Lettre à l’enfant qui voulait simplement être

Tu as mal, mal à celui que tu ne seras jamais. Mal d’être mal dans ta peau, mal de ne jamais être assez. Par crainte d’être rabaissé, tu souffres de tes ailes qui à jamais vont rester attachées, fermées. Tous ces horizons inexplorés, ce potentiel inexploité, tu as mal à force de douter. Tout ce que tu rêvais, c’était de t’envoler, de vivre, mais tes quelques tentatives à te risquer, à te dévoiler, t’ont coupé toute envie de te relancer.

À force de foncer dans le mur, tu as fini par te bâtir des barreaux. Emmuré dans une prison de miroirs te reflétant ta médiocrité, tu es aveuglé par les reflets de tes échecs. Pourtant, tu avais tout à offrir, un monde à découvrir, mais malheureusement tu as été étouffé. La lueur éteinte dans tes yeux, la flamme morte dans ton coeur.

Ces maux d’adultes, tu les vis dans ton corps d’enfant. Du haut de tes sept ans, tu tentes vainement de trouver ta place. Entre la balle au mur, le roi de la montagne ou bien le ballon chasseur, il n’y a que dans la biblio que tu te sens sécure. Le temps d’un instant, tu peux enfin souffler, t’évader, dans ce monde imaginaire qui, une chance, est là pour te sauver.

Le drame d’une si jeune vie pour une si vieille âme que de te savoir inadéquat sans réussir à crier à l’aide. Quelle tristesse que d’être conscient de tes manques sans personne à qui en parler, de peur d’être encore rabroué! Ni parent ni enseignant tu ne veux déranger ou décevoir. C’est pourquoi à huit ans maintenant, tu as le sentiment de te noyer sous les vagues de tes tourments.

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Critiques sur ton physique, moqueries quant à ta personne, commentaires sur ta maladresse ou bien simplement la solitude d’une autre récré à essayer de te justifier vainement pourquoi tu es ainsi ignoré. Sans amis pour jouer ni personne à qui te confier, tu refoules, tu enfouis et tu tais tous ces mots. Que des mots diront certains en vieillissant, pour se déculpabiliser, mais ô combien leurs propos te reviennent en écho comme des coups de couteau dès que tu oses quelque chose de nouveau.

Aujourd’hui, tu as trente ans, mais ces choses, tu les entends, tu les ressens, comme si tu avais encore treize ans à la rentrée au secondaire, dans le monde des grands. Encore en ce moment, tu tentes, tu essaies et tu y crois, d’enfin trouver ta place, mais comme l’ado insécure tentant de se construire que tu étais, tu as encore cette petite voix intérieure te rabaissant qui t’empêche de te déployer pour enfin t’envoler, te libérer.

Tu sais bien que tu étais plus sensible, plus maladroit et que les enfants aiment moins ce qui est différent. Par contre, avec du recul, tu aimerais pouvoir exprimer un message au monde entier pour éviter que d’autres, comme toi, se fassent intimider.

« Chers parents, chers enseignants, mais surtout chers enfants, faites attention à ceux qui sont trop silencieux ou bien à ceux qui parlent trop, tout le temps. Derrières ces silences et ces jacassements incessants, se cachent des êtres amochés qui ne demandent qu’une chose, être aimés et acceptés comme ils sont, dans toute leur unicité. »

Tu n’étais qu’un enfant quelque peu plus conscient de ton environnement avec d’autres enfants non malveillants, mais plutôt imitant les adultes parfois insouciants qui oublient trop souvent combien l’exemple qu’ils montrent à leurs enfants est important. Au fond de ton cœur, tu leur as pardonné et tes épreuves avec fierté tu continues de les surmonter, mais ce dernier message tu aimerais passer :

« À ceux que j’aurais tant voulu pouvoir appeler mes amis, n’oubliez pas que vos tout-petits sont les enfants de demain et qu’il est primordial de leur montrer à tendre la main plutôt qu’à malmener son prochain ».

Ressources

• Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266
• Pour les jeunes, il est possible de clavarder, de texter ou même de communiquer par téléphone avec un professionnel de Jeunesse, j'écoute en composant le : +1-800-668-6868
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