J’ai toujours eu de la difficulté avec les fins, les au revoir. Pourtant, je ne me considère aucunement comme une nostalgique. Paradoxal, non?

Toute l’année scolaire, j’ai travaillé comme « TES », « personnel de soutien » ou « intervenante plancher », c’est selon. Le plus important à mentionner, sans égard au titre, c’est que j’ai œuvré auprès d’adolescents en difficulté dans une école secondaire spécialisée. Une école où l’on accueille des jeunes qui sont poqués, qui en ont arraché et ce, depuis qu’ils sont tout petits. On essaie, à bout de bras, de réparer un peu de ce qui est brisé. À grand coup de « lâche pas, je suis juste à côté de toi », de tape sur l’épaule, de sourire, de regard complice, de patience, des tonnes de patience, d’écoute, de fou rire, bref, à grand coup d’humanité. Et de foi. Foi que chacun d’entre eux avance, chemine à son rythme selon ses capacités. Il n’y a pas de mauvais chemin, juste des parcours différents. C’est donc ce que je me suis appliquée à faire toute l’année : leur transmettre la foi que j’avais en eux.

couloir d'école vide Source image: Unsplash

Mais avant tout cela, il a bien fallu que je gagne leur confiance. Parce que des ados, ça n’accueille pas à bras grands ouverts ! Surtout quand on débarque en plein milieu de l’année. Parce que c’est là que le budget se débloque. Parce que c’est là qu’on se rend bien compte qu’on n’y arrivera pas sans aide supplémentaire. Que tout le monde est déjà au bout du rouleau… au mois d’octobre et qu’après maintes demandes, la commission scolaire accepte finalement que ces jeunes reçoivent le soutien et les services auxquels ils ont droit.

Un jour à la fois, tranquillement, ils ont compris qu’ils pouvaient me faire confiance.

Que c’était pour eux que j’étais là.

L’année se termine. Je dois vider mon bureau, remettre mes clés. Leur dire que je ne serai pas là l’an prochain, mais qu’ils seront entre bonnes mains. Que non, ce n’est pas par choix, que oui je voudrais les accompagner jusqu’au bout de leur parcours, mais que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Que c’est compliqué, qu’on doit suivre l’ancienneté et différentes règles administratives. Que non, je ne les abandonne pas et que oui, je suis d’accord pour recevoir de leurs nouvelles de temps en temps (vivement l’ère de la technologie!)

salle sombre et videSource image: Unsplash

Aujourd’hui, ce que je souhaite, c’est qu’ils se retrouvent à la prochaine rentrée, comme je leur ai promis, entre bonnes mains.

Et moi? Je serai où à la prochaine rentrée? À recommencer à bâtir un lien de confiance avec d’autres jeunes, dans un autre milieu, un jour à la fois. Pour leur dire au mois de mai que non, je ne serai pas là l’an prochain, mais que oui, ils seront entre bonnes mains.

Et je vais me retrouver à cette même date, à pleurer de ne pas pouvoir les amener au bout de leur parcours. Et recommencer…encore.

Source image couverture: Unsplash
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