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Ma petite Rose,
Il y a tant de choses que tu ne réalises pas encore et qui, pourtant, rendent cette journée toute spéciale.
Aujourd'hui, c'est la fête des Pères (« Bah, pas si spécial », pourraient commenter plusieurs!). La toute première de ton Papa (Mais encore...). À 53 ans (Oh!).
Si on regarde à travers tes petits yeux, Maman n'est que Maman et Papa n'est que Papa. Tu ne vois pas encore qu'ils ne sont pas comme les autres amoureux. Tu ne sais pas ce qu'est une différence d'âge ni que ça suscite des réactions. Vingt-quatre années d'écart, c'est assez pour faire jaser un village, c'est moi qui te le dis. Mais on en reparlera une autre fois, Rose.
Pour l'instant, revenons à Papa.
C'est vrai que sa vie ne s'est pas dessinée comme celle de la plupart des autres hommes. Pis, sais-tu quoi ? C'est ça qui est beau. Ton père a le courage de ceux qui se battent pour leurs rêves les plus fous. Et qui choisissent de les réaliser, même avec la peur au ventre.
Le rêve le plus fou de Papa, c'était toi.
Il pensait avoir renoncé à la paternité, mais, en fait, il t'attendait. Il nous attendait.
Une attente ponctuée de choix et, malheureusement, de jugements. Il t'a choisie quand même. À travers moi. Sans te connaître. Sans être certain de pouvoir t'espérer. Il a choisi son rêve. Il s'est choisi lui-même en même temps.
J'espère tu auras, comme lui, le moment venu, cette grande force, cette belle audace, ce profond respect pour toi-même. Il faut se choisir tous les jours. Même quand c'est difficile. Même quand ça écorche autrui. Même quand on a peur. Car c'est de cette façon que l'on réalise nos rêves.
J'espère, aussi, que, comme lui, tu oseras toujours aller au bout des aventures que la vie te proposera. On a si peu souvent de deuxièmes chances.
J'espère, enfin, que tu seras toujours fière de ton « vieux » père. Parce que, justement, son âge et le tien disent tellement de choses sur qui il est. Et parce que je considère qu'il est un être humain exceptionnel.
En attendant, tes petits yeux brillent quand tu le regardes, il te fait rire comme personne d'autre et vous jasez ensemble d'un univers auquel vous deux seuls semblez appartenir. Les mots me manquent pour expliquer ce que ça me fait en dedans de vous voir ensemble.
Il t'aime de cet amour propre à ceux qui ont attendu, espéré, prié un peu. Il t'aime de ses cinquante-trois années de patience, de sagesse et d'expérience. Il t'aime, aussi, comme un jeune papa enthousiaste, fier et un peu maladroit. Après tout, c'est aussi ce qu'il est.
Profite de chaque instant de complicité que tu partageras avec lui. Souris-lui. Aime-le. Idéalise-le, même. Ça ne peut pas être trop, demande à Oedipe.
Sois une fière « fille à Papa ». Mais reste quand même un peu plus ma princesse à moi.
Avec amour,
Maman
PS.: À toi, mon Chum, bonne première fête des Pères. Merci d'être un Papa exceptionnel pour notre Rosie. Merci d'être un parent doux et patient. Merci d'être un coéquipier soucieux d'apprendre avec moi, au fur et à mesure. Merci d'être toi. ❤️