Lettre à la femme de mon père qui nous a volé les 8 dernières années de mon père malade.

À toi, la femme la plus méchante et manipulatrice que j’ai pu connaître dans ma vie, tu as profité de ton pouvoir envers un homme dépendant et affaibli par la maladie et, malheureusement, cet homme, qui se trouve à être mon père, n’a jamais vraiment découvert à quel point tu as été horrible. Il était sous ton emprise, telle une femme battue, qui défend son mari et demeure auprès de lui parce « qu’elle l’aime ». Tu as tranquillement manipulé sa perception envers ses trois filles, telle une vipère cruelle sans âme, pour finalement l’éloigner sournoisement de nous. Tu as réussi à faire croire à mon père que ses trois filles, qu’il adorait et protégeait comme la plus précieuse des pierres, le manipulaient et lui mentaient; et pourtant, tout ce que nous voulions, c’était de passer du temps avec notre papa. Tu as inventé une histoire tordue pour lui faire croire que nous avions osé cracher sur toi, SA femme qui était pour lui la 7^e merveille du monde! Ce fut le coup de grâce, tu as obligé notre propre père, avec tes mensonges, à nous annoncer qu’il ne voulait plus de ses filles dans sa vie, et de façon permanente.

S’il y a un homme sur qui une fille, même devenue femme, sait qu’il l’aimera inconditionnellement, c’est évidemment son père. « Papa, sera toujours là pour toi, et il t’aimera jusqu’à la fin des jours et même plus ». Et bien toi, chère Cruella, tu as anéanti cette phrase que nous, et toutes les petites filles, entendions et chérissions depuis notre plus jeune âge. Tu as laissé vivre à trois petites filles dans la quarantaine, le cœur brisé, l’abandon le plus horrible qui soit, celui de perdre leur père!

Nous avons tenté, chacune à notre façon, de vivre le deuil d’un père vivant, mais non sans cicatrice. Comment faire confiance à un homme qui te laisse tomber, ne veut plus de toi, alors qu’il devait t’aimer toute la vie? Si mon propre père ne m’aime plus, il y a certainement des raisons? Cet homme qui est dans ma vie et qui dit m’aimer, il finira par partir lui aussi? Suis-je digne d’un amour, d’un amour véritable? Est-ce que je mérite d’être aimée? Évidemment, tous ces questionnements brisent la petite fille en nous. Même si l’on sait au fond de nous-mêmes, rationnellement, que nous sommes de bonnes personnes, équilibrées et sensées. Par contre, cette blessure qu’on tente de guérir, elle réapparaît soudainement, sans crier gare, pour nous faire douter de notre vraie valeur.

Environ quatre ans après avoir réussi ton coup de salaud, confirmant dans quelle mesure tu étais une femme ignoble, tu nous as annoncé sur Facebook que notre père était mort depuis six semaines, et que si nous ne l’avions pas su avant, c’était parce que c’était sa volonté! Imagine un peu notre peine, notre douleur… et tu nous annonces froidement que notre père est mort!? Nous avons mis deux heures à faire des appels, pour savoir si c’était un cauchemar ou si c’était vraiment la façon dont nous allions vivre l’annonce du décès de notre père…. Finalement, notre père n’était pas mort! Pourquoi avoir fait une chose aussi horrible? Bien, simplement parce que tu es comme ça, une femme inhumaine et cruelle.

Pendant toutes ces années, nous avons tenté à quelques reprises d’avoir des nouvelles de notre père par le biais du CLSC, sans succès. On nous disait qu’il refusait de donner des nouvelles à ses filles. Les numéros de téléphone ayant été changés, nous ignorions à quel endroit notre père habitait. Nous avons alors compris que les prochaines nouvelles que nous aurions de notre père seraient l’annonce de son décès, et certainement pas par toi. Il ne nous restait plus qu’à attendre, en regardant les avis de décès de temps en temps.

Source image: Unsplash

Grâce à ton égoïsme, nous avons finalement été contactés, presque que huit ans après la fracture que tu as provoquée, par une intervenante du CLSC pour apprendre que tu l’avais abandonné dans une résidence pour personnes âgées, avec trois pyjamas et sans jamais revenir lui rendre visite depuis trois mois. Sans vêtements chauds, il a dû se rendre à un rendez-vous à l’hôpital en sandales et en pyjama, en plein mois de novembre. Tu ne paies même pas ses frais d’hébergement et tu veux faire exécuter son mandat d’inaptitude pour pouvoir gérer son argent? Heureusement, tu n’es pas très intelligente, tu aurais dû attendre que le mandat d’inaptitude soit homologué avant de cesser de payer ses frais d’hébergement, ce qui aurait évité qu’une intervenante soit alertée par la directrice du centre d’hébergement et qu’elle entre en contact avec nous, ses trois filles, pour faire enquête. Nous avons ainsi été en mesure de savoir où notre père habitait et de le retrouver, enfin! Pourtant, tout ce que nous voulions, c’était de faire partie de la vie de notre père, mais toi, tu voulais le contrôle absolu. De toute évidence, ce n’était pas une question d’amour pour toi, sinon tu ne l’aurais jamais abandonné comme on abandonne un chien sur le bord de la route, et même ça, c’est monstrueux.

Malheureusement, il est maintenant atteint d’une maladie qui s’appelle le Syndrome de Korsakoff, une démence qui s’apparente à l’Alzheimer. Ce qui fait qu’il nous reste que des poussières de notre père. Il ne se souvient pas de nous, on lui explique que nous sommes ses filles, on lui dit nos noms, tranquillement il se rappelle. Évidemment ses souvenirs sont limités, mais des souvenirs refont surface, il devient émotif et les yeux remplis de larmes, il nous dit : « C’est vrai, c’est vrai? Vous êtes mes filles? » À ce moment-là, il pleure de joie et continue « ahhhh que je suis heureux de vous voir, ça fait tellement longtemps que je vous ai vues, je n’y crois pas, vous êtes là! Je vous aime tellement mes filles, je vous aime. ». Pendant quelques minutes, on essaie de lui rappeler des souvenirs de notre enfance, on lui rappelle qu’il a des petits-enfants. Puis, 15 minutes plus tard, on lui demande qui on est, il ne se souvient plus! On recommence, chaque fois, et c’est un bonheur de voir ses yeux s’illuminer lorsqu’il réalise que nous sommes ses filles. En même temps, cependant, il y a cette douleur qui me serre le cœur de savoir que dans quelques minutes il aura oublié qui nous sommes.

Ironiquement, pour ajouter à notre douleur, malgré cette maladie, il se souvient de toi, ignoble vipère que tu es. Et lorsqu’il parle de toi, tu es toujours la 7^e merveille du monde! Quel goût amer de l’entendre parler de toi comme étant bonne, douce, qui donnerait sa chemise pour aider n’importe qui. Il dit que tu lui rends visite souvent. Et qu’il t’aime tant. J’ai cette haine qui monte en moi, une haine que je n’ai jamais ressentie auparavant, mais je dois contenir ce sentiment et l’écouter te louanger.

Mais, merci pour la leçon! Tu ne sais pas à quel point tu nous as appris quel genre de mère, belle-mère et de grand-mère nous serons pour notre famille. Et, merci d’avoir abandonné notre père, grâce à ta stupidité, nous allons profiter des petites poussières qu’il nous reste de notre papa.

J’ai entendu cette phrase que dit : « Karma is a Bitch », et bien la vie se chargera de ce que tu mérites.