Les publicités sponsorisées sur les réseaux sociaux me laissent généralement indifférentes. C’est une stratégie marketing qui répond à la tendance de son époque et qui fonctionne. C’est donnant-donnant pour les principaux intéressés. Cette semaine, je suis tombée sur une publicité de produits d’hygiène féminine mettant de l’avant un discours de Mariana Bastarache qui semble certainement embarrassée d’être une femme menstruée. Quel drame! Je suis restée attentive à la publicité parce que je cherche des alternatives écologiques aux méthodes traditionnelles de protection contre les écoulements menstruels, mais cette tentative d’influence ne m’a pas certainement pas gagnée. Pour être bien franche, je suis sidérée de voir qu’on s’adresse encore aux femmes en leur faisant croire que d’avoir ses règles, c’est humiliant.
Voici ce qui cloche avec la publication en question :
D’abord, on peut voir la Belle au bois dormant (lire Marina Bastarache et sa mise en plis) qui se réveille et s’apprête à nous dire qu’il est extrêmement désagréable de se retrouver dans des sous-vêtements ou des draps tachés de pertes menstruelles, alors que celle-ci ne semble pas dérangée par l’idée de marquer ses draps blanc immaculé par le maquillage de soirée qu’elle porte en se réveillant. Premièrement, on encourage les jeunes femmes à se comparer à un modèle féminin qui devrait se réveiller dans un monde de bonbons et d’arc-en-ciel avec l’air prêt pour une séance photo de Vogue. Je commence à être sérieusement fatiguée de voir des discordances aussi importantes avec la réalité féminine dans les publicités. Si la commandite veut servir d’idéal féminin, alors sachez que personne ne ressemble à ça le matin, et que pour votre confort et la santé de votre peau, il est fortement déconseillé de dormir avec autant de maquillage. Ensuite, quand va-t-on arrêter de considérer les règles comme la pire façon d'être souillée? La publicité acquitte littéralement l’impact matériel des produits cosmétiques, mais condamne un phénomène corporel naturel. Bonjour 1960!
Cela étant dit, ce qui est d’autant plus dommage à mon avis, c’est qu’on profite d’une plateforme d’influence et on y véhicule le message voulant que les règles doivent encore être tabou en 2019. Si Harry Potter arrive à dire Voldemort sans trop de difficulté, Marina Bastarache (ou son personnage) a peine à nommer les menstruations et préfère périphraser les règles en disant : « Ouai, vous savez de quoi je parle… ». Tout ce que j’entends, c’est : « Rappelez-vous, il est malsain de prononcer le mot menstruation publiquement ». On ne devrait jamais avoir honte de nommer les règles ni de parler de menstruations. Malheureusement, la formulation malhabile empruntée par cette publicité encourage les femmes et les hommes à se sentir inconfortables de parler ouvertement de ce phénomène naturel et qu’il est préférable d’appréhender le sujet comme « ce mot qu’on ne peut prononcer. »
Finalement, vient l’argument de vente, le fait indéniable qui devrait nous obliger à nous ruer vers les pharmacies pour acheter leur nouveau produit : les serviettes hygiéniques traditionnelles ne nous permettraient pas d’être assez « cute ». Au diable le confort, l’écologie ou la durée d’action, ce que vous devriez vouloir mesdames, c’est de belles culottes propres et une forme de protection qui vous rendra plus mignonne. Voilà sur quoi la publicité met l’accent.
Je ne juge pas la qualité des produits de la marque, ni même le partenariat de Marina Bastarache avec celle-ci, mais je ne pouvais passer sous silence le fait qu’il est déplorable d’avoir un discours dirigé vers les jeunes femmes aussi stigmatisant au sujet des menstruations encore aujourd’hui.