Le mouvement de dénonciation qui prend place sur les réseaux sociaux en ce moment n’est pas nouveau. On se rappelle tous du #metoo qui a complètement bouleversé le monde en 2017 et qui a permis d’élargir la discussion et de débuter le démantèlement de la culture du viol. Mais, ce n’était ni le début, ni la fin de ce mouvement mondial. Je vous en fais aujourd’hui la chronologie, en partie pour vous en apprendre plus sur le mouvement, mais aussi pour vous faire réaliser l’impact que vous pouvez avoir en soutenant ce dernier.
#agressionnondénoncée – 2014
En 2014, le #agressionnondénoncée était l’alter-ego français du #beenrapedneverreported qui prenait place sur Twitter. Deux journalistes canadiennes ont débuté le mot-clic anglais en racontant leur histoire respective sur Twitter, en accompagnant la foulée de dénonciations visant un animateur de télévision. Ensuite, la Fédération des femmes du Québec a introduit #agressionnondénoncée pour « créer un espace pour permettre de briser le silence et déconstruire la culture du viol ». Ça vous rappelle quelque chose? Effectivement, la dénonciation n’est pas nouvelle, mais le mouvement, lui, a beaucoup évolué depuis. En effet, en 2014, on parlait uniquement de viol et on ne nommait pas l’agresseur. On incitait les femmes à parler de leurs expériences, mais sans nécessairement dénoncer. On voulait aussi démontrer que les préjugés, comme quoi les victimes ont leur part de responsabilité dans leurs agressions, sont totalement non fondés.
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#metoo – 2017
Le mouvement de 2017, lui, dénonçait notamment le sexisme quotidien, le harcèlement de rue et les agressions sexuelles. Il a débuté par la multitude de témoignages contre le géant d’Hollywood Harvey Weinstein, qui a été accusé par des centaines de femmes de toutes sortes de violences sexuelles. Ce mouvement a vraiment pris une ampleur mondiale et a changé les normes dans les discussions sur le sujet, en ouvrant les yeux sur les comportements toxiques liés aux violences sexuelles et à la sexualisation dans le monde du show-business. Tous les médias étaient monopolisés pour suivre de près tout ce qui se déclarait partout, et cette fois, il y avait des noms qui sortaient, des gros noms. Plusieurs célébrités ont elles-aussi dénoncé leur propre expérience toxique dans ce monde où le pouvoir des agresseurs et leur carrière dominent les victimes. Jusqu’ici au Québec, ce mouvement a entraîné les dénonciations d’Éric Salvail et de Gilbert Rozon pour des actes très importants qui ont mené à des procès.
#onvouscroit – 2020
Dans les dernières semaines, nous avons eu droit à une remontée spectaculaire des dénonciations sur les réseaux sociaux, majoritairement sur Instagram. Cette fois-ci, c’est différent. On nomme encore des noms, mais pas seulement des personnalités publiques. L’accent est mis sur les victimes plutôt que les agresseurs. Le tout a débuté par des pages publiques sur Instagram où plusieurs victimes dénonçaient leurs agresseurs directement en racontant leur histoire. Et cette fois, on ne parle pas seulement du show-business, mais bien du monde des arts en entier : tatoueurs, musiciens, photographes, blogueurs, ... Et on ne parle pas seulement de viols, on réprimande aussi les propos, harcèlements, agissements, attouchements, à caractères sexuels ou déplacés. On met fin à la tolérance envers ces comportements, qui peuvent sembler banals ou amusants pour certains, mais qui peuvent détruire les victimes. On tente avec ce mouvement de dé-normaliser cette culture de violences sexuelles. On met l’emphase sur l’éducation des agresseurs et l’empathie envers les victimes. On normalise aussi la dénonciation des agressions du même sexe, qui semble souvent banalisées. Malgré la grande discussion sur la diffamation qui a lieu sur la place publique, on tente de rappeler que la justice est souvent injuste dans ce genre de situation. Les dénonciations servent ultimement à libérer les victimes, offrir un soutien aux autres et éviter que ces comportements se reproduisent.
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Et maintenant?
Qu’est-ce qu’on peut retirer de cela? On doit ÉCOUTER et CROIRE les victimes, c’est le mieux que l’on puisse faire. On peut aussi avoir des discussions difficiles avec nos proches pour tenter de dé-normaliser les comportements toxiques et mettre fin à la tolérance de ceux-ci qui est ancrée dans notre société. Ce n’est pas normal que nous soyons rendus à la troisième vague de ce mouvement, et que le changement soit si minime. 2020 est une année de changements et de réalisations, qui doit mener à une amélioration de notre qualité de vie générale. Nous sommes capables de réaliser nos torts et de voir ce mouvement comme une opportunité d’apprendre à respecter les autres et vivre en harmonie.