Vieille mamie, déjà cinq ans et quelques semaines passées que tu nous quittais pour je ne sais où. Sache que c’était juste la fin de ton vivant, car ton esprit et ta mémoire sont toujours là avec moi.

Vieille mamie, mon arrière-grand-mère, la seule dont j’ai le souvenir clair et que j’ai réellement connue. Cette année, j’ai fait en sorte que tu sois toujours avec moi avec un collier. Ce n’est pas un collier ordinaire, car il a deux breloques et dont une croix que j’ai choisie pour te symboliser, car je me rappelle que tu étais croyante et que tu demandais à tes avocats, là-haut, de nous aider quand ça n’allait pas. J’espère que tu es contente de ce symbole!

Je pense à toi, mais de manière positive en me rappelant des souvenirs, comme de te voir souriante. Le moment qui me fait rire encore, puis qui t’avais aussi fait rire, est le jour où j’ai appris ton nom. Tu avais appelé chez moi et l’afficheur affichait un nom que je ne connaissais pas. Alors ma mère m’a dit que c’était le tien et j’ai répondu en riant. Tu m’as demandé pourquoi je riais et c’est là que je t’ai dit que j’avais appris ton nom à ce moment et tu es partie à rire. Chaque fois que tu appelais depuis ce temps, ça marquait « vieille mamie » sur l’afficheur et moi je disais « Jeanne d’Arc appelle »!

mamie main rose famille grand-mère femmesSource image: Unsplash

Je me remémore ta générosité, car tu aimais donner, surtout des bibelots. Souvent, c’était les tiens que tu avais en grande quantité. Je les trouvais tellement beaux, même si je savais que la plupart venaient du Dollorama. Parmi tous ceux que tu avais, la statue de la vierge Marie m’était tombé dans l’œil. Je ne sais pas encore pourquoi, mais je la voulais et à chaque fois je te la demandais. Tu me disais qu'à ta mort je pourrais l'avoir, puis je te répondais « ok » sans trop savoir pourquoi tu voulais la garder jusqu’à ce moment.

Un autre moment de générosité qui m’a marqué fut celui où toi, maman et moi étions chez Maxi pour tes commissions. Ce jour-là, il y avait un gros toutou, un ours que j’avais remarqué et je me disais que j’aimerais l’avoir. Tu l’as acheté et je t’ai demandé c’était pour qui, puisque je savais que tu aimais davantage les bibelots aux peluches. Tu m’avais répondu que c'était pour un autre de tes arrière-petits-enfants et moi, j’étais un peu déçue, mais je ne le montrais pas trop.

Quelques semaines plus tard, c’était Noël, puis tu étais passée chez nous pour me donner un gros sac cadeau. Je me demandais ce qu’il y avait dedans, mais quand j’ai vu ce que ce sac contenait le gros ourson, j’étais si surprise et extrêmement contente! Je ne m’y attendais vraiment pas et c’est pourquoi encore aujourd’hui, je l’ai toujours. Il s’appelle Guillaume, même si on le surnomme Guigui.

Source image: Coraly Guillemette

Outre ta générosité de présents, celle de temps m’a aussi marquée. Je me souviens toutes les fois où je me faisais garder par toi, que ce soit chez moi ou chez toi. Quand c’était chez toi, c’était parce que maman donnait des bains dans l’immeuble et qu’elle n’en avait que pour maximum deux heures. Je coloriais, j’écoutais la télé, je mangeais des biscuits soda comme collation et des petits bonbons que tu avais. Sinon, tu me gardais chez moi et on jouait au ballon, on s’assoyait dehors, on marchait, mais pas trop longtemps. On écoutait aussi la télé, surtout la messe au souper et après c’était Les belles histoires des pays d’en haut à Artv. Toutes ces fois, je me sentais bien et en confiance, car je savais que tu allais m’écouter et me conseiller sans juger.

Cette écoute me manque tout comme tes câlins qui étaient si réconfortants, pleins d’amour, de douceur que j’appréciais. Je me sentais bien. Même si j’ai écrit que je ne pense pas à toi avec tristesse, il y a un vide. Un vide de savoir que personne ne comblera le trou laissé par ta mort.

Ce qui m’empêche de sombrer dans la tristesse, ce sont tous les moments qu’on a passés ensemble. Je me rappelle à quel point j’en ai profité avec toi, à quel point j’ai adoré ces moments, à quel point je t’ai dit que je t’aimais. À travers tout cela, ce qui m’enlève le sentiment de tristesse et d’ennui, c'est aussi les photos que j’ai de toi et que j’ai pris le temps de regarder. Les regarder pour me rappeler de ton allure, de toi encore.

Elles me montrent que tu avais toujours ce beau sourire, une joie qui transperce l’image. Il n’y a pas si longtemps, maman m’a dit que j’étais l’arrière-petite-fille que tu auras connue et gardée le plus. Face à cela, je me suis dit que c’était évident, car j’étais la plus proche et la plus vieille, mais je me suis aussi rendue compte que j’allais te voir régulièrement et que ça explique pourquoi. Lors de tes funérailles, mamie, qui se trouve à être une de tes filles, nous a demandé à moi et à maman de t’écrire un éloge funèbre et de bien vouloir le lire. Quand je l’ai su, tout ce que je me suis dit, c'est oui.

J’étais prête à le faire, car je ne vois pas les funérailles comme une chance de dire un dernier adieu. Je les vois plutôt comme une célébration de la vie de la personne qui nous quitte vers ailleurs.

Source image: Coraly Guillemette

Ce jour-là, je l’ai pris pour te célébrer et pour rendre grâce à la vie qui m’a donné la chance de t’avoir à mes côtés. Je veux te dire que même si j’ignore pourquoi la Vierge-Marie était si précieuse pour toi, je ferai exactement comme tu as fait avec moi, car elle vient de toi.

Merci encore pour tout ce que tu as été dans ma vie et je te le redis: je t’aime et je t’aimerai toujours.

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