J’ai envie de vous parler des adolescents, les grands oubliés de la pandémie, qu’ils disent. J’ai envie de parler pour les adolescents aux parents, ou pour les adolescents aux autres adolescents, bref.
C’est possible, voire permis, de rencontrer ses amis tout en respectant les consignes : en portant le masque ou en tenant compte des distanciations à l'extérieur. Lorsque je vais au parc avec mes amis pour qu'on s'y lance le ballon ou le frisbee, je n'ai pas envie de prendre des risques inutiles d'attraper et de propager la Covid-19. Je ne vois pas d'intérêt à ne pas suivre les consignes et approcher ceux qui m'entourent lorsque c'est possible de les voir en faisant attention. Je n'ai pas envie de m'exposer au virus, de l'attraper, de le propager et de risquer de contaminer certaines personnes à risque. De faire une quarantaine de deux semaines simplement pour avoir approché un ami le temps de quelques minutes ou quelques heures ne m'intéresse pas. Lorsqu'on pèse les pour et contre, ce serait complètement bête de prendre ce risque l'instant d'une journée.
Au cours des dernières semaines surtout, je me sens incomprise. J'ai l'impression d'être de retour à quinze ans, alors que je sortais subtilement par ma fenêtre pour retourner faire le party avec mes amis dépassé mon heure de sortie. D'être de nouveau la jeune adolescente qui omettait de fournir certaines informations à ses parents afin de leur en passer des petites vites.
Je ressens le besoin de voir mes amis, de sortir de chez moi et de profiter du dehors. Faire différent du décor de ma chambre, dans laquelle j’ai passé tout mon hiver enfermé entre quatre murs à assister à mes cours en Zoom.
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Je sens qu'il y a de plus en plus d’épuisement autour de moi. Tant chez mes amis, que chez mes sœurs et mes parents. J’ai l’impression qu’on a perdu le seul point commun que l'on avait ; se soutenir les uns et les autres. On arrive tous à un certain niveau d'écœurantite et plutôt que d'être présent pour ses proches, j'ai plutôt l'impression qu'on arrive à un moment où l'on tente d'attribuer la faute au suivant.
Pour certains, la pandémie n’aura pas, voire très peu, affecté leur mode de vie, alors que pour d’autres, de ne pas se sentir entourés est l’une des pires choses qui aurait pu leur arriver. Je comprends que certaines personnes le vivent mieux que d'autres ; nous sommes tous dans le même bateau, mais j'ai besoin d'être proche de mes amis, surtout ces derniers temps.
J'aimerais qu'en tant que parent, vous preniez le temps de vous assoir avec vos enfants. Que vous leur demandiez comment ils se sentent vis-à-vis des évènements, à savoir s'ils commencent eux aussi à ressentir de l'épuisement. Que vous en arriviez à un terrain d'entente commun plutôt que de ne pas permettre à vos jeunes de voir certains amis par peur qu'ils s'exposent inutilement au virus.
J’ai l’impression que les parents ont perdu confiance en leurs enfants. Que les enfants en veulent à leurs parents. Que l’un l’autre ne prend pas le temps de bien se comprendre. Que la pandémie nous déshumanise.
Durant les premiers mois d'isolement, on était présent pour nos proches ; on s'appelait, on s'écrivait, on planifiait des Zooms ou des Houseparty et on se soutenait en tant que communauté. Dernièrement, on se distancie davantage les uns des autres. Pas seulement physiquement.
Plutôt que de se serrer les coudes, de tenter de comprendre les sentiments d’autrui et de se faire confiance, on se tourne les uns contre les autres. On tente d'attribuer la faute au suivant, on cherche à identifier un coupable à notre malheur commun. On laisse la pandémie prendre le dessus ; elle nous déshumanise.