C’est quoi un viol? Dans mes cours d’éducation sexuelle au secondaire (long time ago), jamais il n’a été question de la notion de consentement et de toutes ses subtilités. C’est bien correct de savoir qu’il faut mettre un condom, mais la sexualité ne se résume pas à ça.
Un viol, ça se passe dans un stationnement sousterrain, dans une ruelle, en plein milieu de la nuit (pour reprendre les mots de Koriass). Un viol, c’est violent. C’est fait par un inconnu. Vraiment?
Une amie proche nous a raconté que lors d’un séjour à l’étranger, elle était sortie dans un bar avec un ami. Et puis, finalement ils se sont ramassés dans sa chambre. Histoire qu’on connaît tous. Sauf qu’elle ne voulait pas coucher avec, mais ils ont quand même couché ensemble. Ça m’a pris un bon 10 secondes avant de comprendre que c’était une agression sexuelle, un viol. Horrible, je sais. Mais ce n’était pas violent et ce n’était pas dans un parc au beau milieu de la nuit tsé. C’est ce que les films m’avaient appris. Elle a recroisé le gars par la suite et il n’a exprimé aucun remords… Pourtant, faire l’amour avoir du sexe avec une fille/gars qui n’en a pas envie et qui verse quelques larmes pendant l’acte ne fait pas partie de ma check list de trucs bien à faire. 7 victimes sur 10 ont été agressées sexuellement dans une résidence privée. Près de 8 victimes sur 10 connaissaient leur agresseur. On est loin du stationnement en pleine nuit.
Pourtant l’histoire de mon amie, c’est une autre agression non-dénoncée et qui ne le sera jamais. Pourquoi? Parce que dénoncer, c’est long, c’est dur à prouver, c’est compliqué et pour donner quel résultat? Ça ne règle pas la source du problème. L’éducation sexuelle et l’égalité Femmes-Hommes. Et puis, quand on voit la façon dont c’est banalisé, ça ne donne pas le goût de se rendre plus loin. On se dit juste qu’on sait que tous les gars ne sont pas comme ça ou on consulte par nos propres moyens des intervenants pour nous aider. Choquant? Parlez-en aux étudiants en communication de l’Université du Québec en Outaouais qui se sont donnés comme défi de prendre en photo un sein. Ce n’était qu’une blague? Et bien, il s’agit d’une forme d’harcèlement sexuel très répandue. Selon une récente étude de l’Université d’Ottawa, le 2/3 des étudiantes a déjà fait l’objet de blagues ou de commentaires sexuellement suggestifs.
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Mais comment bien interpréter un « oui »? C’est seulement depuis 1999 que la Cour suprême du Canada a décidé que le consentement à une activité sexuelle doit être volontaire et communiquée. Le « oui » n’existe donc pas depuis très longtemps! L’absence d’un NON, ne veut pas dire OUI. Ça ne reste pas clair pour les garçons? Eh bien avant d’avoir une relation sexuelle, assurez-vous que la fille ou le garçon soit consentant. La réponse est simple. Un beau OUI clair, évident et souriant!
Dire que « ce n’était pas clair » déresponsabilise l’agresseur et son geste et contribue à l’idée qu’une victime est « violable ».
Bref, ouvrons-nous les yeux et commençons dès maintenant à enseigner aux jeunes garçons à ne pas être des agresseurs.
Je suis trop axée sur les hommes? C’est parce que 97% des auteurs d’infractions sexuelles étaient de sexe masculin en 2013. Les victimes sont majoritairement des femmes et en faible proportion, tout homme s’identifiant comme non hétérosexuel.
Sources
- Université d’Ottawa. « Rapport du Groupe de travail sur le respect et l’égalité : mettre fin à la violence sexuelle à l’Université d’Ottawa », 2015.
- Ministère de la sécurité publique. « Infractions sexuelles au Québec », gouvernement du Québec (2015, 2016)
- Marie-Eve Surprenant. « Manuel de résistance féministe », 2015.