Traumavertissement: trouble alimentaire. Des ressources sont disponibles à la fin de l’article.

As-tu déjà dit de quelqu'un qu'il était « anorexique »? Quand tu vois une femme maigre sur les réseaux sociaux ou à la télévision, te dis-tu qu'elle est « anorexique »? Il y a un an, je le disais aussi. Partout et tout le temps, je ne vous mentirai pas. À l'époque, je pensais qu'anorexie rimait avec « se faire vomir », « ne plus manger », « la peau sur les os » ou, le pire de tous, « être stupide ». Trop souvent, j'ai jugé sans connaître et sans même m'informer. J'assumais automatiquement que cette fille belle et mince était malade. De quel droit? De la jalousie, peut-être? Honnêtement, je n'en sais rien. Ce dont je suis sûre, par contre, c'est que l'anorexie est bien plus que ces préjugés non-fondés.

L'anorexie, c'est de se regarder dans le miroir et de ne pas se reconnaître. C'est de s'imaginer des kilos qu’on n’a pas, ou de ne savoir différencier une saine alimentation d'une sous-alimentation. C'est de mettre de côté des aliments inoffensifs en raison de leurs calories. C'est de se démener à courir, à s'entraîner, à ne jamais s'arrêter dans l'espoir que ces bourrelets imaginaires dégoulinent sur ta silhouette imaginaire reflétée par le miroir. Ce miroir trompeur, ce miroir répugnant.

miroir femme tristeSource image: Unsplash

Envie de vomir. Peur. Douleur.

Tes parents, les médecins, tout le monde te forcent à manger : un bol, deux bols, trois bols de céréales. Tu n'en peux plus. Tu vas t'étendre sur ton lit. Tu n'as plus d'énergie. Bientôt, tu es même incapable de te lever. À bout de force, tu reposes tes bras sur tes hanches anguleuses. Tu n'oses plus te mettre en maillot de bain; tu sens que tes amies pourraient comparer ta colonne vertébrale aux Appalaches : proéminente, bossue et énorme. Tu perds tes cheveux, tu maigris encore et encore, tu n'as plus de menstruations. Ton corps se lamente tout en se détériorant. L'idée de manger te laisse un goût amer dans la bouche. « Mange », te disent-ils.

Mange, mange, mange! Tu n 'en peux plus…

Trou noir.

Tu te réveilles à l'hôpital, tes parents à tes côtés. Un médecin te fait signe; tu l'as échappé belle. C'est ta petite sœur qui t'a trouvée, inerte. Elle t'a réanimée. Quarante secondes plus tard, elle n'aurait rien pu faire. Tu serais morte.

Ouf! Six mois dans un centre spécialisé en santé mentale à avaler des pilules bleues et à pisser quand on te dit de le faire. Un kilo par semaine, un pas à la fois. Un. Deux. Un. Deux. La pesée. Quatre-vingt-cinq livres. Âge: dix-sept ans. Une semaine de plus. Un kilo de plus. Deux mois de plus. La pesée. Cent-quinze livres. Sourire. Félicitations. Tu es sur tes pieds, tu peux courir de nouveau. Court, court, court. C'est bon. Le vent dans tes cheveux repoussés. Jamais tu n'as été aussi heureuse d'acheter des tampons. Libre. En santé.

EN SANTÉ.

femme libre heureuse ventSource image: Unsplash

Si vous vous trouvez dans une situation semblable, ou avez un proche qui semble avoir besoin d’aide, n’hésitez surtout pas à aller chercher du soutien. Voici une liste de ressources qui sauront vous épauler.

Ressources

  • Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266
  • Pour tous, il est possible de communiquer avec Tel-écoute par téléphone au 514-493-4484 (Grand Montréal), ou auprès de Tel-Aide par téléphone au 418-686-2433  ou, sans frais, au 1-877-700-2433 (Capitale-Nationale, Bas Saint-Laurent, Gaspésie, Île de la Madeleine). Pour connaître le centre d’écoute de votre région, consultez l’Association des Centres d’Écoute Téléphonique du Québec.
  • Pour tous, il est possible de communiquer avec Anorexie et boulimie Québec (ANEB) au 1-800- 630- 0907 ou au 514- 630-0907
  • Pour les personnes âgées de 14 ans et plus, il est possible de communiquer avec la Maison l'Éclaircie au 418-650-1076 ou au 1-866-900-1076 si vous appelez de l’extérieur de Québec.
  • Pour les parents, il est possible de contacter la LigneParents au 1 800 361-5085.
  • Si tu as des idées suicidaires ou que tu es en crise, n’hésite pas à demander de l’aide ou à contacter le service d'urgence 911.
Source image de couverture: Unsplash
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