Dans nos trois derniers textes, nous avons tenté de résumer les éléments qui aident à la communication dans le couple en mettant de l'avant l’expression et l’écoute. Malheureusement, même si nous essayons bien fort d’appliquer ces conseils, il arrive que quelque chose dérape tout de même.

Nous remarquons que, en tant que couple, nous nous retrouvons toujours dans le même genre de conflits. Nous reproduisons souvent les mêmes patterns dans nos relations.

Ce phénomène s’explique par notre personnalité.

La personnalité peut être décrite comme étant la façon dont nous pensons, nous sentons et nous agissons. Par conséquent, ce que l’on vit, perçoit, interprète, et la façon dont nous agissons et réagissons à notre partenaire est teinté par notre personnalité.

Si les conseils de base de communication fonctionnaient toujours, les bureaux de thérapeutes conjugaux seraient assez vides. 

Notre façon de conceptualiser le développement de la psyché humaine et son impact sur la façon d’être en relation est fortement influencée par la théorie de la PGRO (Psychothérapie Gestaltiste des Relations d’Objet). 

Selon une perspective PGRiste, la personnalité résulte de l’interaction entre notre tempérament issu de notre hérédité et de notre histoire de vie. Ceux-ci comprennent chacun leurs facteurs de risque et de résilience. Ainsi, tout comme la santé physique, il est possible que ces facteurs de risque et de résilience proviennent de notre génétique. Ces facteurs nous prédisposent, ou pas, à développer des fragilités, des enjeux, ou même parfois un trouble de la personnalité.

Le même raisonnement s’applique au niveau de l’influence de l’environnement. En effet, certains facteurs de résilience vont nous permettre de nous adapter et de survivre à des épreuves tout au cours de notre vie.

Voici des exemples de facteurs de résilience environnementaux :

Vivre dans un environnement aimant, encadrant, où nos figures parentales nous reflètent une image de nous-mêmes qui est adéquate et où il y a des limites claires sur ce qui est acceptable ou non. Ces facteurs de risque au niveau de l’environnement peuvent nous rendre vulnérables à développer des fragilités, des enjeux ou encore un trouble de la personnalité. Par exemple, manquer d’amour ou de présence parentale, être dévalorisé ou, à l’inverse, être idéalisé par nos figures parentales. 

Le développement de la psyché humaine passe par 3 grandes étapes développementales, selon cette approche théorique et clinique.

On y retrouve l’attachement, l’estime de soi et une dernière étape appelée Éros-Éthos, qui est en lien avec l’amour et la sexualité. À travers chacune de ces étapes, certains facteurs de risque et de résilience vont faire en sorte que nous allons développer ou pas des enjeux qui forgeront notre personnalité. Notamment, notre façon d’être en relation avec les autres. 

La première étape du développement est celle de l’attachement.

Elle se construit entre 0 et 2 ans. L’attachement est une relation toute particulière que le bébé va tisser avec la ou les personnes qui s’occupent le plus souvent de lui, généralement ses parents. Vous vous demandez peut-être quel est le rapport avec les difficultés conjugales? En fait, les apprentissages faits au sein de cette relation vont avoir un impact majeur sur notre façon d’être en relation à l’âge adulte et, surtout, notre façon d’être dans une relation amoureuse. 

Voici certains apprentissages que nous faisons au sein de cette relation tuteur/enfant : 

  • Puis je compter sur l’autre, est-il là pour moi de manière stable ?

  • Suis-je aimable ? Est-ce que je mérite qu’on m’aime et qu’on s’occupe de moi ?

  • Puis-je faire confiance aux gens ?

  • Est-ce que les gens qui m’aiment sont en mesure de prendre soin de moi ? Sont-ils en mesure de répondre à mes besoins physiques et affectifs?

  • M’a-t-on fait sentir que ces besoins étaient légitimes ? 

Les réponses à ces questionnements vont influencer nos attentes relationnelles, notre façon de nous percevoir et de percevoir les autres.

Nous observons un lien important entre le style d’attachement construit à l’enfance et le style d’attachement amoureux. En effet, certaines personnes vont avoir tendance à craindre l’abandon et à avoir besoin de plus de proximité. Alors que d’autres redouteront l’engagement et auront besoin de prendre plus de distance dans la relation amoureuse.

Ceci est lié à ce que nous avons vécu dans notre petite enfance, au sein de cette première relation significative (la relation d’attachement). Notre style d’attachement est stable dans le temps. Il est cependant possible qu’ils se modifient à long terme, que ce soit par des relations réparatrices, des traumas relationnels ou encore, par la psychothérapie!

À l’âge adulte, la relation avec notre conjoint(e) est la continuité de cette relation d’attachement à l’enfance.

Une relation qui est sécurisante entre un enfant et son parent et entre conjoints, est une relation qui agit comme un pilier pour se déployer et explorer en toute confiance. Mais les marques laissées par des blessures dans le lien d’attachement vont aussi avoir un impact important dans nos relations de couples, comme nous vous l’expliquerons dans la suite de l’article.

On se revoit dans la partie 2 qui sera publiée demain! 

Dre Aline Gauchat, Ph.D., psychologue
Dre Nathalie Gauthier, Ph.D., psychologue
Source de l'image de couverture : Unsplash
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