Le poids peut prendre beaucoup de place dans notre tête. Celui qui s’affiche sur la balance, celui qu’on aimerait atteindre, celui qu’on a déjà eu. Pour certaines personnes, il occupe tout l’espace et vire à l’obsession, tant et tellement que certaines spécialités médicales ont vu le jour pour les traiter. Certaines même s’empêchent de vivre pour garder un meilleur contrôle. Pourtant, on prône partout que c’est important de s’accepter comme on est, que le poids n’est qu’un chiffre, qu’on a tous une morphologie différente, qu’être en santé n’est pas une question de « poids santé », que le calcul de l’IMC est une formule simpliste à ne plus utiliser. Alors qu’au fond, notre corps c’est une titi de belle machine.
C’est NOTRE machine et si on l’écoutait un peu plus au lieu de croire tout ce qu’on lit, peut-être qu’on en prendrait mieux soin. Certains mythes ont encore la vie dure quant à « l’activité physique » et l’alimentation.
Avec les années, on comprend que bouger ne doit pas être une punition pour ce qu’on a mangé ni une stratégie pour atteindre un corps qu’on n’a jamais eu. Bouger, c’est un cadeau qu’on se fait. Une façon de lui dire merci. Merci de nous porter, même les jours où on se néglige. Merci de continuer à avancer, même quand la tête traîne de la patte.
L’alimentation, elle aussi, a longtemps été un champ de bataille. Compter. Restreindre. Regretter. Recommencer. Encore et encore. Et puis, un jour, on décide d’écouter notre corps. Pas les tendances, pas les « trends » miracles, pas les commentaires que Pierre-Jean-Jacques nous passent. Juste… nous. Notre niveau d’énergie, notre sommeil, notre humeur. Ce sont eux nos vrais indicateurs.
Ce n’est pas parfait. Nos vieux réflexes nous font la vie dure parfois. On se surprend à se juger dans le reflet d’une vitrine, à vouloir effacer ce ventre qui n’a jamais voulu se cacher. Et on se déteste un peu pour ça. Essayer de comprendre au lieu de corriger, ça change tout.
Notre société a longtemps valorisé un seul modèle de beauté. Une silhouette précise, une taille standard, un chiffre magique sur la balance. Mais on n’est pas toutes faites pour entrer dans le même moule. Et c’est bien parfait comme ça. On oublie trop souvent que notre corps porte notre histoire, il a traversé nos épreuves, il a encaissé nos excès, il a supporté nos chagrins. Il mérite plus qu’être sans cesse jugé.
Il mérite de la douceur. De la patience. De la fierté.
Aujourd’hui, essayons d’être bien dans notre corps, pas malgré lui, mais avec lui. Apprenons à l’habiter au lieu de chercher à le fuir. À le respecter au lieu de se priver. Et ça, ça ne vient pas d’une diète ou d’un mouvement miracle. Ça vient d’un dialogue sincère entre nous et nous-mêmes. D’un regard qui change, tranquillement.
Et si on arrêtait de croire que notre poids est une mesure de notre valeur? Et si, au lieu de vouloir moins de nous, on apprenait à vouloir mieux de nous?
Parce qu’au fond, on n’a qu’un seul corps. Une seule machine. Et il mérite qu’on l’aime pour vrai, pas juste quand il correspond à ce qu’on voit ailleurs.
Il faut qu’on se rappelle, les jours où la balance nous chuchote des mensonges, que notre vraie valeur n’a jamais été un chiffre. Elle est dans la façon dont on vit, dont on aime, dont on se relève. Et ça, aucun IMC ne pourra jamais le calculer.
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