Ça fait bien longtemps que l’on parle de ce sujet, mais encore une fois, il semble y avoir une controverse entourant la diversité des acteurs et des actrices dans le showbizz québécois. Dernièrement, l’actrice Melissa Fumero (qui incarne Amy Santiago dans la série américaine Brooklyn Nine-Nine) a remis en question le choix des actrices pour incarner à la fois son personnage et celui de Rosa Diaz (interprété par Stephanie Beatriz) dans l’adaptation québécoise de la série, intitulé Escouade 99. Pour cause, les deux actrices de Brooklyn Nine-Nine sont d’origine latines, alors que la version québécoise a opté pour deux actrices blanches, soit Mylène Mackay et Bianca Gervais, sans origines latines. Pour plus de détails sur ce sujet, je vous invite à lire l’article sur la dénonciation de Melissa Fumero à propos de l’adaptation québécoise.
Le discours du manque de diversité dans les médias québécois revient constamment à chaque année. On se rend compte qu’il y a, malgré tout, toujours une trop grande supériorité blanche et ce, même si on en parle de plus en plus fréquemment à toutes les années. Escouade 99 n’est malheureusement pas un cas isolé. Il y a quelques mois de cela, plusieurs personnes, dont l’humoriste Sugar Sammy (qui est d’origine indienne), ont critiqué les nominations du Gala Artis 2020, car celui-ci contenait uniquement une personne noire (à savoir Pierre-Yves Lord) sur toutes les personnes nominées. De ce fait, il n’y avait aucune autre personne issue d’une minorité visible (pas d’asiatiques, pas d’arabes, pas de latinos, etc.). Dans un Québec où il y a plus de 10% de la population qui fait partie d’une minorité visible, ce n’est pas une situation acceptable.
Il n’y a pas que cette année qu’il y a eu des controverses quant à la diversité culturelle dans l’industrie culturelle québécoise. Nous avons qu’à penser à la pièce de théâtre SLAV, qui a fait l’objet de nombreuses critiques et à une vague de mécontentements face au choix des comédiens et des comédiennes. En effet, les personnes travaillant sur ce spectacle ont fait face à la tourmente, puisque des membres de la communauté noire jugeaient qu’il y avait une forme de racisme lorsque des personnes blanches étaient engagées dans un spectacle ayant des représentations qui touchent les cultures noires. Il y a à la fois un manque de diversité lorsque des femmes blanches interprètent des esclaves noires, et lorsqu’on y remarque un manque de comédiennes noires dans une production comme celle-là. Cette controverse a tellement été grande que les dernières représentations ont tout simplement été annulées.
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Ce problème date d’il y a bien longtemps, mais je crois que c’est surtout dans les dernières années que les gens semblent se rendre compte qu’il est plus gros que ce qu’on le pensait. Malgré tout, on revient toujours à la case départ. Si je reprends l’exemple d’Escouade 99, le gros problème, c'est que c'est une opportunité manquée de n’avoir pas engagé des actrices d’origines latines. Je sais bien que l’industrie québécoise fait face à de gros défis pour égaler les autres films et séries TV (principalement canadiennes, anglophones et américaines). Donc, il est logique d’engager des acteurs et des actrices connus afin de mieux promouvoir un produit culturel. Les productions québécoises ont un budget très limité face à la concurrence et vont plutôt opter uniquement vers des têtes d’affiche, ce qui laisse également peu de place aux acteurs et aux actrices peu connus qui tentent, malgré tout, de faire leur place.
Certaines personnes proclament qu’ils ne connaissent pas d’actrices d’origines latines, et que c’était à la fois mieux et bien acceptable d’avoir pris celles qui ont été engagées dans la série. Malheureusement, si les téléspectateurs ne connaissent pas d’actrices d’origines latines, c’est que l’industrie québécoise n’en met pas assez à l’avant. En 2020, c’est un réel problème. Pourtant, Urbania a fait une courte liste d’actrices québécoises qui ont des origines latines et qui auraient pu avoir l’un des deux rôles au cœur de la controverse actuelle. Quand un peuple ne connait pas d’acteurs et d’artistes populaires avec des origines latines, autochtones, asiatiques ou encore arabes, c’est un signe qu’il y a effectivement un manque de diversité dans nos productions. Ce n’est pas pour rien que les nominations au Gala Artis ne contiennent presque exclusivement des personnes blanches, puisque c’est le public qui nomine les artistes.
Peut-être que les productions actuelles devraient créer plus de rôles pour des personnes faisant partie des minorités visibles. Ce pourrait être un bon point de départ afin de faire auditionner ces personnes qui pourraient interpréter ces rôles. Ce pourrait être également un premier pas intéressant vers une plus grande diversité à l’écran. Après tout, il semble que nos confrères américains ont clairement de l’avance sur les productions québécoises. S’il y avait une meilleure diversité à l’écran, il pourrait y avoir une plus grande partie de la population qui seraient intéressée à consommer des produits qui leur ressemblent davantage. Il est très important de mentionner qu’en aucun cas, les téléspectateurs ne devraient être fâchés contre les acteurs et les actrices d’une production. Ils devraient plutôt diriger leur colère contre le système et les productions, qui continuent de toujours prendre les mêmes acteurs et les mêmes actrices.
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La force de Brooklyn Nine Nine, c’est la diversité de ses personnages et une remise en question humoristique du système policier. Pour Escouade 99, c’est une opportunité mal exploitée en ce qui a trait à la diversité, même si deux des acteurs sont des noirs, comme ceux présents dans la série originale. Reste à savoir si cette série va permettre d’ouvrir les yeux sur le racisme systémique que le gouvernement actuel ne semble pas reconnaitre, ou elle sera juste une série policière qui ne traitera pas des thèmes et des sujets similaires de Brooklyn Nine-Nine. Seul le temps nous le dira et nous pourrons vérifier par la suite si Escouade 99 permet finalement une meilleure diversité, ou renforcera plutôt les stéréotypes sur les latinos, les noirs, les autochtones et toutes les autres minorités visibles.
Pour connaitre la suite, revenez-nous demain!