La sens-tu, la timide caresse du soleil ? Elle est discrète, sur le peu de surface de peau à découvert, que permet la température. Mais elle est bien là. Ce matin, j’ai même été légèrement aveuglée par ce soleil, tellement il brillait haut et fort dans le ciel. Je me suis sentie comme une plante en pleine photosynthèse. Ça m’a fait du bien.

As-tu remarqué aussi que la lumière prend plus son temps ?

C'est comme si elle prenait goût à être au-dessus de nos têtes un peu plus longtemps chaque jour. La nuit n’est plus si pressée de tomber rapidement en plein après-midi. On voit plus clair, plus longtemps. Ça aussi, ça fait du bien.

L'autre jour, j'ai vu des oiseaux discuter.

Ils se répondaient de part et d’autre de mon appartement. Leurs petites voix cristallines étaient toutes pimpantes, et, sans trop les comprendre, je suis certaine qu'ils annonçaient l'arrivée imminente des jours plus chauds. Ou quelque chose comme ça.

J’ai commencé aussi à voir les glaçons et la neige qui fondent, tout doucement, et qui créent une petite pluie sur le rebord des fenêtres et des balcons. Le genre de petite pluie qui est belle à regarder, lorsqu’il fait soleil.

Je te jure, le printemps s'en vient.

Doucement, si doucement, mais sûrement. Bientôt, on va pouvoir troquer notre gros attirail hivernal pour juste une « p’tite laine ». On va pouvoir arrêter de renifler aux minutes, et plutôt prendre de grandes bouffées d’air frais, empli des effluves printaniers. C’est les érables qui vont se mettre à couler, plutôt que notre nez !

Je sais, moi aussi, j'ai froid.

Dans les dernières semaines, j'ai même eu frette. J'me suis brûlé la peau à grand coup de douches brûlantes et de boissons chaudes, dans le but de réchauffer mon dedans tout glacé. Il y avait des tourbillons de neige, des grosses rafales de vent, autant dehors que dans ma tête. Il y en a encore parfois. J’me suis enfoncée solidement dans la neige, en marchant pour aller à l’école, comme je m’enfonce souvent dans mes pensées pas trop le fun à ce temps-ci de l’année.

L’hiver a beau revenir nous visiter chaque année, je le trouve toujours difficile, chaque fois.

Mais quand je pense à ce qui s’en vient, ça m’irradie par en dedans. J’ai encore les pieds froids quand j’me promène dehors, mais on dirait que je le supporte mieux, maintenant. Ça a un goût de promesse, d’espoir, de renouveau, comme une bonne bouchée de tire d’érable.

Non, l’hiver n’est pas fini. Mais j’te jure, le printemps s’en vient.

Ça va aller mieux bientôt.
Image de couverture de Masaaki Komori
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