*Les propos tenus dans ce texte ne reflètent pas nécessairement l'opinion de l'équipe éditoriale du blogue LeCahier.

Humainement conçue ou pas, complot planétaire ou bien revanche d’une nature à bout de se faire piétiner par l’homme, une chose est certaine, la COVID profite à plusieurs, surtout aux gros joueurs qui s’en retrouvent enrichis. La facture entre les mieux nantis et les perdants du système capitaliste est maintenant franche et claire, avec une classe moyenne s’effritant en laissant se polariser les travailleurs en deux classes de plus en plus définies.

La pandémie a le dos large. Elle est utilisée à toutes sortes de degrés pour justifier des mesures parfois difficiles à comprendre, des non-sens pénibles à avaler et des situations qui penchent clairement en faveur d’un groupe d’intérêt plutôt qu’envers un autre, nous laissant dans le flou, souvent dans l’incompréhension même. Divers sentiments nous habitent dernièrement, avec des restrictions qui se poursuivent, la menace d’une troisième vague emplie de variants et la lassitude que nous éprouvons d’être ainsi éloigné des nôtres.

Une chose est certaine selon moi, peu importe la raison divine, naturelle ou humaine de cette épreuve collective mondiale, il nous faudra trouver la force de retisser notre tissu social, de retrouver nos repères moraux, ainsi que de réapprendre à vivre tous ensemble, tout en se questionnant sur le monde de demain pour briser l’isolement, la solitude et l’individualisme qui nous frappe. Voilà peut-être le défi à relever de cette lutte commune.

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Coupés les uns des autres depuis maintenant une année, je ne peux m’empêcher de constater qu’on ressemble de plus en plus à de parfaits robots travailleurs/consommateurs à la sauce 1984 de George Orwell. Loin d’être porté par des théories complotistes, je ne fais que remarquer que nous semblons intégrer encore plus qu’avant, avec docilité, la routine métro/boulot/dodo décrite par l’auteur, les activités sociales organisées en moins…

Au nom de la consommation à tout prix, de la sélection naturelle du plus fort, ce sont les géants corporatifs qui sont les vainqueurs de cette course darwinienne à la survie du mieux adapté, au détriment de notre vie sociale. Nous pouvons croiser des inconnus à la tonne en magasinant. Toucher une multitude d’objets potentiellement contaminés par ces mêmes inconnus dont nous ne savons rien quant à leurs habitudes en matière de règles sanitaires, mais nous ne pouvons pas voir nos proches dans un contexte prévu et réfléchi.

La bourse explose à des sommets jamais vus, fluctuant au rythme des cris de victoire de multinationales tirant leurs épingles du jeu. L’endettement bat son plein pour financer véhicules, motoneiges, bateaux et autres biens matériels sensés nous permettre de nous changer les idées au prix fort, pour vivre comme si la pandémie n’existait pas, mais les jeunes ne peuvent même pas pratiquer leur sport en milieu contrôlé, et ce, malgré les tristes répercussions que nous constatons de jour en jour sur leur état émotionnel et sur leur santé mentale. 

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Les écrans. Il ne faut pas oublier les écrans de ce roman de science-fiction. Pas pour nous contrôler directement et nous surveiller socialement comme le décrivait l’auteur. Peut-être un peu au fond qui sait, mais pour nous inciter à consommer toujours davantage. Enfermés entre quatre murs, il nous reste tablettes, ordis, cellulaires et téléviseurs. Rivés encore plus qu’avant sur ces outils technologiques, nous sommes bombardés d’annonces, de publicités et de slogans pour que la sacro-sainte économie des grands reste intouchée, voir en croissance, laissant les individus, les familles et nos âmes aussi esseulées, mais entourés des dernières bébelles acquises sur Amazon.

