J’ai travaillé presque six ans comme préposée aux bénéficiaires auprès d’une clientèle avec l’Alzheimer et des troubles cognitifs. J’ai vu et entendu beaucoup de choses provenant de mes résidents, des choses qui m’ont énormément surprise, d’autres qui m’ont fait rire ou pleurer. J’ai pu connaître des gens à différents stades de la maladie, des troubles légers aux plus avancés.
Avant de travailler dans le domaine de la santé, je n’avais jamais vraiment entendu parler de la maladie d’Alzheimer, parce que je n’avais aucun proche dans ma famille qui en souffrait. J’ai, bien évidemment, étudié cette maladie quand j’ai fait mon cours, mais c’est lorsque j’ai commencé à travailler que j’ai vraiment vu ce que la maladie pouvait faire aux autres : de l’agressivité, des sautes d’humeur, de la confusion…
La réaction des familles
Ce ne sont pas toutes les familles qui sont réceptives à la maladie d’Alzheimer. Certaines ne semblent pas la comprendre, d’autres la comprennent et sont dans le déni. Une chose est certaine : elle affecte tout le monde. Combien de fois j’ai vu les regards tristes des familles lorsque mes résidents ne semblaient pas reconnaître leurs enfants, leurs frères, leurs sœurs ! On dirait que, lorsque ça arrive, les familles viennent de moins en moins souvent. Ils doivent se dire : il/elle ne nous reconnaît pas, ça ne sert à rien de venir lui rendre visite. Pourtant, ça ne devrait pas se passer comme ça.
Un besoin énorme de réconfort
Oui, je conçois que c’est difficile lorsqu’un membre de notre famille ne nous reconnaît pas, mais ça ne veut pas dire que ce sera le cas à chaque visite. Peut-être que la personne ne te reconnaîtra pas sur le coup, mais elle sait que tu es une présence familière et rassurante pour elle. J’ai déjà assisté à des moments de lucidité d’une personne qui était à un stade plutôt avancé de l’Alzheimer, et c’était assez impressionnant. Malheureusement, c’était de courte durée, mais je suis contente d’en avoir été témoin.
La maladie affecte leur compréhension, et c’est ce qui peut mener à des malentendus, voire de l’agressivité envers le personnel soignant. Il est important d’avoir une approche douce envers eux, que ce soit dans nos gestes ou avec notre timbre de voix. On ne peut pas tout leur expliquer, il faut seulement leur faire comprendre que nous sommes là pour prendre soin d’eux. En plus d’avoir fait le cours de préposé aux bénéficiaires, j’ai également eu une petite formation plus axée sur l’approche envers les personnes affectées de troubles cognitifs et de l’Alzheimer, ce qui a beaucoup aidé.
Malgré les journées chargées en émotions, ce que j’ai réalisé c’est que ces personnes ont besoin d’être entourées, de réconfort, d’affection. Elles ne veulent que de l’amour, et nous, en tant que soignants, voulons leur apporter toute l’aide dont elles ont besoin. Les résidents sont reconnaissants à 100% pour tout ce qu’on fait pour eux, qu’ils soient capables de nous le verbaliser ou non. Un sourire ou un petit “merci” de leur part est largement suffisant et fait notre journée.
Image de couverture de Ryan Yeaman