** Traumavertissement: fausse couche, grossesse non-viable. Des ressources d’aide sont listées à la fin de cet article.
Pour la première partie du texte c'est ici.
Je me suis sentie tellement en colère qu’on m’enlève cette liberté de vivre ma fausse couche de la manière dont je voulais.
C’est là, qu’on ma bien fait comprendre que vivre les choses naturellement, c’est bien, mais qu’au bout d’un moment, la médecine doit prendre le relais, et que je n’avais pas mon mot à dire. C’était comme ça. On ne m’a pas laissé le choix ce jour-là, et en plus de la colère, je me suis sentie frustrée et pas du tout respectée. Je suis redevenue du bétail à leurs yeux, je n’étais plus un être humain. Allez, on lui donne les médicaments à celle-ci, qu’elle vide son utérus, et on la contrôle dans une semaine. Et hop, qu’on laisse entrer la vache suivante, s’il vous plaît ?
J’ai donc pris le temps de réfléchir à ce que je voulais vraiment face à ce que l’on me proposait à ce stade de cette grossesse. Quoi qu’il arrive, personne ne pouvait m’obliger à prendre ces médicaments, cela devait rester un choix personnel. Mais avec le temps, cette épreuve devenait vraiment douloureuse, à la fois psychologiquement et physiquement, et je voulais juste que ça prenne fin. J’ai donc pris les médicaments, sans avoir finalement d’autres choix, par dépit et dégoût. J’ai ressenti une peur qui m’a fait me sentir seule face à cette épreuve : une peur terrible de la douleur, une peur profonde liée aux risques d’hémorragie ou de perte de conscience, une peur légitime liée à la perte physique de ma grossesse, une peur inconscience de devoir le revivre un jour.
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À mon grand étonnement, les médicaments n’ont pas fonctionné, et c’est quelques jours plus tard que mon corps a accepté de tout libérer, sans pression, aucune, au moment qui lui convenait le plus. Si seulement, les femmes étaient mieux accompagnées psychologiquement, mais aussi physiquement, face à cette épreuve de la fausse couche. Elles ne savent pas toutes qu’elles ont le choix ! On ne les renseigne pas sur leur possibilité d’enclencher une fausse couche naturellement sans forcer la nature, en passant par l’acupuncture, ou la sophrologie. Non, au lieu de ça, on brusque leurs corps avec des médicaments et des opérations, et on ne respecte pas ce temps qui doit être laissé pour que les choses puisse s’accomplir naturellement. Et si l’on pouvait seulement accorder aux femmes un peu plus de douceur, de compassion, d’optimisme dans cette épreuve.
Malgré tout cela, j’ai été vraiment bien accompagnée par mon compagnon, qui a été d’un grand courage pour me soutenir, me rassurer et m’épauler. Les hommes souffrent bien souvent de ce sentiment d’impuissance qu’ils vivent durant cette épreuve, parce qu’ils ne peuvent rien faire de concret pour aider. Ils subissent tout simplement.
La fausse couche, c’est une épreuve que je ne croyais pas si destructrice, qui fait vivre des sentiments terribles de désarroi, qui paralyse de peur, qui brise les plus beaux espoirs des grandes rêveuses. Une bien lente désillusion.
Pour terminer, si vous vous trouvez dans une situation semblable, ou avez un proche qui semble avoir besoin d’aide, n’hésitez surtout pas à aller chercher du soutien. Voici une liste de ressources qui sauront vous épauler.
Ressources
- SOS Grossesse (1 877 662-9666)
- Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266
- Pour tous, il est possible de communiquer avec Tel-écoute par téléphone au 514-493-4484 (Grand Montréal), ou auprès de Tel-Aide par téléphone au 418-686-2433 ou, sans frais, au 1-877-700-2433 (Capitale-Nationale, Bas Saint-Laurent, Gaspésie, Île de la Madeleine). Pour connaître le centre d’écoute de votre région, consultez l’Association des Centres d’Écoute Téléphonique du Québec.
- Aire ouverte (services pour les jeunes de 12 à 25 ans): Aire ouverte est présentement disponible pour Laval, le Nord-de-l’Île-de-Montréal et Sept-Îles. D’autres points de services verront le jour prochainement.