Il y a de ces périodes dans nos vies qui nous chamboulent, nous bouleversent. Et c’est particulièrement à ces moments que l’appel de l’eau se fait pour moi. L’eau a cette qualité de nous amener au plus profond de nous-mêmes. Elle est méditative et nous incite à revenir à soi. C’est peut-être l’immensité de son étendue ou bien les rivages et les côtes qui brodent le fleuve sur des milliers de kilomètres. C’est peut-être la profondeur de ses eaux ou bien la couleur bleue, parfois turquoise du fleuve. Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que, quand je me retrouve devant le fleuve, je me sens à la fois si petite et si grande. Les vagues sont apaisantes. Le clapotis est rassurant. Les marées nous rappellent que, bien que le temps passe, la vie continue. L’eau à perte de vue nous rappelle que nous ne sommes qu’une partie de ce grand écosystème. 

« Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan, elle manquerait. » - Mère Teresa

Parfois, je me demande si je suis la seule à avoir cette relation avec la mer, le fleuve. Ayant des racines et de la famille en Gaspésie, il m’apparaît que le fleuve a toujours fait partie de moi. Comme s’il faisait partie intégrante de mon ADN. Et lorsque je le revois, ce cher fleuve St-Laurent, c’est immanquable, je suis prise de nostalgie. La vue du fleuve m’amène à faire un bilan des dernières semaines, des derniers mois, des dernières années. Il m’offre une thérapie gratuite d’un tout autre genre. Et lorsque les pensées font place à des réflexions, puis éventuellement à des décisions, je me sens en paix. Après toutes ces années, je me rends compte du pouvoir bénéfique qu’a l’eau. Elle a le don de m’amener à pardonner et à me pardonner, à m’écouter, à me permettre de vivre mes émotions. C’est fou comme tout devient relatif devant cette immense étendue d’eau. C’est fou comme tout prend son sens. 

Parfois, j’ai l’impression que le fleuve est comme un confident. On peut tout lui dire, il gardera tous nos secrets en lieu sûr. Il est aussi, en même temps, le reflet de notre réalité. Je crois que c’est précisément la complémentarité entre son effet miroir et sa profondeur quasi infinie qui permet à l’être humain de s’y sentir si éveillé à ses côtés. C’est un appel à retourner aux sources. Et bien que le fleuve revête une impression familière, il nous incite également à traverser de l’autre côté, à aller vers l’inconnu. Et ça, c’est bien à l’image de notre vie. Car comme l’a dit il y a longtemps déjà Christophe Colomb : « Tu ne traverseras jamais l’océan si tu as peur de perdre de vue le rivage. » Comme un bateau sur le fleuve, il faut tantôt s’ancrer, tantôt avancer. Comme un oiseau marin, il faut tantôt se déposer, tantôt s’envoler. 

Il y a de ces périodes dans nos vies où le fleuve nous appelle, tout simplement. Et si nous nous laissons bercer par celui-ci, cela fait le plus grand bien.

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