Mon cœur est lourd.

Non, je ne vais pas me suicider. Je ne suis même pas au bord du gouffre. Mais, ça ne veut pas dire que je ne traîne pas mon fardeau. Lequel d’entre nous est épargné?

Certains sont en période de divorce ou ont financièrement la corde au cou. D’autres ont perdu un enfant faute de maladie ou de mauvaise entente familiale.

Le poids du deuil

Dans mon cas? J’apprends encore à vivre sans ma mère, deux ans et trois mois après son départ. Qui a dit qu’après un an, le deuil était fait? Le comble, c’est que j’ai toujours été une fille au cœur dur. Je ne pleure pas et je suis capable d’encaisser. Mais, comment dire? Je suis devenue plutôt braillarde depuis!

Le souvenir de sa maladie et de toute la souffrance physique et morale qu’elle a dû accepter me prend toujours à la gorge. Mais, je choisis d’entretenir les beaux souvenirs; nos conversations et son éternelle bienveillance, je les chéris.

Malgré que j’aie le cœur lourd.

Le poids du courage

D’un autre côté, il y a aussi la vie de couple qui n’est pas toujours un conte de fées. Mais, si je suis moi-même imparfaite, comment puis-je attendre la perfection de mon mari? On tient bon, c’est l’essentiel. Jour après jour, on reprend la même décision; celle d’aimer. Parce que «aimer», c’est pas juste une émotion. C’est une action. Comme tous les autres verbes, tsé.

On est dans les tranchées ensemble et même quand ça tempête tout autour, on tient bon. Parce que ça en vaut la peine.

Ensemble, on forme une petite cellule familiale. Mon mari est Roi, je suis Reine et on a créé des petits sujets pour peupler notre Royaume. Et, c'est ma plus grande fierté.

Malgré que j’aie le cœur lourd.

Le poids du rejet

Le 3ᵉ poids sur mon cœur est le plus laid. Des amis, pire, des belles-sœurs, m’ont trahie. Je suis retombée dans la cour d’école et je me fais rejeter à nouveau. C’est dur d’atténuer l’amertume de la réalisation qu’on n'est pas aimée… Même pour moi, en bonne antisociale que je suis. Ça fait mal.

Mais, je choisis l’amour et l’empathie. Je choisis de pardonner à ceux qui m’ont fait du mal. Je choisis de croire que ce sont eux qui ont connu une mauvaise journée, une enfance difficile ou un mariage houleux. Ils sont inaptes et font tourner la roue du mal et du mauvais.

Les pauvres. Quel poids ça, ça doit être à porter! Moi, je choisis l’amour.

Malgré que j’aie le cœur lourd.

L’or est purifié dans le feu

Je me plais à croire que mes fardeaux me forgent et me forment. Je me plais à croire que je suis loin d’être la femme que j’étais il y a 15 ans. Dieu sait que je ne voudrais pas redevenir cette femme. J’ai mûri. Je me raffine, comme le bon vin.

Encourageons-nous, comme communauté. On a tous le cœur lourd, chacun notre tour. Ça n’implique pas qu’il faille baisser notre idéal. On a des petits humains à former, qui eux lèvent la tête vers nous et nous prennent pour modèles.

Soyons dignes pour eux.

Malgré qu’on ait tous le cœur lourd.

Un cœur lourd, ça a plus de poids.

Et, le cœur est toujours celui qui doit avoir le plus de poids.
Image de couverture de Roman Kraft
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