J’ai toujours voulu une grosse famille. Depuis que j’étais jeune, j’alignais mes toutous et je les endormais avant de faire dodo. Quand ma mère a eu mon petit frère, lorsque j’étais presque adolescente, j’étais super heureuse et je le trainais partout. Je l’amenais au parc, je changeais ses couches, je l’endormais. J’adorais mon rôle auprès de lui. Il a toujours été question que je trouve l’homme avec qui je voudrais fonder une grande famille. J’ai trouvé le papa idéal, l’amoureux idéal pour moi. Nous avons fondé notre famille une première fois avec Charlie. C’était une grossesse tellement facile, aucune nausée du matin, peu de maux de ventre. Je mangeais santé et je n’ai pas eu de ventre avant six mois. Je pouvais facilement porter mon linge de tous les jours. Je ne me sentais pas limitée. J’ai fait du sport, je marchais beaucoup et je n’étais pas trop fatiguée. L’accouchement en soi s’est déroulé assez rapidement, j’ai perdu la moitié de mes eaux dans la douche et lorsque je suis arrivée à l’unité de naissance, ils ont crevé le reste. Cependant, je ne ressentais pas mes contractions, j’ai dû attendre un peu et recevoir un liquide qui me permettrait de les sentir afin de pousser. Vingt minutes plus tard, Charlie était née. Un bon bébé.

Mon anxiété m’a joué de vilains tours cette année-là, après l’accouchement. Mes hormones ne se stabilisaient pas et je ne trouvais pas ce qui faisait que j’avais si mal au creux de moi. J’avais l’impression d’échouer, d’être seule, d’être jugée. Je suis finalement allée chercher de l’aide. Ce fut très difficile pour moi de me montrer vulnérable à ma jeune fille qui, elle, était un bébé vraiment parfait. Puis, le temps est passé. J’ai continué mes études, j’ai travaillé, j’ai vu grandir ma belle petite fille en une charmante enfant qui sait ce qu’elle veut.

J’ai appris que j’étais enceinte en décembre, précisément le matin du 31. J’étais ébranlée. Cette grossesse n’était pas prévue. Je savais que j’étais très fertile, mais à ce point-là, ce fut assez surprenant. Je devais repousser mes études encore une fois, et je devais m’adapter avec ma mini qui, elle, ne comprenait pas trop trop ce qui se passait. Mon conjoint était super content. Il rêvait aussi d’une grosse famille. Après l’avoir annoncé, je me sentais plus confiante, je savais que nous avions bien réussi avec Charlie. Notre couple allait bien, je nous sentais d’attaque. Mais c’est là que le l'enfer a commencé.

femme enceinte Source image : Unsplash

J’ai été malade, des nausées à n’en plus finir. Lorsque cela a passé, j’ai eu une grosse infection au col de l’utérus. J’ai eu besoin de faire un tour à St-Justine. Nous n’étions pas certains si j’allais perdre le bébé ou pas. J’ai été gravement malade, étourdie. Je suis tombée dans les pommes, j’ai eu de la fièvre. Finalement, avec des antibiotiques, j’ai réussi à prendre le dessus. Durant tout le processus, je me sentais coupable et affreusement mal, car j’étais de moins en moins présente pour ma fille. Elle était bien entourée, mais ce n’était pas maman qui était là et je m’ennuyais terriblement d’elle. Lorsque le bébé s’est stabilisé, c’est mon poids qui a commencé à augmenter de façon considérable. Mon médecin pensait que je faisais du diabète de grossesse. J’ai donc été rapidement prise en charge pour faire les tests. Finalement, je faisais beaucoup de rétention d’eau. 40 lb en plus, rendue au septième mois de grossesse, je trouve ça difficile. Je n’ai jamais pesé ce poids et même si je le sais temporaire, cela joue beaucoup sur mon estime. Je sais que je porte la vie et que je suis chanceuse, mais dans ma petite tête, le hamster se fait aller. Qu'en sera-t-il après l’accouchement? Accouchement que j’ai peur de voir arriver. J’ai des contractions qui me font très mal, et ce depuis le début du sixième mois.

J’ai envie d’être présente aussi pour ma petite qui a presque deux ans et qui découvre à mille à l'heure. Je n’ai pas envie d’avoir d’autres enfants après cette grossesse. Je veux aimer mes filles du plus profond de mon cœur et leur offrir en retour une maman saine d’esprit. Je ne dis pas qu'une autre grossesse n’est absolument pas possible. Cependant, il faudrait un miracle, car pour le moment, mon idée est faite. Mon conjoint la respecte et comprend mon point de vue. Je me sens limitée, enfermée dans mon propre corps, indisponible pour ma fille et je trouve ça vraiment difficile. J’ai peur du retour possible de l’anxiété après ma grossesse. J’ai peur de ne pas réussir à donner à chacune de mes filles du temps de qualité. J’ai peur que ma plus vieille se sente délaissée et j’ai peur de ne plus avoir de temps pour mon couple. Cette fin de grossesse est très angoissante et pour plusieurs raisons, autant mentales que physiques, je préfère arrêter ma petite famille ici. J’ai bien hâte de te rencontrer ma petite dernière, ma petite Mila.

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