulte, j’apprendrai encore autre chose. 

« Mais maman, ce n’est pas possible ce que tu dis. Tu as fini l’école, tu as fini d’apprendre toi. »

Tu sais mon grand, je n’ai pas arrêté d’apprendre de la vie après l’école. Je dirais même que les choses les plus importantes m’ont été transmises à l’extérieur de l’école. Comme tu dis, dans ton monde d’enfant à toi présentement, il y a les enfants et il y a les adultes. Bientôt, tu verras qu’il y a l’école et qu’il y a la vie. Plus tard, tu comprendras aussi qu’il y a ta vie et qu’il y a un monde. 

« Peut-être, mais moi je suis encore à l’école. Je dois donc apprendre de l’école avant d’apprendre de la vie. »

Il y a l’école à travers la vie. Si tu ne t’arrêtes qu’à l’école, tu vas manquer toutes les belles occasions d’apprendre de la vie comme moi je le fais. 

« Le truc c’est qu’il y a ce grand mur d’escalade à grimper dans mon cours de gym. Tous les garçons de ma classe le montent en 2 minutes, eux. Moi, il me fait beaucoup trop peur, ce mur. Je ne veux même pas l’essayer, c’est sûr que je vais tomber. »

C’est normal d’avoir peur des choses qu’on n’a jamais essayées, tu sais. Ce qui est bien avec la peur, c’est qu’elle ne reste jamais bien longtemps. C’est un sentiment que tu vas éprouver devant tout ce que tu ne connais pas, tout ce qui sera nouveau pour toi. Mais sais-tu comment on se débarrasse de cette peur ?

« Dis-moi ? »

Par le courage. 

« Moi je ne suis pas courageux comme toi ou comme un adulte, je vais toujours avoir peur. »

Tu te souviens, tantôt je te disais qu’il y a l’école et qu’il y a la vie. Si tu n’as pas encore trouvé le courage de grimper ce mur, c’est parce que tu attends encore que l’école te l’apprenne. Tu vois, le courage, ça n’a rien à voir avec l’école, mais tout à voir avec la vie. La vie va te rendre courageux. 

« Mais comment ? »

En te donnant des occasions comme celle-ci de lui montrer que tu l’es. Comment crois-tu que j’aie fait pour ne plus craindre les monstres sous mon lit la nuit moi aussi ? Et comment crois-tu que ces garçons de ta classe fassent pour grimper ce mur ? Ils ont combattu leur peur par le courage. Il suffit de croire que tu es plus courageux que ta peur. 

« Mais alors si je décide d’être courageux et de monter ce mur, il se peut que je ne réussisse même pas. »

Être courageux ne garantit pas le succès, mon grand. Tu peux faire preuve de tout le courage du monde, mais quand même tomber. En revanche, si tu es courageux, tu vas trouver la confiance pour recommencer. 

« Tu vois, je t’avais dit que tu savais tout ! Alors, maman, maintenant que tu m’as appris à être courageux, montre-moi comment être responsable. »

J’aimerais bien que ce soit si facile, mais vois-tu, je ne t’ai pas appris à être courageux. Comme je t’ai dit, ce n’est pas les adultes qui apprennent aux enfants comment le devenir. Je t’ai plutôt expliqué comment la vie allait te donner la chance de devenir courageux par toi-même, en commençant par ce mur d’escalade. Un jour, elle te donnera aussi l’occasion de devenir responsable. 

« Mais alors toi aussi tu es devenue courageuse en montant un mur d’escalade ? »

Pas tout à fait. Il n’y a pas qu’une seule façon de devenir courageux. Comme je te disais tout à l’heure, il y a l’école et il y a la vie. L’école va apprendre à tous les enfants comment faire un calcul de la même façon. La vie, quant à elle, peut te montrer à devenir courageux d’un million de façons différentes. Et c’est pour ça qu’il y a aussi ta vie à travers le monde. La façon dont la vie te donnera l’occasion d’apprendre, de te développer et de grandir à travers elle ne sera pas la même que pour moi ni pour tous tes autres copains de classe. C’est pour ça que tu n’as pas besoin de faire les choses de la même façon ou en même temps que les autres non plus. 

« Je vois pourquoi tu dis maintenant qu’on apprend toute notre vie. Il y a tellement de choses que je ne sais pas encore. »

En effet, mais tu n’as pas besoin de les savoir tout de suite. Tu verras que la vie est remplie d’apprentissages personnels et que si tu les suis, elle te mènera toujours vers la meilleure personne que tu peux devenir. Et, crois-moi, cette personne est encore meilleure que d’être un adulte. 

Image de couverture par Xavier Mouton
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