Remplie à rebord de fast-food provenant de restaurants à la chaine, livrés au prix fort par un intermédiaire profitant de cette crise, le tout directement dans nos divans, pendant que nos petits restaurateurs se meurent. Entre me faire bousculer dans les allées du Costco un dimanche après-midi, risquant d’être contaminé, je préfèrerais cent fois prendre le risque en encourageant un restaurateur local en pouvant manger dans une salle à manger sécuritaire avec une procédure facile à orchestrer quant à la gestion des mouvements des clients dans le respect total des mesures sanitaires. Encore ici, deux poids, deux mesures. La balance penchant encore et toujours envers celui qui a le plus d’influence grâce au lobbyisme, celui qui a les moyens de faire pression et qui sait sur quelles ficelles tirer.

L’économie va bien, mais l’environnement en souffre en silence. Les masques jetables, le suremballage des colis tellement nombreux et les couverts à usage unique provenant des take-out de plus en plus fréquents. On dirait un mauvais rêve dans lequel on reculerait sur les progrès réalisés dans la dernière décennie en matière de conscientisation écologique. Dame Nature doit bien nous observer, les sourcils froncés, en se demandant pourquoi nous n’avons pas saisi ce moment d’arrêt planétaire pour effectuer un virage dans notre mode de vie de surconsommation, comme elle l’espérait afin de préserver nos générations futures.

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Les petits marchands, déjà mis à mal par les Wal-Mart de ce monde depuis plusieurs années, peinent à survivre et à garder espoir. Tandis qu’ici également, les super-magasins et supermarchés font des affaires en or, tout comme les ménages qui sont de plus en plus touchés par les inégalités salariales les divisant en deux extrêmes grandissants. Il semble que la tendance soit bien plus marquée au niveau des entreprises locales qui se battent à armes inégales pour tenter de garder la tête hors de l’eau contre les Goliaths de leur industrie. 

Au même titre, ce sont les travailleurs les moins bien rémunérés, ceux appartenant à la triste réalité des travailleurs pauvres, travaillant à temps plein en ayant de la misère à boucler les fins de mois, qui se retrouvent prisonniers des flambées des prix autant en alimentation qu’en ce qui concerne le logement. Déjà frappés de plein fouet par les augmentations des prix des loyers, ces derniers voient leur aspiration d’un jour de devenir propriétaire partir en fumée avec l’état du marché immobilier actuel. Même désillusion pour les jeunes couples désirant trouver leur demeure pour y établir leur nid familial, mais voyant leurs chances de remporter la mise sur une demeure ciblée malheureusement minées par les surenchères démesurées que l’on observe actuellement.

Présentement, l’image du Titanic coulant me revient en tête. Ceux tout en haut de l’échelle sociale sont les premiers à profiter de la situation pour s’en sortir indemnes et même avantagés, pendant que ceux n’ayant pas la même position se voient contraints de vivre avec le peu de ressources restantes pour sauver leur peau, leur famille. Alors qu’une pénurie de logements abordables fait rage, jamais des maisons aussi chères n’ont été vendues en aussi grande quantité. C’est un Monopoly en temps réel qui se joue, mais pour ceux restés en marge de la planche à jouer, sans dés à lancer, les pronostics de victoire approchent zéro.

Moralement parlant, nous nous approchons du fond, car c’est en ce moment même, le far-West dans l’économie de marché et c’est du chacun pour soi. Tout le monde en affaires, surtout les plus forts, tirent la couverte de leur bord en misant sur l’insécurité et sur la vulnérabilité des consommateurs ébranlés par la pandémie pour en tirer d’immenses gains financiers. Il n’y a rien d’anormal avec le concept d’enrichissement, bien au contraire, mais il est temps que nous revoyons nos pratiques économiques pour qu’elles soient plus transparentes et plus équitables en favorisant une redistribution plus adéquate des richesses pour le bien-être du plus grand nombre. Pas juste celui d’une minorité au sommet de la chaine alimentaire.

source image de couverture: Unsplash
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