Je ne suis pas quelqu'un qui se confie beaucoup. Je pense que c'est parce que j'aime conserver une grande partie de mes réflexions et expériences pour moi seule. J'aime visualiser mon jardin secret avec les dimensions d'une forêt vierge brésilienne : chaque plante, chaque feuille est un souvenir, une potentielle source d'inspiration. Bonheur ! L'idée de se promener dans un tel environnement procure un vrai high à l'introvertie que je suis. Et imaginer quelqu'un d'autre que moi s'y promener me paraîtrait une erreur. Non… Je me garderai toujours une petite gêne afin de m'éviter ce genre de vision.

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Mais comme je suis humaine - et sensible de surcroît - j'accumule les émotions que j'ai éventuellement besoin d'exprimer en quelque façon.

Mon moyen préféré reste la tenue d'un journal.

J'en ai longtemps repoussé l'idée… Jusqu'à ce que j'abandonne le traditionnel cahier pour me mettre à mon aise sur l'ordinateur, et que je commence à faire l'inverse des conseils que l'on donne habituellement à ceux qui veulent se mettre au journaling. J'ai trouvé une façon qui fonctionne pour moi. Et je ne « journale » pas à moitié, que nenni Je fais de l'auto-analyse pour le fun les matins de fin de semaine : une heure d'entraînement, puis deux heures d'écriture après avoir bu mon petit shake protéiné…. « Il est où le bonheur, il est où ? », hein… ;-)

Le bonheur, il est dans mes mots depuis que j'ose les écrire.

Il est dans les vérités que je suis désormais capable de me formuler sans détour. J'ai découvert la joie de ne plus tourner autour du pot avec mes propres réflexions, la liberté d'aller droit au but. Ainsi, mon journal est rempli de passages assumés, crus et intenses, ce qui - je le pense sincèrement - lui donne un charme particulier. Je ne suis certainement pas de ces personnes qui pourraient publier leur journal. Si le mien connaît ses journées qui « élèvent l'âme », il connaît aussi ses journées « fond de poubelle ». Mais pourquoi en suis-je fière à ce point ? Précisément parce que mon journal n'est pas que beau… Il est vrai : il remplit parfaitement sa job de confident.

Mes débuts dans l'univers du journaling furent timides.

J'avais parfois certaines idées en tête, même certaines phrases toutes faites, que je me voyais pourtant incapable d'écrire mot à mot. Je partais de loin : j'étais carrément intimidée par mes propres pensées. « Et si on me lisait ? Et si… Et si… » Les excuses volaient dans tous les sens. Tout pour me décourager d'aller à ma propre rencontre. C'est spécial pour moi de penser que ce qui me semble aujourd'hui être un grand plaisir m'apparaissait autrefois comme un combat.

J'avais peur de cette personne qui émergeait entre mes mots.

Ce n'était pas ce dont on s'attendait de moi ; ce n'était pas l'image que je projette. C'était violent. J'ai appris à lui laisser la parole. Et ce faisant, j'en ai appris sur moi. J'étais en train de connecter avec quelque chose de puissant. J'aurais voulu me découvrir autrement, comme une petite créature fragile, ç'aurait été plus facile… Mais non. Et maintenant je ne suis plus capable de revenir en arrière : je dois agir en concordance avec les choses que j'ai comprises.

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J'aime les avant/après. Dans une autre vie j'ai dû être un phénix. Car j'ai de l'expérience ! Je me suis transformée plus souvent qu'à mon tour en cette existence… La tenue d'un journal m'aide à présent à comprendre pourquoi et comment je le fais.

« Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde. Mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. »

- Gandhi

Il y a autant de façon de tenir un journal qu'il y a de gens.

On peut écrire des pages le matin pour se vider l'esprit ; on peut tenir un journal de gratitude, quelque chose de doux que l'on voudra garder longtemps pour se souvenir des beaux moments ; on peut se procurer un journal qui contient quelques années sur la même page, afin de pouvoir les relire en lot et les comparer plus tard…

On peut même tenir un journal où l'on travaillera en force pour s'avouer les vraies affaires. On travaille bien ses muscles, après tout : pourquoi ne pas le faire pour le mental ? Si cette idée vous plaît, voici ce que votre journal aimerait vous dire…

« Pense à la phase que tu as le plus peur d'écrire et écris-la. Ensuite, rajoute-y quelques phrases pour mieux décrire ton idée. Fais-le sur 250 mots, puis fais-le sur 500 mots. Peut-être te rendras-tu à 1000 ? Peu importe ce que tu me donnes, je le prends.

Efface les mots trop doux, remplace-les par des mots plus justes. Efface les phrases trop molles, remplace-les par des phrases qui se tiennent. Réécris ce paragraphe comme ton cœur voudrait que tu le fasses : si tu sens que ce n'est pas assez honnête, réécris-le encore. Et encore. Jusqu'à ce qu'il soit bien tranchant ; jusqu'à ce que chaque mot soit vrai.

Effraie-toi un peu : là, tu touches quelque chose. Puis effraie-toi franchement : va jusqu'au bout de tes idées. Prends des pauses s'il le faut, mais termine ce que tu as en tête sans faire de compromis sur la véracité. Tu dois savoir que tu as osé un peu plus qu'hier ; tu dois sentir que s'effondrent toujours un peu plus les murs qui censuraient jadis tes élans dans ton esprit.

Car c'est pourquoi tu reviens vers moi jour après jour. Si tu n'as pas d'idées à me confier, visite-moi quand même… Je t'en trouverai bien une. Laisse ton égo de côté, tu n'en as pas besoin. Présente-toi à la page… Et moi, je te tiendrai la main… »

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